Le français pour éduquer, se former et travailler

Vingt-trois élèves suivent des cours d'alphabétisation à la Maison de tous. Leurs motivations sont différentes mais tous souhaitent s'intégrer dans leur ville.

Deux fois par semaine, des cours d’alphabétisation sont donnés à la Maison de tous, au prix d’une adhésion à l’année d’une dizaine d’euros, toute symbolique. La majorité des élèves sont des femmes, tous habitent Aubergenville. Si les raisons de leur présence varient, ils ont un seul but : s’intégrer, à travers l’éducation de leurs enfants, leurs démarches administratives ou un travail.

Dans les trois petites salles dédiées, les cours s’apprêtent à commencer pour ces adultes qui parlent plus ou moins bien le français mais ont d’importantes difficultés à l’écrit. Au programme pour les six élèves de Jean-Marc Madec, bénévole depuis trois ans : lecture, dictée, et un travail sur les différentes syllabes.

Leur prononciation diffère en effet fortement entre le français et les langues des pays d’origine. Seul point commun de ces élèves déjà grands, l’assiduité, indispensable : « Lorsqu’ils font leur demande de papiers, on leur demande un certain niveau de français, précise Catherine Bougeault, bénévole depuis plus de vingt ans. Nous leur délivrons un certificat après plusieurs mois de cours pour attester de leurs progrès. »

Simona, une Slovaque, s’est inscrite à la rentrée « pour pouvoir suivre les formations proposées » par son travail. Kabira, elle, fait des ménages et vient pour la première fois : « J’aimerais pouvoir lire mes lettres administratives. Parfois, il y a des mots que je ne comprends pas. » Et de rigoler : « Je n’ai jamais aimé la conjugaison. »

Hassan lui, suit les cours d’alphabétisation depuis trois ans. Ce mardi, il est venu pour apprendre à remplir un recommandé. « Je me suis trompé entre le destinataire et l’expéditeur », explique l’homme de 38 ans, qui saute le déjeuner de sa pause midi pour venir aux cours. « Il n’écrivait qu’en majuscules, se souvient Françoise Madec de ses débuts. Maintenant, il sait écrire en attaché. »

Raja, de son côté, a déjà quelques notions de français, même si machinalement, elle embraye parfois en arabe faute de pouvoir s’expliquer dans la langue de Molière. Pour elle, ces cours sont un moyen « de pouvoir suivre l’école avec les enfants, surveiller les devoirs ». Latifa, présente depuis deux ans, confirme et ajoute qu’une meilleure maîtrise du français lui permet « d’avoir un contact avec les [autres] parents de l’école ».

Mais il est difficile d’assister aux cours, car de la demande, il y en a. « Nous refusons du monde tous les jours », précise Catherine Bougeault. Actuellement, ils sont 23 élèves : « C’est notre maximum ». Leur seule chance est donc qu’une place se libère. Le signe, parfois, qu’un élève a trouvé du travail.