Fermeture de la réanimation : la mobilisation ne fléchit pas

La manifestation contre la fermeture de la réanimation de l’hôpital de Meulan-Les Mureaux a réuni 550 personnes. L’Agence régionale de santé laisse entrevoir un sursis du service jusqu’en janvier.

Les soutiens au maintien du service réanimation au Centre hospitalier intercommunal de Meulan-Les Mureaux (Chimm) continuent à se faire entendre. Le mercredi 18 octobre, écharpes d’élus, blouses blanches et drapeaux syndicaux étaient mêlés sans distinction dans le cortège de près de 550 manifestants qui a rejoint la mairie des Mureaux à l’hôpital meulanais.

Personnels hospitaliers, réunis au sein d’un collectif, et élus locaux sont mobilisés depuis que l’Agence régionale de santé (ARS) a rejeté la demande de renouvellement de l’autorisation de maintien du service de réanimation, alors que l’actuelle prend fin au 31 octobre. Face à la gronde, l’ARS a récemment donné un délai au Chimm pour présenter un nouveau dossier.

Si le collectif espérait un millier de manifestants et la présence du médecin urgentiste Patrick Pelloux (qui n’est finalement pas venu, Ndlr), la participation de 550 personnes représente « une victoire », annonce Carole Mauger-Briche, responsable des urgences et membre du collectif du personnel hospitalier. « C’est la première fois que je vois autant de blouses blanches pour défendre un hôpital en Île-de-France », poursuit cette dernière.

Le long du cortège, impossible de trouver un riverain qui ne soutienne pas le mouvement de protestation. « Je suis 100 % pour, c’est inadmissible de fermer la réanimation d’un hôpital », s’insurge un Meulanais. Accoudée à la rambarde de la Poste, Nicole, Meulanaise, regarde la manifestation passer et craint que « si la réanimation ferme, l’hôpital ferme bientôt ».

« ARS aux feignants, hôpital aux patients », scandent les manifestants, qui ont également des slogans hostiles à l’adresse de Frédéric Mazurier, directeur du Chimm : « Mazurier au piquet, la réa ne fermera pas. » Alors que le cortège approche de l’hôpital, son directeur le regarde de loin depuis les barrières d’entrée. Mais aux questions des journalistes, Frédéric Mazurier souffle un simple « pas de commentaire ». Et précise juste : « Je vérifie que l’accès à l’hôpital se passe bien. »

Près de 550 manifestants, élus, blouses blanches et syndicats; ont battu le pavé pour afficher leur opposition à la fermeture de la réanimation.

Suite aux plusieurs rendez-vous début octobre entre l’ARS, les élus et le personnel, un sursis semble avoir été obtenu. « L’Agence a proposé que les établissements du Groupement hospitalier de territoire (GHT) du Nord Yvelines déposent avant le 31 octobre 2017 un dossier conjoint de demande d’autorisation d’une activité de soins critiques, activité répartie entre les trois sites et sous la responsabilité d’une même équipe médicale, indique l’ARS dans un communiqué du 9 octobre. Pendant la phase d’instruction de ce dossier et jusqu’à intervention d’une nouvelle décision, l’activité du service demeure inchangée. »

François Garay (DVG), maire des Mureaux et membre du conseil de surveillance de l’hôpital, explique que le dossier qui va être déposé par le GHT comprend « quatre lits de réanimation et quatre lits d’unité de surveillance continue » à l’hôpital de Meulan-en-Yvelines. Ce dossier passera en janvier devant la Commission spécialisée pour l’organisation des soins (CSOS – dont l’avis consultatif défavorable au renouvellement de l’autorisation de l’activité de réanimation avait mené à la décision de l’ARS, Ndlr)

Le maire des Mureaux apprend qu’en attendant, l’activité de réanimation serait maintenue jusqu’au « 31 janvier ». Et d’ajouter : « L’autorisation (de poursuite d’activité jusque fin janvier, Ndlr) va nous être donnée cette semaine, c’est un premier pas. Aujourd’hui, je pense que la réanimation à Meulan-Les Mureaux restera et existera. »

Son homologue de Meulan-en-Yvelines et présidente du Chimm, Cécile Zammit-Popescu (LR) affiche moins d’optimisme de son côté et explique rester vigilante. « On attend l’écrit de l’ARS qui dit noir sur blanc qu’on peut poursuivre la réanimation jusqu’au 31 janvier. On nous a dit qu’on le recevrait sous peu, tempère Cécile Zammit-Popescu. Et même si l’ARS soutient le projet commun, la décision reste entre les mains de la CSOS. »

Le collectif du personnel hospitalier attend également la confirmation écrite du maintien de l’activité jusqu’en janvier et confirme n’être toujours pas rassuré. « Si on a la dérogation jusqu’au 31 janvier, que va dire la CSOS en janvier ?, s’inquiète Carole Mauger-Briche. On ne sera satisfait que quand on aura des lits de réanimation, on veut une autorisation de cinq ans. » En attendant de telles annonces, le collectif, qui communique « 16 000 signatures » à sa pétition, promet « de nouvelles actions, beaucoup plus fortes ».

Un recours encore au tribunal

Fin septembre, deux recours avaient été déposés, par le conseil de surveillance du Centre hospitalier intercommunal de Meulan-Les Mureaux (Chimm), au tribunal administratif contre la décision de l’Agence régionale de santé (ARS) de fermer le service de réanimation. Il s’agissait d’un recours sur le fond contre la décision de l’ARS et un recours contre cette décision en référé suspension.

Lors de la manifestation de la semaine dernière, Cécile Zammit-Popescu (LR), maire de Meulan-en-Yvelines et présidente du Chimm, a annoncé que le référé suspension avait été perdu. « Un référé suspension doit réunir deux conditions : urgence et illégalité, détaille Cécile Zammit-Popescu. Le tribunal a dit qu’il n’y avait pas de motif d’illégalité. Mais on maintient la requête sur le fond. »