Les gens du voyage manquent d’aires

Si les communes de la vallée de Seine ont nettement amélioré les choses ces dernières années, il manque toujours deux aires d’accueil, et surtout une aire de grand passage pour laquelle les élus de la boucle de Chanteloup ont récemment voté l’achat de terrains.

Depuis l’an 2000, la loi fixe aux mairies des obligations en matière d’accueil des gens du voyage, par l’intermédiaire d’un schéma adopté dans chaque département. Et, depuis 2000, de nombreuses communes, dans les Yvelines comme en France, ne la respectent pas… avec comme conséquence l’impossibilité pour les mairies contrevenantes de faire appel à la police ou à la gendarmerie pour expulser ceux qui s’installeraient illégalement.

C’est notamment le cas de Poissy, ainsi que des communes de la boucle de Chanteloup. Ces dernières doivent également créer l’une des deux aires de grand passage du département, destinées à permettre des installations temporaires de grandes communautés. Les élus ont d’ailleurs voté il y a quelques semaines l’achat de terrains dans ce but, entre Triel-sur-Seine et Carrières-sous-Poissy.

D’importants efforts ont néanmoins été consentis ces dernières années par les communes concernant les aires d’accueil classiques. Alors qu’avant 2007, seuls les Conflanais avaient bâti une aire, et ce dès 1996, le département compte aujourd’hui 414 places sur les 638 prévues par le dernier schéma d’accueil des gens du voyage.

La vallée de Seine, lieu d’accueil historique de communautés de gens du voyage, compte aujourd’hui des espaces à Freneuse, Gargenville, Limay, Buchelay, Aubergenville et Les Mureaux en sus de Conflans-Sainte-Honorine. Selon les villes, leur coût de réalisation « varie fortement », indique le schéma départemental. Cela peut aller d’un peu plus de 20 000 € la place à Freneuse, jusqu’à presque 60 000 € à Gargenville. « En moyenne, 40 % des coûts de l’opération sont pris en charge » par les communes, le reste provenant de subventions, est-il également précisé.

Les collectivités ne respectant pas le schéma départemental d’accueil ne peuvent faire procéder à des expulsions en cas d’installation illégale.
Les collectivités ne respectant pas le schéma départemental d’accueil ne peuvent faire procéder à des expulsions en cas d’installation illégale.

Les élus de la Communauté d’agglomération des deux rives de Seine (CA2RS), fusionnée depuis le premier janvier au sein de la communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise (GPSO), ont voté l’achat de parcelles afin d’implanter une aire de grand passage de 150 emplacements, à la fin de l’année dernière. Elle doit être située juste à côté de la déchèterie Azalys, entre Carrières-sous-Poissy et Triel-sur-Seine, dont les représentants de la majorité DVD ont d’ailleurs voté contre la délibération.

« En 2016, nous allons nous mettre d’accord avec les partenaires, c’est un projet qui devrait être achevé en 2017 », assure Philippe Tautou (LR), le maire de Verneuil-sur-Seine et président de l’ex-CA2RS. Aujourd’hui candidat à la présidence de GPSO, il estime que ce changement institutionnel « va nous faciliter la tâche » et non la retarder, alors que le schéma départemental prévoit pour cette aire une participation financière des autres communes de la vallée de Seine.

Une aire d’accueil classique de 12 places devrait également être créée dans les communes de l’ex-CA2RS. L’édile espère ainsi, une fois le processus de création de ces deux aires engagé, pouvoir de nouveau faire appel à la police afin de procéder à des expulsions lors d’installations illégales.

« Dès que nous faisions un recours, le tribunal nous déboutait pour non-conformité à la loi, rappelle-t-il des conséquences du non-respect du schéma départemental. Si, une fois ce processus engagé, il ne se passait toujours rien… nous avons nos écharpes et nous pouvons manifester. »

Ile-de-France : les gens du voyage relativement sédentaires

Loin de l’image que peuvent parfois donner les déplacements de communautés élargies durant l’été, les gens du voyage français sont finalement plutôt casaniers, en particulier chez les franciliens. Ils résident majoritairement dans la grande couronne francilienne, qui est par ailleurs bien meilleure élève que les départements limitrophes de la capitale quant au respect des obligations fixées par l’État.

Les rédacteurs du schéma départemental d’accueil yvelinois estiment que « 30 à 40 % des familles restent dans la limite d’un département, voire même d’un secteur ». Une proportion identique voyage seulement dans les départements de la grande couronne, pour une conclusion surprenante : « 20 à 25 % seulement ont des déplacements sur plusieurs régions. »

Les Essarts-le-Roi : l’aire de grand passage continue de susciter l’opposition

Leur commune n’était pourtant pas concernée dans le schéma départemental fixant les implantations d’aires de grand passage. Mais, en avril dernier, le préfet Erard Corbin de Mangoux indiquait envisager d’y créer une aire de grand passage pour 150 caravanes, sur un terrain possédé par l’État. « Personne n’en veut. A un moment, il va falloir trancher », notait son successeur Serge Morvan en septembre, lors de sa prise de fonction.

Aux Essarts-le-Roi comme dans les villes voisines de Coignières, Saint-Rémy-l’Honoré ou Lévis-Saint-Nom, une partie des habitants et de leurs élus se sont rapidement mobilisés pour manifester leur opposition, alors que leur commune compte déjà une aire d’accueil standard de 20 places depuis 2009. Les banderoles, les motions en conseil municipal et le référendum local auront-ils suffi ? Le nouveau préfet des Yvelines devrait apporter la réponse dans les prochaines semaines.