Le délégué du gouvernement veut mobiliser l’Etat pour l’emploi au Val Fourré

De réunions en rencontres, de coups de fil en courriels, le délégué du gouvernement mantais est l'un des onze nommés au niveau national. Halim Abdellatif a pour mission, au Val Fourré, de renforcer la mise en place des politiques de l'emploi et la prévention de la radicalisation religieuse. Rencontre.

Pourquoi créer ces délégués, et pourquoi à Mantes-la-Jolie ?
C’est une action pilote voulue par le gouvernement dans le cadre du comité interministériel pour l’égalité et la citoyenneté. Chacun a une thématique prioritaire d’intervention : sur Mantes, c’est évidemment le thème de l’emploi qui a été retenu. La situation de l’emploi est, comme sur bon nombre de territoires en politique de la ville, particulièrement grave, et reste un enjeu majeur sur le quartier du Val Fourré.

Mantes, c’est près de 2 300 demandeurs d’emploi de catégorie A, avec un taux de chômage quasiment à 50 % pour le public jeune. Il y a également des enjeux de qualification et de formation qui sont essentiels, 70 % des demandeurs d’emploi du Val Fourré ont un niveau égal ou inférieur aux CAP et BEP. Il y a également un sujet majeur autour de la méconnaissance des mondes de l’entreprise et de l’emploi, et des codes au niveau des entreprises.

Quelle est votre action depuis votre arrivée en juillet ?
L’objectif est simple : impulser des actions et des projets qui permettent de répondre à cette situation préoccupante. Ma spécificité est de renforcer l’action de l’Etat sur la question de l’emploi, en contribuant à mieux mobiliser et optimiser les dispositifs mis en oeuvre aux niveaux départemental ou du Mantois.

Nous avons par exemple une Mission locale et Pôle emploi : ils sont plutôt bien mobilisés et actifs, il faut poursuivre cet effort. Le rôle du délégué du gouvernement est de mobiliser les services de l’Etat, d’impliquer et d’associer les partenaires sociaux et les entreprises pour que ces actions et dispositifs puissent être efficaces.

Rapprocher les entreprises, à la fois des acteurs qui travaillent pour l’emploi, et par là même les entreprises et les habitants des quartiers en politique de la ville, fait partie des premiers chantiers que j’ai engagés. J’ai espoir que les entreprises découvrent les jeunes, et que les jeunes sortent de l’idée que les politiques de la ville ne les concernent pas.

Quels dispositifs suivez-vous ?
La garantie jeunes (destinée aux 16-25 ans en grande difficulté, elle combine contractuellement un parcours intensif de formation et de recherche d’emploi avec une allocation de près de 500 euros par mois, Ndlr) vient d’être lancée sur le département, avec depuis septembre une trentaine de jeunes concernés sur le bassin du Mantois. Il a fait ses preuves lors des premières expérimentations nationales. Cette année, avec la Mission locale du Mantois, nous serons pas loin de 200 jeunes.

Avec la Charte entreprises et quartiers, engagée en 2013, nous avons défini avec les entreprises signataires des actions à conduire. Elles s’engagent à des recrutements, en particulier dans le cadre de l’alternance, de la formation et de l’apprentissage, de jeunes habitant dans des quartiers en politique de la ville. L’objectif ultime pour moi est vraiment de créer une dynamique, d’amener plus fortement les entreprises à s’engager en faveur de l’emploi dans les quartiers en politique de la ville, qu’elles soient nationales, mais aussi des PME départementales ou locales.

Vous étiez responsable du service politique de la ville de la communauté d’agglomération du Mantois entre 2005 et 2008, comment a-t-il évolué ?
Je suis attaché à ce territoire, c’est pour ça que j’ai voulu y revenir. Il y a une culture du partenariat qui permet d’avancer et d’obtenir des résultats. Les entreprises, elles, sont plutôt volontaristes, contrairement à l’image qu’on peut en avoir quelquefois. Dès lors que les acteurs locaux sont organisés, à accompagner les entreprises pour la mise en oeuvre, elles répondent favorablement. Maintenant, on reste sur des territoires difficiles et complexes.

Contre la radicalisation, découverte des médias et formations à la laïcité

La mission secondaire du délégué du gouvernement nommé à Mantes-la-Jolie est la prévention de la radicalisation religieuse. Halim Abdellatif supervise ainsi des actions de formation auprès des acteurs de l’emploi, sociaux ou médico-sociaux, et organise des partenariats visant à faire découvrir le fonctionnement des médias aux jeunes.

« Dès lundi démarre l’accueil de 18 jeunes de six collèges de Mantes, pour un stage de troisième à France télévisions, dans le cadre d’un partenariat global, explique-t-il. Tout ce qui peut être fait pour sensibiliser, former les jeunes au sujet du monde des médias, du décryptage de l’info et des théories complotistes représente des actions de prévention importantes. » Cette semaine, ils participeront ainsi, au premier rang du public, à l’émission Actuality, sur France 2.

Il met aussi en place des formations auprès des différents acteurs publics et associatifs exerçant au Val Fourré. Ils ont exprimé « une demande très importante » pour savoir, par exemple dans le cas d’une conseillère à l’emploi, comment se comporter lorsqu’un jeune refuse de serrer la main. « Il s’agit de former et d’outiller sur ces questions-là les professionnels, de définir et poser le cadre légal en France en matière de laïcité, et de promouvoir les valeurs de la République, leur permettant d’adopter les bonnes postures professionnelles », détaille Halim Abdellatif.