Vers de nouveaux départs volontaires chez PSA ?

Alors que la CGT accuse le groupe PSA de préparer de nouvelles suppressions de postes, les syndicats racontent les conséquences sur l’usine des réductions successives de masse salariale.

Lundi 17 octobre, la CGT annonce que le groupe PSA (qui a démenti, Ndlr) prévoirait de recourir à des départs volontaires pour la quatrième année consécutive. Les délégués syndicaux de l’usine Peugeot-Citroën de Poissy (contactés par La Gazette avant le communiqué de la CGT, Ndlr) racontent l’impact, de plus en plus perceptible, des restructurations en cours et d’éventuels nouveaux départs volontaires.

« Nous sommes confrontés depuis des années à une perte de la masse salariale liée aux départs volontaires, indique Frédéric Lemayitch, délégué syndical de la CFTC. Ce sont des mesures appréciées par les salariés sauf que ça a un coût en compétence et en charge de travail. » Pour lui, le problème est « qu’on ne remplace pas au pied levé des gens d’expérience ».

Nicolas Simon, délégué de la CFE-CGC, confirme l’existence d’ « une augmentation de la charge de travail », mais les attribue au « contexte actuel de transformation du site » (qui attend l’arrivée d’un nouveau modèle, Ndlr). Il ajoute : « Parfois, des managers doivent prendre la place d’opérateurs par manque d’effectif, et ne peuvent donc pas faire leur travail de manager ».

Concernant la situation de l’usine pisciacaise, le délégué CFE-CGC estime qu’elle « n’est pas encore catastrophique », mais qu’il « va falloir être vigilant parce qu’on s’en approche ». Il se montre néanmoins confiant dans les transformations engagées, jugées nécessaires pour « rendre [le site de Poissy] vraiment performant ».

« Il n’y a plus de licenciements secs à PSA », indique de son côté Jean-Pierre Mercier, délégué CGT, même si « il y a eu 17 000 emplois supprimés depuis 2013 sous forme de départs volontaires et de départs en pré-retraites ». Le représentant syndical estime par ailleurs que « les charges de travail ont augmenté sur certains des salariés, sans respecter les pratiques élémentaires de la sécurité au travail. »

La CGT a voulu interpeller la direction sur ces questions de sécurité en intervenant dans un atelier, ce qui a mené à des heurts avec la direction (voir encadré). Le syndicat majoritaire, FO, reproche à la CGT de vouloir « créer un conflit avec la direction ». Le contexte, celui de prochaines élections professionnelles, est propice aux tensions entre organisations syndicales.

Le secrétaire de FO à Poissy, Brahim Aït-Athmane, confie certes être d’accord « pour dire qu’il y a un problème d’effectifs et de conditions de travail ». Mais « il n’y a pas encore de conséquence sur la chaîne [de production] », estime-t-il : « C’est pour l’éviter qu’on soulève le problème. »

Heurts violents entre CGT et direction

Mardi 27 septembre, des violences ont eu lieu entre CGT et direction, avec pour origine une intervention de la CGT dans un atelier pour interpeller la direction sur des questions de sécurité en bord de ligne. Certains membres du syndicat ont reçu des entretiens préalables à sanction comme à licenciement.

« Nous avons eu trois actions syndicales de la part de mandatés de la CGT dans les ateliers en septembre […] qui ont provoqué des arrêts de ligne », indique la direction. Elle pointe « des entraves au travail » qui ont été « constatées par huissier ». Elle affirme que « des actions de violences à l’encontre de collaborateurs, des insultes y compris à caractère racial, des menaces, des faits d’intimidations » ont été menés, jusqu’à la violence : « Un responsable hiérarchique a eu plusieurs jours d’arrêt de travail parce qu’on lui a retourné le doigt. »

Jean-Pierre Mercier, délégué CGT chez PSA, estime avoir eu « à faire face à une provocation violente de la part de la direction ». Selon lui, un « jeune délégué » a été « violemment jeté par terre, par deux représentants de la direction ». Une plainte a été déposée à ce sujet : « Ça c’est fini à l’hôpital, notre jeune camarade est sorti avec plusieurs jours d’ITT (interruption temporaire de travail, Ndlr). »

La Fédération des travailleurs de la métallurgie CGT (FTM CGT) a indiqué que six militants avaient été convoqués, deux dans l’attente d’un licenciement, et quatre pour sanction. La direction confirme, et précise : « aucune décision n’a été prise avant la tenue de ces entretiens […] qui ont lieu pour permettre aux collaborateurs d’avoir l’occasion de s’exprimer ».