RER E : un chantier de sept ans

Alors que certains travaux préparatoires du projet Eole ont déjà commencé, les responsables de cette extension vers l’Ouest du RER E sont venus la présenter aux usagers mantais, qui espèrent surtout l’amélioration de leurs conditions de transport.

Lancée il y a plus de deux décennies, l’extension à l’Ouest du RER E est aujourd’hui à la veille de ses premiers chantiers, dont certains travaux préparatoires ont été réalisés cet été. La semaine dernière, les responsables de la SNCF sont venus expliquer les bénéfices à attendre du projet Eole, mis en service en 2022, ainsi que les modalités des sept années à venir.

« Nous ferons tout pour limiter au maximum les nuisances », ont assuré les responsables de la SNCF.
« Nous ferons tout pour limiter au maximum les nuisances », ont assuré les responsables de la SNCF.

Elus, responsables associatifs et simples usagers, ils étaient près d’une centaine ce soir-là à Mantes-la-Jolie, venus pour savoir ce que changerait le RER E. « Nous sommes impatients que ça arrive rapidement, depuis le temps que nous l’attendons », a noté le maire de Mantes-la-Jolie, Michel Vialay (LR).

« Il y aura une augmentation très forte de la desserte, de trois à six trains par heure en heures de pointe », annonce le directeur du projet Eole, Xavier Gruz. Il explique ensuite pourquoi le futur RER E comprendra en réalité deux lignes interconnectées dans leurs extrémités parisiennes : « Nous avons choisi un recouvrement pour éviter la transmission des problèmes d’un bout à l’autre ».

Plan des arrêts du RER E en 2022. Il ne sera pas possible de parcourir toute la ligne sans changer au centre : « Nous avons choisi un recouvrement pour éviter la transmission des problèmes d’un bout à l’autre », a justifié le directeur du projet.
Plan des arrêts du RER E en 2022. Il ne sera pas possible de parcourir toute la ligne sans changer au centre : « Nous avons choisi un recouvrement pour éviter la transmission des problèmes d’un bout à l’autre », a justifié le directeur du projet.

Au rang des désagréments nécessaires comptent les multiples chantiers ouverts jusqu’en 2022. De Poissy à Mantes-la-Jolie, toutes les gares accueillant les rames du futur RER seront en effet adaptées et réaménagées, parfois lourdement, et tous les quais doivent être modifiés. Souvent, comme à Epône ou Aubergenville, les alentours connaîtront également d’importants remaniements urbains.

Les travaux les plus importants concerneront la gare SNCF de Mantes-la-Jolie. Comme nous l’indiquions dans un précédent dossier, son aménagement comprendra la destruction du bâtiment central, l’extension du bâtiment voyageurs, la construction d’une nouvelle passerelle ainsi que d’un centre d’entretien et de lavage des rames. La gare routière sera elle aussi modifiée.

Les usagers ont surtout manifesté leur espoir que les conditions de transport s’améliorent.
Les usagers ont surtout manifesté leur espoir que les conditions de transport s’améliorent.

« Un chantier important en ville n’est pas une ville en chantier, c’est un engagement fort que nous prenons ce soir, a voulu rassurer le directeur du projet. Nous ferons tout pour limiter au maximum les nuisances ». Les présents ce soir-là, eux, ont surtout manifesté leur espoir que les conditions de transport s’améliorent, alors que l’actuelle ligne J concentre les reproches à ce niveau (voir notre encadré).

EOLE EN CHIFFRES

Une fois terminée, la ligne E du RER sera la plus connectée d’Île-de-France. Elle croisera en effet les quatre autres lignes de RER, ainsi que 10 des 15 lignes du métro. Six trains par heure dont deux semi-directs circuleront en heures de pointe entre Mantes-la-Jolie et la gare Saint-Lazare, et quatre en heures creuses, contre respectivement trois et deux aujourd’hui, avec la ligne J (remplacée par le RER E, Ndlr).

Si le projet ne prend pas de retard, les rames devraient circuler en 2020 entre la gare Saint-Lazare (Paris) et Nanterre. Les premiers passagers mantais pourront emprunter les trains du projet Eole à partir de 2022, année de l’ouverture complète. Le gain de temps attendu est nul ou presque, sauf pour La Défense, avec 12 minutes de trajet en moins.

Les responsables du projet pointent la création de 30 000 emplois directs, 30 000 emplois indirects et 20 000 emplois induits sur toute la durée des travaux, de la conception à la réalisation. Plus concrètement, jusqu’à 6 500 personnes travailleront sur les chantiers d’Eole lors de l’année la plus chargée. Les personnes en situation d’insertion bénéficieront de 7 % des heures travaillées.

Le financement global du projet Eole est de 3,3 milliards d’euros. Un peu plus d’un milliard d’euros sera consacré aux travaux sur les 47 km de voies situées entre Nanterre et Mantes-la-Jolie. Le chantier est payé par l’Etat, la Société du grand Paris, le conseil régional d’Île-de-France, les conseils départementaux des Yvelines et des Hauts-de-Seine, la SNCF, RFF et le STIF.

Ligne J : le plus dur est devant

La branche Paris-Mantes via Poissy de la ligne J du Transilien doit être remplacée par le RER E en 2022. Aujourd’hui, la ligne J transporte 260 000 voyageurs quotidiens de la gare Saint-Lazare (Paris) à Mantes-la-Jolie via Poissy ou Conflans-Sainte-Honorine, ainsi que vers Gisors (Eure) et Ermont (Val d’Oise).

Déjà passablement remontés, les usagers vont devoir prendre leur mal en patience les prochaines années. Les travaux massifs du projet Eole, entamés l’an prochain, auront en effet un impact non négligeable sur la circulation des trains vers et au départ de Mantes-la-Jolie.

Les premiers et derniers de la journée pourront ainsi être remplacés par des bus lors des chantiers de nuit. Les horaires de tous les trains de la ligne pourront être modifiés, et quelques rares week-ends seront concernés par des interruptions de circulation. Les arrêts seront également supprimés à Clairières de Verneuil et Villennes-sur-Seine entre le 14 juillet et le 15 août 2016.

Il n’est pas dit que les voyageurs de cette ligne régulièrement touchée par des retards, annulations et incidents variés, attendent avec patience le RER E. Certains, souvent membres d’associations d’usagers, choisissent ainsi de ne plus présenter leurs abonnements aux contrôleurs. Ils sont aussi nombreux à inonder de leurs messages de colère le blog tenu par les responsables de la ligne.

Les habitants de la vallée de Seine ne sont pas les seuls à protester régulièrement contre les dysfonctionnements. En septembre, les maires d’Herblay et de Cormeilles-en-Parisis (Val d’Oise) ont ainsi dénoncé les « retards et suppressions de trains qui rythment le difficile trajet de milliers de travailleurs de la ligne J », dans un communiqué demandant la mise en place d’un plan d’urgence.

Le financement attendra les élections

Alors que le plan de financement définitif de 3,3 milliards d’euros devait être bouclé il y a maintenant plusieurs mois, sa conclusion est aujourd’hui repoussée à l’après-élections régionales (en décembre, Ndlr). L’un des points sensibles de cette négociation est l’apport demandé par l’Etat aux deux conseils départementaux traversés par la future ligne.

Début 2015, les élus LR yvelinois claironnaient leur part dans l’aboutissement financier du projet Eole, alors fraîchement validé par l’Etat et le conseil régional. « Les conseils généraux des Yvelines et des Hauts-de-Seine cofinancent cet équipement alors qu’il n’est pas dans nos attributions », indiquait ainsi Pierre Bédier, le président du conseil départemental (ex-conseil général) yvelinois.

Aujourd’hui, les deux institutions renaclent devant le montant réclamé par l’Etat, qui s’établit à 330 millions d’euros chacune. « L’Etat souhaite nous taxer comme les serfs sous l’Ancien Régime », a ainsi protesté à la rentrée Patrick Devedjian, le président LR du conseil départemental des Hauts-de-Seine.