Elle s’appellera Grand Paris Seine & Oise

Dès le 1er janvier, six communautés d’agglomération et de communes disparaissent. Elles seront remplacées par une grande communauté urbaine dont le nouveau nom vient d’être communiqué par les élus.

Depuis plusieurs mois, ils cherchent un nom pour la future intercommunalité géante qui naît dans deux mois du regroupement forcé de six communautés d’agglomération et de communes de la vallée de Seine, de Rosny-sur-Seine à Conflans-Sainte-Honorine. Parmi plusieurs dizaines de propositions, les présidents de ces intercommunalités ont choisi Grand Paris Seine & Oise. « Ce n’est pas un bureau d’études qui a fait les propositions, mais un élu du territoire dont c’est le métier », se satisfait Philippe Tautou, le maire LR de Verneuil-sur-Seine et président du Pôle métropolitain, une structure créée pour accompagner la naissance de cette intercommunalité de 405 000 habitants, puis sa croissance.

L’utilisation du Grand Paris était une évidence pour des raisons de notoriété. Ces mêmes raisons ont conduit à éliminer les dénominations « aval », « vallée » ainsi que le peut-être trop évident « Yvelines ». Quant à la Seine, « c’est une évidence comme colonne vertébrale de notre organisation ». L’Oise, elle, est selon Philippe Tautou « un élément fort du territoire », en particulier à l’Est, au niveau de la Confluence. Il ne craint donc pas une éventuelle confusion avec d’autres collectivités.

L’inquiétude de la CGT

Les délégués syndicaux de la CGT muriautine ont exprimé leurs craintes lors d'une réunion publique.
Les délégués syndicaux de la CGT muriautine ont exprimé leurs craintes lors d’une réunion publique.

Les personnels communaux et intercommunaux se demandent bien comment vont concrètement se dérouler les prochains mois, alors que même les élus avouent être très en retard sur la construction de la grande intercommunalité. Aux Mureaux, la CGT a ainsi protesté lors d’une réunion publique consacrée à la fusion.

« Nous sommes très inquiets de ce qu’il se prépare, et du silence qui entoure ce qu’il se passe, indique Patrick Vétillard, secrétaire de la CGT des Mureaux. Que vont devenir les uns ou les autres ? En tant qu’organisations syndicales, nous n’avons pas encore été reçus par M. le maire (François Garay, DVG, Ndlr), ni nous ni les autres. »

Enfin, dernière nécessité, l’acronyme formé par le nom de cette structure intercommunale devait être simple et marquant : « GPSO, c’est sympa et ça se prononce ». C’est au cours d’une conférence entre présidents des intercommunalités, et en présence de celui du Conseil départemental, Pierre Bédier (LR), qu’ils ont donc tranché parmi les propositions possibles de manière unanime.

Philippe Tautou assume le fait de ne pas avoir laissé les 73 maires trancher, estimant le procédé peu susceptible d’aboutir rapidement à une décision. Il en est de même, selon lui, par rapport à une consultation des citoyens entre quelques noms présélectionnés. « Organisez une consultation en expliquant tous les éléments [de communication et de stratégie] que je viens de vous donner, analyse ainsi l’édile, peu convaincu. Il aurait fallu mettre une quinzaine de noms… l’idée avait été évoquée il y a un moment, mais n’a pas été retenue. »

Aux réunions publiques, le besoin de démocratie exprimé

L’implication des élus et des citoyens serait déterminante d’après un expert, elle est demandée par plusieurs association citoyennes.

Deux réunions publiques ont récemment été organisées par les élus pour parler de cette future intercommunalité de 405 000 habitants, à Andrésy et aux Mureaux. Qu’ils soient dans le public ou intervenants, citoyens ou élus, ils ont été nombreux à s’inquiéter du niveau de démocratie de la future structure.

« Dans certaines communautés qui se bâtissent, l’on se rend en conseil communautaire, mais en fait tout est décidé par un bureau de dix personnes, a ainsi certifié Eric Landot, avocat expert des collectivités locales et conférencier lors de la soirée d’Andrésy. Au bout d’un moment, il y a une fronde, ou un désintérêt des citoyens et des élus. »

Pour l’éviter, l’avocat a conseillé de multiplier les instances de discussions, avec des commissions locales, l’invitation de conseillers municipaux au sein de groupes de travail, un comité des maires, ou toute autre organisation permettant d’impliquer citoyens et élus de terrains.

Son avertissement reflète la crainte de certains responsables associatifs locaux. «On sent bien que tout sera réglé avant que ca n’arrive en débat, s’est ainsi ému Jean-Pierre Grenier, président de Bien vivre à Vernouillet. Je crois que s’il y a un contre-pouvoir dans le secteur, ce seront les associations.»

Ces considérations ne sont pas ignorées des élus, à entendre le maire des Mureaux, François Garay (DVG), qui s’est exprimé à ce sujet lors de la réunion muriautine. « Assez fréquemment, les gens oublient qu’on nous élit aussi pour prendre des décisions, a-t-il analysé. A un moment donné, celui qui est responsable est élu, et c’est d’ailleurs à l’élu qu’on s’en prend de toute façon, pas aux contre-pouvoirs. »