Tour Montjoie : ses façades bientôt sauvegardées

La municipalité lance la sécurisation des façades Nord et Est ainsi que l'intérieur de ce symbole de la commune.

La campagne de restauration de la Tour Montjoie, menée en 1979 et 1980, avait laissé de côté deux façades extérieures et tout l’intérieur. Cet été, la municipalité souhaite lancer un chantier de travaux d’urgence pour les deux autres façades, au Nord et à l’Est, ainsi que pour l’intérieur des murs. Elle envisage également des travaux permettant d’ouvrir à nouveau le bâtiment aux visites.

Ce symbole de Conflans-Sainte-Honorine, érigé entre 1080 et 1090 sur l’emplacement d’une tour de guet en bois destinée à protéger Paris des invasions vikings, est en effet fermé au public, à l’exception des Journées du patrimoine. Pourtant, si l’aménagement intérieur de cette tour médiévale résidentielle de trois étages est complètement inexistant, son architecture seigneuriale romane ne manque pas d’intérêt.

« Cette tour se distingue de la majorité des donjons barlongs contemporains par le fait qu’elle n’a pas de contreforts et que l’épaisseur de ses murs comparée à la dimension de son plan est inférieure à la moyenne, précise un rapport de présentation établi en 2016 par l’architecte des Monuments historiques. La défense de la tour, dominant pourtant le site stratégique du confluent, était secondaire pour le maître d’œuvre, qui paraît avoir privilégié la vocation résidentielle. »

Les murs de l’édifice, classé aux Monuments historiques, n’ont par ailleurs pas connu de remaniement de grande ampleur depuis leur construction. Au XVIème siècle, un incendie dévaste le bâtiment, qui ne retrouvera jamais de toiture. Vendu par le seigneur de Conflans à la Révolution, il est ensuite donné par la famille Cornudet à la commune en 1931.

« On a une fragilisation de la pierre, l’eau s’infiltre, il est aujourd’hui nécessaire de procéder à la mise en sécurisation », explique le maire Laurent Brosse (LR). « Ca fait partie du Vieux Conflans », note Bernardette, 59 ans, qui habite depuis 1992 au pied de l’édifice médiéval. Du haut de ses 15 mètres de hauteur au-dessus de l’éperon rocheux sur lequel elle est bâtie, difficile de l’ignorer dans le quartier.

Sa dernière campagne de restauration avait concerné, en 1979 et 1980, les deux façades extérieures les plus visibles, au Sud et à l’Ouest.

Quant à son pouvoir d’attraction, il semble présent à entendre l’anglais qui résonne dans les bouches de quelques touristes étrangers en goguette devant la Tour Montjoie. Sa dernière campagne de restauration avait concerné, en 1979 et 1980, les deux façades extérieures les plus visibles, au Sud et à l’Ouest. Mais il n’avait pas réouvert au public pour autant, à cause des chutes de pierres. « On voit bien que les pierres sont rongées et vieilles. Le Monsieur qui habite tout là-haut, des pierres tombent dans son jardin », témoigne ainsi Bernadette en désignant une maison située plusieurs mètres au-dessus de la rue, tout en étant au pied de la tour.

« Jamais aucune pierre ne m’est tombée sur la tête !, nuance-t-on dans un sourire au Comité de quartier du Vieux Conflans. S’il en tombe une ou deux par an, c’est le maximum. » L’on s’y félicite d’ailleurs des travaux à venir, avec le souhait que ceux-ci permettent une réouverture de l’intérieur : « La sécurité est toujours l’argument qu’on nous a objecté quand on souhaitait valoriser la Tour Montjoie, faire des expositions, sous cette mandature comme sous la précédente. »

Le chantier de sécurisation des façades devrait débuter en juin, pour trois mois de travaux. L’entreprise spécialisée actuellement recherchée par la commune devra rectifier de nombreux problèmes : pierres « en équilibre instable », comme « la présence des fissures sur presque toute la hauteur de la façade Nord » ou « l’importante colonisation végétale ».

« La Tour est connue, on la voit en arrivant du pont, ce serait bien si on pouvait entrer dedans à nouveau », apprécie Isabelle, 46 ans, qui elle aussi habite au pied du monument. « Aujourd’hui, ce n’est pas possible [d’ouvrir l’intérieur au public], car il y a un risque de chute de pierres et le sol ne le permet pas », explique le maire Laurent Brosse (LR).

Cela pourrait être le cas si la municipalité décide de financer un second chantier estimé à deux mois, pour l’assainissement et l’aménagement du sol intérieur, afin d’accueillir des visiteurs. Encore en option à ce stade, il pourrait suivre le premier chantier et d’éventuelles fouilles archéologiques. « Les travaux sont estimés à 209 000 euros au total, dont 124 000 euros pour la tranche ferme (soit seulement les façades extérieures et intérieures, Ndlr) », indique Laurent Brosse.

Ce chantier, subventionné à hauteur de 40 % par le ministère de la culture, concerne la première des quatres phases de travaux possibles élaborées par l’architecte, la seconde étant une restauration complète des façades et maçonneries. « Pour l’instant, nous nous sommes concentrés sur la mise en sécurité, l’urgence le justifiait, précise le maire. La restauration sera à plus long terme, dans un contexte budgétaire plus favorable. »

Mauvaises fréquentations au Vieux Conflans ?

Certaines rues du quartier du Vieux Conflans,comme le petit jardin médiéval ouvert il y a quelques années au pied de la Tour Montjoie, seraient-ils mal fréquentés ? Les riverains déplorent des nuisances, la mairie répond avec des rondes supplémentaires de la police municipale. « Il est squatté l’après-midi et le soir, parfois ça crie, ça hurle », décrit Bernadette, voisine de la Tour Montjoie et de son petit jardin potager médiéval, qui ne vient plus jardiner ce potager partagé que le matin.

« Le problème est qu’il faut valoriser les lieux mais aussi les entretenir, les occuper, les protéger. Très naturellement, des bandes de squatteurs viennent les occuper, comme tout terrain vague », déplore-t-on au Comité de quartier du Vieux Conflans. « J’ai demandé à la police municipale de faire des passages réguliers sur place pour éviter les problèmes », précise le maire Laurent Brosse (LR) tout en confirmant l’existence de nuisances dans le quartier historique.