Beauregard : aux origines d’une composition architecturale

Construite à la fin des années 1950, la cité Beauregard était essentiellement destinée à accueillir les ouvriers des usines Simca de Poissy. A l’approche d’une nouvelle phase de rénovation, comment considérer l’architecture de ce quartier ?

« Nous allons essayer de comprendre quelles étaient les grands principes de cette composition », présente Gauthier Bolle, historien de l’architecture, en préambule de la visite du quartier Beauregard, organisée la semaine dernière par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnent des Yvelines (CAUE 78). Cette cité, appelée également « Simca ville » lorsqu’elle sortit de terre, fut conçue par l’architecte alsacien, élève des Beaux-arts et lauréat d’un Grand prix de Rome en 1933, Charles-Gustave Stoskopf.

Commanditée par la Société centrale immobilière de la caisse des dépôts (SCIC), l’ambition était alors de créer un ensemble de logements fonctionnels pour les ouvriers des usines automobiles, et leurs familles. La conception architecturale s’organise à travers des repères visuels, les tours, et des « unités de voisinages », afin de faciliter les déplacements.

« La ménagère doit marcher le moins possible pour aller jusqu’au commerce, qui doit être au pied de son immeuble », explique Gauthier Bolle, auteur d’une thèse sur l’architecte du quartier Beauregard. D’obédience protestante et proche des prêtres ouvriers, Charles-Gustave Stoskopf a aussi pensé l’architecture de l’église catholique du quartier, labellisée récemment Patrimoine du XXème siècle.

L’église Saint louis de Beauregard a également été conçue par l’architecte du quartier.
L’église Saint louis de Beauregard a également été conçue par l’architecte du quartier.

Cette enceinte moderne en béton et en métal accueille aujourd’hui majoritairement des fidèles du quartier, originaires de Côte d’Ivoire, du Congo ou de Guinée. « Sans ces populations d’Afrique noire, l’église serait morte », témoigne Marie-Thérèse, paroissienne à Beauregard depuis plus de 25 ans.

Une barre d’immeubles et le centre commercial de la place Racine feront prochainement l’objet d’une rénovation, par le bailleur Vilogia. Avant que ne débute ce processus, la directrice du CAUE 78 a souhaité organiser cette visite, avec les architectes du bailleur, afin de prendre en compte le concept du quartier et « avant que l’on massacre l’architecture de Stoskopf. »

Pour Jean-Luc Boudon, directeur du service urbanisme de la ville de Poissy, le quartier Beauregard reste un quartier relativement tranquille, à la concentration urbaine peu prononcée. La ville semble plutôt favorable à une rénovation en douceur, mais « des études seront peut-être menées par l’Epamsa (Etablissement public d’aménagement du Mantois Seine aval, Ndlr). »

La Coudraie récompensée, 20 ans après la Noé

Le film de Jacques Audiard sera en salles le 26 août.
Le film de Jacques Audiard sera en salles le 26 août.

Alors qu’il fera prochainement l’objet de démolitions de plusieurs de ses bâtiments, le quartier de la Coudraie a été récompensé, indirectement, du prix ultime lors du dernier Festival de Cannes. La Palme d’or a en effet été attribuée au film Dheepan, réalisé par Jacques Audiard et tourné en grande partie dans cette cité de Poissy.

Il y a 20 ans, un autre quartier de la vallée de Seine était lui aussi à l’honneur du plus grand festival de cinéma. Le film La haine, réalisé par Mathieu Kassovitz et récompensée du prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1995, avait pour toile de fond la cité de la Noé à Chanteloup-les-Vignes.