Un bidonville aux portes des Yvelines

Entre Chanteloup-les-Vignes, Carrières-sous-Poissy et Triel-sur-Seine, il est un campement connu de tous. Au bout d’un chemin chaotique, une quarantaine de familles vit dans des caravanes délabrées, sans eau courante ni électricité. Ce bidonville, dont le terme désigne des abris de fortune où les habitants vivent dans des conditions difficiles, fait partie des 600 campements dénombrés sur l’ensemble de l’hexagone.

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Depuis 2008, Simona s’est installée avec son mari Lulian sur le terrain vague. Ils ont fuit « la misère en Roumanie » pour essayer de trouver une vie meilleure, ici en France. Aujourd’hui, ils compactent leur vie dans trois petites caravanes. L’une d’elles est partagée par le couple et leurs plus jeunes enfants, la deuxième est réservée aux plus grands quant à la troisième, elle sert de cuisine.

Le matin, les enfants prennent le chemin de l’école. Depuis un an et demi, un arrêt de bus a été placé au début du chemin, sur la route départementale, pour faciliter l’acheminement de la soixantaine d’écoliers vers Triel-sur-Seine, Chanteloup-les-Vignes et Poissy. Cette scolarisation a été rendue possible par l’action du Secours catholique. Avec un mobil-home sur place, l’association accompagne les 250 personnes présentes dans le bidonville pour leur permettre d’améliorer leurs conditions de vie.

Depuis cinq mois, le Secours catholique a contribué à la mise en place de toilettes sèches. Cinq blocs de six toilettes ont vu le jour après un an de préparation. Désormais, chaque famille est responsable de sa cabine. Egalement, les conditions d’hygiène ont été améliorées avec l’achat de poubelles en plastique.

« Chaque famille a contribué a hauteur de dix euros par poubelle et les onze euros restants ont été apportés par le Secours catholique, a précisé Hervé Du Souich, président de l’association dans le département des Yvelines. On attire l’attention sur l’importance de la salubrité ».

L’accumulation de déchets aux abords des habitations amène le problème de la présence de nombreux rats. Ces derniers peuvent être à l’origine de la transmission de maladies infectieuses de par leurs déjections, leurs morsures ou les parasites qu’ils hébergent. Ainsi, l’apport de poubelles en plastique limite cette présence là et vient en complément des bacs existants, gérés par la municipalité, situés au bout du chemin.

Si Lilian, le mari de Simona travaille depuis trois ans à Flins-sur-Seine, d’autres sont à la recherche d’un emploi ou d’un stage. C’est le cas de Nicolae, croisé au détour d’un chemin dans le bidonville. Le jeune homme fendait des palettes pour alimenter le poële à bois : un bidon d’huile en tôle. A 21 ans, il recherche un stage professionnalisant pour ensuite « trouver un travail et avoir un appartement ».

L’accès au logement étant une véritable problématique nationale, les plus démunis sont d’autant plus tributaires de l’emploi pour espérer un jour se loger correctement. Par ce biais, tous espèrent pouvoir bénéficier de conditions de vie décentes : avoir l’électricité et l’eau courante. « Tous les jours, on récupère l’eau au robinet près du cimetière (à deux kilomètres.ndlr) pour laver le linge à la main et se doucher, a précisé la mère de Nicolae. Sinon, on achète des bouteilles d’eau pour boire et cuisiner ».

En 2015, le Secours Catholique a permis le relogement de six familles, un objectif porté à dix cette année. « Pratiquement une famille sur deux travaille donc ça aide, a souligné Hervé Du Souich. L’objectif final serait qu’à terme, il n’y ait plus personne dans le camp. On sait bien que c’est très difficile ».

Le relogement pose un vrai problème à la fois pour les demandeurs qui doivent patienter des années et aussi pour les collectivités. « On a 950 demandes de logement en liste d’attente, a avoué Christophe Delrieu (DVD), maire de Carrières-sous-Poissy. Comment expliquer à quelqu’un qui a suivi la procédure qu’un autre est prioritaire sur lui ? La difficulté est d’arriver à intégrer tout le monde ».