Ils s’associent pour mieux rentabiliser le fleuve

Cinq conseils départementaux à majorité LR lancent Axe Seine, une association destinée à développer l’économie de la vallée. Tourisme et transports sont ses premières priorités.

« Nous avons pris du retard [...] et nous devons le rattraper », justifie Sébastien Lecornu (LR), président de l’association comme du conseil départemental de l’Eure (au centre).

Ils ont officialisé leur association autour du fleuve par une croisière de l’escale fluviale de Chatou au port de Sèvres. Les conseils départementaux des Yvelines, des Hauts-de-Seine, du Val d’Oise, de l’Eure et de Seine-Maritime, tous dirigés par des présidents LR, ont lancé officiellement l’association Axe Seine. Les objectifs ? Coordonner et amplifier leurs actions autour du fleuve afin d’attirer touristes et investisseurs, mais aussi peser face à Paris.

« L’idée est de partager une vision commune, pour faire de la Seine un axe de développement économique », explique Marie-Célie Guillaume (LR), vice-présidente du conseil départemental des Yvelines (et remplaçante de son président Pierre Bédier ce jour-là, Ndlr). « Nous avons pris du retard sur ces politiques publiques-là (aménagement, tourisme et transports, Ndlr), et nous devons le rattraper », avance Sébastien Lecornu (LR), premier président de l’association.

« Nous avons pris du retard [...] et nous devons le rattraper », justifie Sébastien Lecornu (LR), président de l’association comme du conseil départemental de l’Eure (au centre).
« Nous avons pris du retard […] et nous devons le rattraper », justifie Sébastien Lecornu (LR), président de l’association comme du conseil départemental de l’Eure (au centre).

Ce dernier, qui dirige aussi l’assemblée départementale de l’Eure, promet une structure « légère » et « sans budget », reposant sur les services des cinq conseils départementaux. « Les limites administratives, pour des politiques publiques qui doivent créer de la richesse, et donc de l’emploi, devaient être sinon abolies, du moins assouplies », justifie-t-il.

Plaidant l’ouverture à d’autres acteurs, comme Haropa qui gère des ports, le gestionnaire public des berges Voies navigables de France (VNF), ou les collectivités locales, ces présidents étiquetés LR, nient toute intention idéologique. « Je ne crois pas qu’il y ait une vision de droite ou de gauche du développement, estime ainsi Patrick Devedjian (LR), président du Département des Hauts-de-Seine. Il y a les choses qui marchent, et les choses qui ne marchent pas : le reste est plutôt théorique. »

Pourtant, dur de ne pas y penser alors que la capitale, dirigée par le PS, a elle-même lancé en mars Réinventer la Seine, un appel à projet sur le fleuve mené avec les intercommunalités du Havre et de Rouen. « Paris a toujours maltraité la banlieue, droite ou gauche, sous tous les régimes », ajoute ainsi Patrick Devedjian. Lui préfère regarder à l’Est : « Au-delà de Paris, la question qui se pose pour nous est l’amont. »

Tourisme, transports et aménagement comme priorités

Au sein de l’association Axe Seine, les cinq conseils départementaux forment quatre groupes de travail. Ils vont examiner la coordination de l’offre en matière de croisières fluviales, la création de liaisons douces continues des Hauts-de-Seine au Havre (Seine-Maritime), et le « marketing territorial » de la vallée sont directement liés au tourisme. Le dernier groupe de travail, coordonné par le conseil départemental des Yvelines, étudiera le développement économique par la requalification des friches comme par l’amélioration des transports en commun.

« Il y a une explosion du nombre de péniches touristiques, qui s’arrêtent régulièrement à Mantes-la-Jolie, mais le quai n’est pas adapté pour que les touristes puissent descendre », explique ainsi des croisières Marie-Célie Guillaume (LR), vice-présidente au conseil départemental des Yvelines. « Plutôt que de se lancer dans des infrastructures qui pourraient se faire concurrence, il faut hiérarchiser les quais et les mettre à des endroits adaptés », note sur le sujet le nouveau président de l’association pour un an, Sébastien Lecornu (LR).

Sans accord, la LNPN « au point mort »

L’une des lignes de fractures, entre Départements normands et franciliens, concerne le tracé définitif dont l’échéancier prévoit la fixation en 2017.
L’une des lignes de fractures, entre Départements normands et franciliens, concerne le tracé définitif dont l’échéancier prévoit la fixation en 2017.

L’avancement du projet ferroviaire de Ligne nouvelle Paris Normandie (LNPN) est l’un des plus gros dossiers de la vallée de Seine.. et il se trouve bloqué, entre autres, par des désaccords entre les conseils départementaux sur son tracé définitif dont l’échéancier prévoit la fixation en 2017.

Leurs présidents veulent espérer que leur association autour de la Seine débloquera ce différend entre Départements normands et franciliens. La première phase du projet doit relier d’ici 2030 les gares de Paris Saint-Lazare, La Défense, Achères (avec création d’une gare nouvelle, Ndlr), Mantes-la-Jolie à Evreux d’une part, et Rouen à Yvetot (Seine-Maritime) d’autre part.

« Il y a sept ou huit tracés différents, et des interrogations, non sur le principe même, mais sur les tracés proposés », indique Pascal Martin (LR), le président de la Seine-Maritime. Il reste néanmoins prudent : « Si notre association peut permettre de nous mettre autour de la table et de trouver un juste équilibre, j’en serai personnellement ravi .»

« Il y a des désaccords importants là-dessus, confirme Patrick Devedjian (LR), le président du conseil départemental des Hauts-de-Seine. Nous sommes pour l’instant au point mort, donc ça ne pourra être pire. Nous trouverons peut-être justement des moyens d’avancer [grâce à Axe Seine]. »