Une nouvelle monnaie désormais frappée

Elle s'appelle le Louis, et ses pièces valent trois euros. Cette monnaie complémentaire locale a été lancée samedi à Carrières-sous-Poissy, elle est destinée à payer dans les commerces locaux.

« On a déjà les pièces de un ou deux euros, mais pas trois : ça nous semblait pas mal. » Yannick Darguesse est le fondateur du Louis, seconde monnaie locale complémentaire créée en Île-de-France (voir encadré). Alors, il n’est pas mécontent de voir que plus de 200 personnes sont passées samedi dernier, lors de son lancement à l’Espace Louis Armand, à Carrières-sous-Poissy.

Ce jour-là, l’association portant cette nouvelle monnaie locale a engrangé une trentaine d’adhésions, ses nouveaux membres pouvant d’ailleurs frapper eux-mêmes la gravure portée par leurs Louis à un atelier animé par le Cercle d’études historiques et archéologiques (CEHA) de Poissy. Cette devise locale est cependant, pour l’instant, dépourvue d’un réseau de commerces partenaires permettant de l’y dépenser. Sa prochaine adhésion au réseau Coopek devrait l’aider à s’implanter.

Depuis 2014 et une loi relative à l’économie sociale et solidaire, ces projets de devises supplémentaires à l’euro possèdent une base légale plus solide. « La monnaie complémentaire est un coupon de paiement », explique de son fonctionnement Yannick Darguesse.

Samedi dernier, il était possible de frapper soi-même la gravure portée par ses Louis, lors d’un atelier animé par le Cercle d’études historiques et archéologiques (CEHA) de Poissy.

Dans les futurs commerces partenaires, il doit être possible de payer avec les pièces de trois Louis, achetées pour trois euros chacune auprès de l’association, dont le seul bureau de change est pour l’instant à Triel-sur-Seine.« Ça fait lontemps que je veux lancer une monnaie locale », poursuit-il de sa genèse. Il a découvert le sujet il y a quelques années, avec son implication dans le projet Symba d’une monnaie francilienne inter-entreprises, qui n’a cependant jamais vu le jour. Après avoir tenté, sans succès, « de parcourir Yvelines et Val d’Oise pour monter une monnaie », il a décidé de prendre le taureau par les cornes en la lançant lui-même.

« Après ce samedi, on ira voir les commerçants en leur disant « On a une monnaie » », espère-t-il de la concrétisation de son projet destiné à la consommation locale par des pièces maintenant bien réelles. L’affiliation au réseau du Coopek, une monnaie complémentaire nationale numérique lancée l’an dernier, devrait permettre dans quelques semaines tant de récupérer la monnaie lors des paiements, que de pouvoir payer les commerçants acceptant les Coopek dans toute la France.

D’autres monnaies locales en Île-de-France

Les monnaies locales franciliennes sont encore plutôt rares, permettant au Louis d’en devenir le second représentant. Le premier et le seul jusqu’à présent était la Pêche, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), lancé en 2014 : un représentant de l’association éponyme, porteuse de cette devise, était d’ailleurs présent pour une présentation samedi dernier à Carrières-sous-Poissy.

Une petite dizaine d’autres monnaies locales complémentaires sont en projet en Île-de-France, dont deux dans les Yvelines. L’un, lancé en 2016, est porté par le Parc naturel régional de la haute vallée de Chevreuse, à cheval entre Yvelines et Val d’Oise : le nom de la future devise devrait être connu en juin. Un autre projet, moins avancé, est en cours d’élaboration dans le Mantois depuis quelques mois.

Mantois : cycle de conférences sur la monnaie

Qu’est-ce que la monnaie, son usage et son utilité ? Quelles alternatives sont-elles possibles ? Alors que les projets de monnaie complémentaire fleurissent dans les Yvelines comme ailleurs, l’Université populaire du Mantois propose trois conférences-débats dédiés au « rapport à la monnaie au cours des temps ». Toutes se tiennent à 19 h 30, au Pavillon Duhamel de Mantes-la-Jolie.

Jean-Patrick Abelsohn, militant associatif spécialiste du sujet, est plutôt favorable à l’abolition de la monnaie qu’à la création de multiples monnaies complémentaires locales. Il introduira un état des lieux vendredi 24 février, avant « d’ouvrir à quelques interrogations sur des considérations et utilisations originales de cet outil » vendredi 5 mai, puis « d’interroger plus en profondeur la relation que nous entretenons avec la monnaie » à travers des projets alternatifs d’échange, vendredi 9 juin.