Communauté urbaine : est-il possible de se développer tout en préservant la nature ?

Les habitants du Mantois n’ont pas hésité à exprimer leurs inquiétudes lors de la réunion publique organisée la semaine dernière par la nouvelle communauté urbaine de la vallée de Seine.

Développer l’économie de la vallée de Seine yvelinoise peut-il se faire tout en préservant le cadre de vie ? Si les élus sont confiants, les habitants du Mantois semblent beaucoup plus partagés. Ils en ont largement fait part lors de la réunion publique organisée par la nouvelle communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO). Seule certitude : ils ont réclamé avec emphase la création de structures de formations supérieures près de chez eux (voir encadré).

Initialement, beaucoup étaient venus discuter du futur Plan local d’urbanisme intercommunal (Plui). Ce document régira d’ici quelques années l’ensemble des règles de construction en vallée de Seine, de Rolleboise à Conflans-Sainte-Honorine. Alors, ils ont initialement été quelque peu déçus de se voir proposer non de parler du Plui, mais de ce qu’ils désiraient pour l’avenir de cette communauté urbaine ayant remplacé au 1er janvier dernier six structures intercommunales.

« On ne souhaite pas ce soir entrer dans la technique, l’objet est de vous entendre parler de ce territoire, de ce que vous souhaitez, a ainsi annoncé en préambule Philippe Tautou (LR), président de GPSEO et maire de Verneuil-sur-Seine. Mais en aucune manière on ne va commencer à évoquer des problèmes de densité ou de hauteur. »

Après la projection d’une vidéo d’entretiens menés avec 78 habitants par le cabinet-conseil recruté pour cette opération de concertation, les presque 200 présents, simples habitants parfois, responsables associatifs souvent, étaient invités à prendre la parole (à l’exception des élus, Ndlr). Et, rapidement, les mêmes sujets sont revenus sur le tapis, encore et encore.

« Je trouve que Limay et toute sa région est super sympa, nous avons tout : quelques usines, des champs, des bois, des forêts, des étangs pour aller à la pêche. […] Ce serait quand même couillon de bétonner tout ça, avance, comme d’autres, Claude Leblanc, conducteur de travaux limayen et l’un des interrogés de la vidéo. Je préfère un champ de blé, de maïs, que des tours qui se construisent partout. »

Son avis n’est pas partagé par tous. « Dans dix ans, je ne me vois pas habiter Mantes-la-Jolie, il n’y a pas assez de dynamique. […] C’est bien beau de dire qu’il faut préserver la campagne, mais on ne peut pas préserver et développer, c’est impossible pour moi, avance ainsi Emmanuelle, élève au lycée mantais Saint-Exupéry, évoquant le manque de loisirs et de travail. Il faut construire pour garder la jeunesse. »

Alors, est-il possible de réussir ce qui s’apparente pour beaucoup à la quadrature du cercle ? « On va rendre, à la fois en agriculture et en espaces verts, une centaine d’hectares. On ne va pas urbaniser à outrance » , a indiqué de ce « challenge énorme » Suzanne Jaunet (LR), adjointe à Achères, et chargée de l’élaboration du Plui comme vice-présidente de GPSEO. Par ailleurs, ce soir-là, les transports en commun, jugés déficients, et la connexion internet, souvent trop lente, ont aussi été évoqués.

Jeunes et entrepreneurs du Mantois demandent éducation et formation

Le manque de structures d’enseignement supérieur, université, écoles ou centres de formation, a été largement au centre de la soirée, à laquelle de nombreux jeunes étaient venus assister. Ainsi, Jean-Paul Carta, dirigeant d’une société gargenvilloise de mécanique de précision, fait un constat sévère à propos de la formation professionnelle : « Je ne prends plus d’apprentis [du Mantois], car les apprentis qu’on nous propose ne sont plus à la hauteur de nos besoins. Ce n’est pas une hypothèse mais une réalité. »

Du côté des filières non-professionnelles, le témoignage de Julia est du même acabit. « Elle est chassée vers Paris », estime ainsi de la jeunesse étudiante cette vingtenaire, mantaise depuis cinq ans et bientôt professeure d’anglais. « Il y a sept ans, lorsque mes parents ont décidé d’acheter leur appartement à Mantes, il y avait le projet d’université mantaise, je voudrais savoir ce qu’il en est », s’interroge-t-elle sans obtenir de réponse.

L’Institut des sciences et techniques des Yvelines (Isty) s’est bien installé à Mantes-la-Ville lors de la première phase du projet urbain Mantes université. Mais le déménagement de l’IUT dans de nouveaux locaux mantevillois a, lui, été repoussé l’an dernier par le président du conseil départemental des Yvelines, Pierre Bédier (LR).

Il avançait alors un motif essentiellement budgétaire pour remettre le projet à une date ultérieure (et indéfinie, Ndlr). « Peut-être qu’aujourd’hui, à 400 000 habitants, on aura plus de poids pour peser dans de futures décisions », a indiqué à La Gazette Philippe Tautou (LR), président de la communauté urbaine. Lui conserve « espoir que les jeunes puissent trouver la formation qu’ils souhaitent ».