Des voeux pour défendre leur existence plutôt que la fusion 78/92

Les voeux communs des Hauts-de-Seine et des Yvelines ont été transformés cette année en une défense collective de l'existence des départements franciliens, menacés par l'Etat.

Leur troisième cérémonie commune de voeux sera-t-elle la dernière, alors que l’Etat s’apprête à revoir l’organisation administrative de l’Île-de-France ? Mardi 16 janvier, Pierre Bédier et Patrick Devedjian, présidents LR respectifs des Départements des Yvelines et des Hauts-de-Seine, ont exprimé leur volonté de ne pas voir disparaître leurs collectivités, et leur souhait d’une Métropole du Grand Paris (MGP) fondue dans la Région (voir ci-contre).

A Boulogne-Billancourt, dans le grand auditorium de la Seine musicale, ils partagent la scène avec Christian Favier (PCF), président du conseil départemental du Val-de-Marne, le président du Sénat Gérard Larcher (LR) et celle de la Région Valérie Pécresse (LR). Face aux près de 1 300 invités, chacun loue l’utilité de l’échelon départemental. Les présidents des autres Départements franciliens s’expriment par vidéo interposée (sauf celui de Seine-Saint-Denis avec lequel des désaccords subsistent quant à l’organisation alternative proposée, Ndlr).

« Ce qui nous rassemble dans ce combat est bien plus fort que ce qui nous différencie », lance Christian Favier à Pierre Bédier. Il regrette que le gouvernement envisage de « supprimer ce qui fonctionne bien pour le remplacer par des territoires qui peinent à exister », en référence à la récente proposition du préfet d’Île-de-France Michel Cadot qui verrait la suppression des Départements de petite couronne au profit des 11 Etablissements publics territoriaux.

Les deux hôtes du soir mettent surtout en avant l’utilité de leurs collectivités, et de la fusion qu’ils ont engagé voilà deux ans.

« Nous bâtissons ensemble, finalement, une Région-métropole qui ne dit pas son nom » qui est « écologique, attractive et solidaire », a avancé Valérie Pécresse après avoir énuméré ses réalisations. « L’échelle régionale est la seule qui permet de lutter contre les inégalités, a-t-elle assuré. Dans ce territoire déjà fracturé, on viendrait encore ajouter une barrière, une frontière, un périphérique entre grande et petite couronne ? »

Les deux hôtes du soir, eux, mettent surtout en avant l’utilité de leurs collectivités et de la fusion qu’ils ont engagé voilà deux ans. « Les Départements ne se laisseront pas flouer par ce jeu de dupes, cette recentralisation à marche forcée, s’emporte Patrick Devedjian. Est-ce vraiment cela la simplification ? Remplacer trois Départements par 11 Etablissements publics territoriaux ? […] Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est renforcer ce qui marche, et donc renforcer la décentralisation. »

Encore plus offensif que son homologue altoséquanais, Pierre Bédier estime que « jamais l’arrogance du pouvoir n’a été aussi forte », et ironise : « Le plus commode serait de nous contenter de sourire de cette exaltation du monde nouveau dans lequel nous sommes supposés être entrés le 7 mai dernier. » Alors, « ne soyons pas surpris dès lors que les réformes qui se préparent visent à nous affaiblir et à nous opposer », a-t-il analysé : « C’est leur but essentiel sinon unique. »

INTERVIEW
Pierre Bédier (LR) : « Nous proposons une répartition des tâches »

Que proposez-vous à Emmanuel Macron ?

Le précédent président de la République a créé en Île-de-France deux structures supplémentaires, la Métropole du Grand Paris et les Etablissements publics territoriaux. Nous, plutôt que cet empilement de structures, proposons une répartition des tâches entre deux grands blocs.

Le bloc communal, c’est-à-dire la commune, porte d’entrée pour tous les citoyens, et l’intercommunalité qui doit faire ce que la commune ne sait pas faire seule. Et un bloc métropolitain : composé des Départements, et de la Métropole du Grand Paris à une échelle régionale, partageant les mêmes élus et la même administration, mais en partant des territoires départementaux, qui ont une expérience biséculaire de la relation au territoire (et seraient point d’entrée des citoyens, à l’instar des communes pour les intercommunalités, Ndlr).

Vous estimez-vous soutenus par les citoyens ?

Soyons honnêtes, les citoyens, ça leur passe largement au-dessus. Ils ne comprennent pas comment ça marche car c’est devenu tellement compliqué… et puis ce n’est pas leur sujet, ce que les citoyens veulent, ce sont des résultats. Nous sommes obligés de défendre ces citoyens car nous savons que l’organisation proposée par Monsieur Macron provoquera des résultats catastrophiques en termes de services de proximité.

Ce qu’il va se passer, s’il ne nous écoute pas, est qu’il y aura, en matière de services publics de proximité, ce qu’il y a déjà avec les services publics d’Etat : les fermetures de postes, de gares, d’écoles. On connaîtra le même phénomène, ce seront des fermetures de gymnases, d’équipements culturels.

Pensez-vous avoir une chance d’influer sur la décision finale ?

Je ne sais pas si le président de la République, que je ne connais pas, est capable d’écouter la voix du bon sens.