Mosquée : le tribunal bloque les manoeuvres du maire FN

La préfecture s'oppose, devant la justice, à la volonté de la majorité FN de préempter un local juste vendu, destiné à devenir une salle de prière. Le tribunal administratif a suspendu la préemption.

Tous les protagonistes de l’affaire s’étaient retrouvés jeudi devant le tribunal administratif de Versailles. D’un côté, le préfet des Yvelines soutenu par l’Association mosquée Mantes sud (AMMS), de l’autre, le maire FN mantevillois élu en 2014 sur une promesse : le projet de mosquée ne se ferait pas avec lui aux commandes.

Vendredi 21 août, la décision est tombée. Le tribunal administratif accède à la requète du préfet. Il suspend la démarche de préemption engagée le 29 juin, suite à la vente du local de l’ancien hôtel des impôts par la Communauté d’agglomération de Mantes en Yvelines (Camy) à l’AMMS (encadré).

Cyril Nauth avait en effet indiqué souhaiter préempter le bâtiment dès le vote à la Camy. Quelque temps après, il propose alors que l’espace devienne un commissariat de police municipale, et accueille les archives communales en sous-sol. Le financement de cet investissement est voté le même jour que la préemption.

« Considérant qu’en l’état de l’instruction, le moyen tiré du détournement de pouvoir est de nature à créer un doute sérieux sur la légalité de la délibération […] La délibération du conseil municipal de Mantes-la-Ville en date du 29 juin 2015 est suspendue », expliquent les juges, peu convaincus par ce projet tardif. Un second jugement doit intervenir prochainement, la préfecture ayant également engagé une procédure pour annuler définitivement la démarche de préemption.

« Ces décisions de justices successives nous confirment dans notre bon droit à acquérir le local de l’ancienne trésorerie », se satisfait dans un communiqué l’AMMS. « La décision du tribunal est justifiée : il n’y a pas de projet sérieux car c’est quelque chose qu’il a sorti au dernier moment, analyse Eric Visintainer (LR), conseiller municipal d’opposition. Ca aurait été prévu dans le budget en début d’année, ça aurait été discutable, mais là…. »

« Il est en difficulté politique, et, à partir de maintenant, il ne pourra plus détourner l’attention comme il l’a fait jusqu’à présent, car il perd sa marotte », se félicite de son côté Saïd Benmouffok (PS), conseiller municipal d’opposition. Contactée, la préfecture des Yvelines ne souhaite pas commenter la décision du tribunal. Le maire Cyril Nauth n’a pu être joint par La Gazette dans les délais impartis à la publication de cet article.

 

UNE AFFAIRE INTERMINABLE

Depuis bientôt deux ans, le dossier empoisonne la vie de la commune. A l’origine, une promesse de vente en 2013 entre la majorité PS de l’époque et l’AMMS, malgré l’existence d’une autre association, plus ancienne, portant un projet similaire.

Alors que certains membres de l’AMMS s’engagent aux côtés du PS dans la campagne électorale, Cyril Nauth, candidat FN, propose essentiellement de s’opposer par tous les moyens à ce projet. Les divisions à droite comme à gauche aidant, il se trouve élu et bloque la vente.

En 2015, le préfet s’inquiète, dans un courrier, du manque de dignité dans lequel les fidèles musulmans prient actuellement, dans une salle municipale du boulevard Salengro, et sous le coup d’un arrêté d’expulsion. La Communauté d’agglomération de Mantes en Yvelines, propriétaire du bâtiment des impôts de 500 m², vote finalement la vente au printemps 2015, malgré l’opposition de la majorité mantevilloise.