Stupeur dans la ville

Depuis le meurtre du policier et de sa compagne ce lundi 13 juin, l’émotion est forte dans la petite ville de Magnanville. Les habitants décrivent tous une commune calme et sans histoire, mais sont partagés sur le sentiment d’insécurité qu’ils ressentent aujourd’hui.

La petite commune Yvelinoise de Magnanville, une ville-village comme aime à le souligner son maire Michel Lebouc (PCF), qui a été le théâtre du terrible double meurtre de ce lundi 13 juin dans la soirée. « C’est un acte de barbarie inqualifiable, a déclaré, ému, le maire de la commune au lendemain des événements. J’en appelle à la République parce que c’est très dur à vivre pour les élus et la population. » Lors du moment de recueillement du mercredi 15 juin près de la maison où le couple résidait, auquel se sont rendus plusieurs centaines de personnes, Magnanvillois, habitants des communes alentours et élus locaux ; le maire a ajouté : « Je connaissais bien la famille, surtout Jessica, et j’ai une pensée pour l’enfant, orphelin à trois ans ».

Michel Lebouc a d’ailleurs pris la décision, en lien avec la Préfecture et le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis), de mettre en place une cellule de soutien « pour permettre aux gens et aux personnels, qui sont très choqués après ce drame, de pouvoir en discuter et d’avoir un suivi ». Du côté des Magnanvillois, deux jours après les faits, le sentiment est à la stupeur. « Jamais je n’aurais imaginé qu’il se passe un tel acte barbare à Magnanville », s’indigne l’un d’eux. « Ça fait 43 ans que j’habite ici et il n’y a jamais rien eu », ajoute Marie-Thérèse.

Tous décrivent une ville calme, habitants de la ville de longue date ou même récents, à l’image d’Abdelhamid, arrivé de Syrie avec sa famille en février dernier. « Ça m’a vraiment touché parce que c’est une commune calme avec des gens accueillants, raconte ce dernier. Je suis très affecté mais si la commune a besoin de quoi que ce soit, je serai là. »

De nombreux Magnanvillois ont suivi le déroulé des événements en direct sur les chaînes d’informations en continu. « En rentrant dans la soirée, j’ai vu plein de voitures de police mais j’ai cru qu’il y avait eu un accident, raconte une riveraine. Une fois chez moi, j’ai vu que les médias parlaient de Magnanville et je me suis dit : c’est pas possible que ce soit ici. » Annick, qui habite proche du lieu du drame, a quant à elle été rapidement prévenue par son gendre et n’a ensuite « pas dormi de la nuit tellement ça m’a bouleversé ».

Suite à ce double homicide, plusieurs habitants ne se sentent plus en sécurité. « Je me sens menacée maintenant, confie Claudie. Cette semaine, c’est arrivé chez ce couple, mais un jour ça pourrait être chez quelqu’un d’autre. On s’aperçoit que notre tranquillité vacille. » Un avis partagé par Pierre, « Ces jours-ci, je me sens forcément touché personnellement. Ça impacte notre manière de voir les choses et on se fait un peu de soucis. »

D’autres riverains essayent de faire preuve d’optimisme pour les semaines à venir. « Vu que j’ai entendu les détonations de l’assaut, quand j’entends du bruit ça m’interpelle, explique une Magnanvilloise. Mais ça passera avec le temps et je ne me sens pas en insécurité pour autant. » Le maire de la commune reconnaît que « la cicatrice va être dure à refermer. Mais il faut que nous continuions à vivre et à nous rassembler. C’est le meilleur rempart contre le terrorisme. »