Elue, elle quitte mairie et interco : Sophie Primas se livre

Situation interne de la fédération dont elle est secrétaire fédérale, bilan de son action à Aubergenville depuis son élection en 2014 : grande interview de la sénatrice-maire.

Cet article a été publié au sein d’un dossier comprenant également une enquête relative à la situation actuelle de la droite et de la fédération LR des Yvelines :
http://lagazette-yvelines.fr/2017/10/04/va-droite-yvelinoise/

Vous avez été réélue au Sénat, comment analysez-vous le résultat des élections sénatoriales ?
C’est un très bon résultat dans les Yvelines au vu de ce qu’il s’est passé au mois de juin, c’était important pour nous de soutenir le président du Sénat (Gérard Larcher, Ndlr) dans le département. C’est aussi un signal politique attendu par la droite yvelinoise d’une façon générale.

Ils (les grands électeurs, Ndlr) ont trouvé dans notre candidature une capacité à faire ce qu’il faudrait faire au niveau national : rassembler largement la droite sur un spectre qui pourrait aller des souverainistes jusqu’au centre.

Allez-vous quitter Aubergenville ?
Sûrement pas ! Je savais qu’en partant aux sénatoriales, le spectre de cette loi scélérate (sur le non-cumul des mandats, Ndlr) était là, j’en ai parlé à mon équipe qui l’a accepté, je me suis présentée. J’y ai beaucoup réfléchi, et je me suis efforcée de séparer ce qui était mon attachement fort à la ville, de l’utilité que les uns et les autres pouvaient avoir pour la commune et pour les Aubergenvillois.

Il m’a semblé qu’en étant sénateur, en restant dans le conseil municipal et au conseil communautaire tout en passant le relais à quelqu’un de mon équipe, je permettais d’avoir la combinaison la plus bénéfique pour la commune, mais ce n’est pas sans difficultés personnelles et affectives.

Que retenez-vous de votre mandat de maire ?
C’est une aventure humaine passionnante, un mandat de maire, c’est là où on change les choses de façon visible pour les habitants, et ça, ça va beaucoup me manquer. On prend des décisions, on réussit, parfois on se trompe, mais on fait les choses et assume pleinement.
[…]
Je suis fière d’avoir aussi dans mon équipe des gens qui ont un sens aigu pour, avec peu de moyens, faire sortir les Aubergenvillois de chez eux. Quand je vois 4 500 personnes à la Fête de la lumière, au printemps, ca me rend vraiment fière, il y a des choses qu’on avait du mal à faire et qu’on a réussies.

Qui vous remplacera dans l’exécutif de la communauté urbaine (elle y est première vice-présidente, Ndlr) ?
C’est en cours de discussion. Dominique Belhomme est parti (il était conseiller communautaire délégué, Ndlr), j’aimerais bien qu’Aubergenville ne disparaisse pas de l’exécutif et je souhaite qu’il reste une trace de la communauté de commune Seine-Mauldre (fusionnée dans la communauté urbaine, Ndlr). Il ne faut pas renier l’histoire.

Où en est la fédération LR des Yvelines, dont vous êtes secrétaire départementale ?
Je vais être très cash : je pense que le printemps a sonné tout le monde. C’était un choc assez important même si on sentait bien venir que les querelles de chapelle créées au moment des primaires auraient un effet.

Les troupes sont un peu perdues, sonnées, elles nous interrogent tellement qu’elles n’osent se positionner sur les débats en cours sur le prochain président. Le résultat des sénatoriales est une bouffée d’air pour tout le monde et ça va nous permettre, à David Douillet, Gérard Larcher, Pierre Bédier, Valérie Pécresse et moi-même de repenser une organisation, des équipes, de remettre en route ce mouvement qui est à reconstruire.

Comment expliquez-vous ces nombreuses désaffections de militants ?
C’est le résultat de ce qui s’est passé depuis un an et demi, des chapelles, des confrontations quelques fois un peu vives et tout le temps douloureuses sur le terrain. Il y a un vivier de droite extraordinaire dans les Yvelines, avec des gens de qualité, beaucoup de renouveau, des maires de sensibilité du centre et de droite. Il faut aller chercher tout le monde, c’est ce qu’on a fait aux sénatoriales.

J’étais très frappée, et très touchée, qu’en étant si meurtris des élections présidentielle et législatives, on a eu un soutien indéfectible d’un certain nombre de gens qui n’ont pas leur carte, et pour autant étaient comme un seul homme derrière nous. C’est ça qui compte !
Qu’on soit wauquiériste ou fasquelliste, je veux que la droite yvelinoise se reconstruise à partir de ce qui a fait sa force tout le temps : l’ouverture à tout le monde.

Où en sont les rapports avec l’UDI et le Modem ?
Je ne préfère pas faire de commentaire car je ne comprends pas bien leurs alliances et leurs positionnements. J’ai trouvé au Modem pendant les sénatoriales des gens qui nous ont soutenu et sont remarquables, à l’UDI des gens qui nous ont soutenus aussi. Je ne sais pas et je ne veux pas m’avancer. C’est peut-être encore plus compliqué que chez nous, car ils sont encore plus proches que nous de LREM.

Toutes les branches politiques ont été un peu ébranlées par ce qui est arrivé. Et il y a aussi des opportunismes qui sont nés et qui ont un peu détruit le tissu politique existant, qui apportent de la confusion. Il faut laisser un peu de temps passer : il est urgent d’apaiser la pâte à crêpe avant de faire la Chandeleur.

Thierry Montangerand devrait être le prochain maire d’Aubergenville

L’élection du nouveau maire n’aura lieu que fin octobre, mais la bientôt ex-maire Sophie Primas (LR) soutient son adjoint Thierry Montangerand pour lui succéder. Double entretien.

« Je m’inscris parfaitement dans la continuité du début de mandat, on continuera ensemble jusqu’au bout sur cette base », assume Thierry Montangerand.

Pourquoi avez-vous choisi Thierry Montangerand ? Quel rôle aura-t-il, et quel rôle conserverez-vous ?
Sophie Primas : Il faut que Thierry trouve sa place (elle lui transmettra son bureau de maire, ce qui n’est pas toujours le cas dans de telles situations, Ndlr), je lui ai seulement demandé de pouvoir partager un bureau avec d’autres adjoints. La façon dont on a envisagé les choses, et je le fais aussi par loyauté envers les Aubergenvillois, est qu’on a été élus avec un programme.

Je continuerai à m’investir à ses côtés sur les grands projets complexes comme la refonte du quartier de la gare, l’agrandissement de Marques avenue, la refonte du centre commercial d’Acosta ou le cabinet médical à finir. Je le laisserai prendre la main sur la gestion de la commune mais je serai présente.

Pourquoi avez-vous souhaité prendre sa suite, Monsieur Montangerand ?
Thierry Montangerand : Je m’étais impliqué sur un certain nombre de dossiers importants, je me suis dit que je voulais voir ce qui se passait au-dessus.
Sophie Primas : Ca s’est fait en bonne intelligence avec l’équipe.

Quels sont vos objectifs pour votre demi-mandat ?
Thierry Montangerand : Je me suis engagé à exécuter le programme sur lequel on a été élus, c’est la base. Je m’inscris parfaitement dans la continuité du début de mandat, on continuera ensemble jusqu’au bout sur cette base. Et vu les projets en cours, je ne pense pas qu’on puisse faire autre chose (d’ici aux élections municipales, Ndlr).