Alzheimer : l’alimentation en question

À l’occasion de la journée mondiale Alzheimer, le Centre hospitalier intercommunal de Meulan-Les Mureaux (Chimm) organisait une conférence autour des stratégies nutritionnelles chez les patients atteints par la maladie.

Les personnes âgées sont les plus touchées par le syndrome de la maladie d’Alzheimer. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) estime qu’après 65 ans la fréquence de la maladie s’élève à 4 % de la population française, et même à 15 % à partir de 80 ans.Si aucun traitement permet aujourd’hui de soigner cette maladie, la recherche continue et les spécialistes de santé ont dégagé des tendances pour gérer au mieux les patients au sein des structures spécialisées ou à domicile.

« Nos malades d’Alzheimer ont tous des problèmes alimentaires », constate le docteur Karima Ferketou, responsable des services psycho-gériatrique et cognitivo-comportementale du Centre hospitalier intercommunal de Meulan-Les Mureaux (Chimm). Les fausses routes ou la non-sensation de soif (adipsie, Ndlr) et de faim sont des phénomènes fréquents.

Selon le docteur Ferketou, 80 % des patients atteints d’Alzheimer intégrant ses services seraient dénutris. « Les régimes sont à bannir », soutient cette responsable du Chimm. Les malades feraient souvent l’objet d’une perte musculaire, due à un manque de protéines ou à une alimentation trop sucrée, qu’il ne faut malgré tout pas arrêter.

Les aliments sucrés sont les premiers que l’on ingurgite à l’enfance, ils sont mémorisés plus longtemps au cours de la vie. Cela s’intègre à la notion de plaisir, qu’il faut cultiver avec ces personnes lors des repas, en jouant également avec la couleur des aliments.

Alzheimer en Chiffres

– 900 000 personnes environ seraient touchées par la maladie en France.

– 3 millions de personnes concernées (malades et entourages).

– 37 % des malades sont soignés dans des institutions spécialisées (Ehpad ou unités de soins, Ndlr).

– 1 394 euros : c’est le coût du diagnostic hospitalier, réalisé en une seule journée.

– 0  traitement curatif n’est aujourd’hui connu.

L’environnement du repas reste une donnée majeure. Ne pas disperser le patient avec un téléviseur allumé, mais essayer plutôt de l’inciter à se nourrir, sans le brusquer, en mettant face à lui une autre personne attablée :« je fais ce que fait l’autre », note Karima Ferketou. Depuis six ans maintenant, le Chimm organise un événement au sein de son service à l’occasion de la journée internationale de la maladie d’Alzheimer. « On essaie de créer un moment de convivialité malgré la maladie », confie Prisca Pétrequin, psychomotricienne au service psycho-gériatrique et cognitivo-comportementale, à l’occasion de l’après-midi Saveurs partagées, du jeudi 24 septembre.

Ce type de manifestations informatives, comme celles mises en place lors de la journée internationale des personnes âgées (le 1 octobre, Ndlr), permettent de concrétiser l’idée de partage. Jean Maisondieu, médecin chef du secteur psychiatrique adulte au Centre Hospitalier Intercommunal de Poissy-Saint-Germain-en-Laye (Chips) de 1989 à 2008, avait fait remarquer lors d’une conférence de l’Espace de réflexion éthique du Chips que « l’ambiance, le contexte » pouvait faire « retrouver de l’humanité » aux personnes atteintes d’Alzheimer, notamment lors des repas.