Le rapport Duron repousse le projet A104 après 2030

Le Conseil d'orientation des infrastructures estime le projet comme non prioritaire, et recommande au gouvernement de repousser sa réalisation à 2038 au moins.

La nouvelle était attendue des élus et des riverains, ceux qui souhaitent sa réalisation comme ceux qui s’y opposent fermement, parfois depuis plusieurs décennies. Jeudi 30 janvier, le Conseil d’orientation des infrastructures, présidé par Philippe Duron, a remis au gouvernement son rapport destiné à « mettre en oeuvre la priorité donnée par le président de la République à l’amélioration des transports du quotidien ». Il enterre pour deux décennies le projet d’autoroute A104.

Destiné à permettre le bouclage de la Francilienne de Mériel (Val d’Oise) à Orgeval, le projet A104 consiste en l’élargisssement de la RN184 à trois voies entre Mériel et Méry-sur-Oise, puis la création d’une voie autoroutière nouvelle jusqu’à Orgeval. Son coût est estimé à trois milliards d’euros pour 28,2 km. Ce report satisfait le maire de Conflans-Sainte-Honorine et l’association de riverains opposée au projet, mais pourrait desservir Poissy dont l’édile souhaitait sa réalisation.

« Le Conseil recommande de ne pas prévoir une réalisation du projet de prolongement de l’autoroute A104 avant 2038 quelque soit le scénario considéré et d’en réexaminer l’opportunité d’ici 2030 », résume sèchement le rapport remis jeudi dernier. Ses 16 membres recommandent « de ne pas poursuivre les études de réalisation du projet », et d’utiliser ce report « pour approfondir les solutions alternatives d’amélioration du réseau structurant existant ».

A l’appui de leur recommandation, ils estiment que « les études et la concertation autour de ce projet n’ont pas progressé », que « la plateforme multimodale (projets PSMO puis PSME, Ndlr) d’Achères peut fonctionner au moins à moyen terme » sans l’A104. Ils y ajoutent « le coût élevé », additionné de « difficultés environnementales » et « la priorité à donner aujourd’hui préférentiellement aux solutions de mobilités alternatives au renforcement du réseau autoroutier en Île-de-France ».

L’association Copra 184, qui lutte depuis trois décennies contre le projet, ne cache pas sa satisfaction. « C’est dans la ligne directe de la commission Mobilité 21 (créée en 2012, Ndlr), commente sa présidente Christiane Paravy. On ne se démobilise pas parce que si le projet est reporté à beaucoup plus tard, il est aussi préconisé qu’il faut améliorer l’existant. […] C’est ce qu’on préconisait également, en particulier la RN184, et on va insister sur le développement des transports en commun. » Elle évoque ainsi le Tram 13 express (ex-TGO, Ndlr) qui « n’avance pas trop ».

Le maire de Conflans-Saint-Honorine, Laurent Brosse (LR), s’était publiquement opposé au projet A104 il y a quelques mois, qu’il juge « pas concevable aujourd’hui dans un contexte budgétaire contraint ». Il s’est félicité par un communiqué d’un report « qui va dans le sens d’une utilisation pragmatique des deniers publics et de la préservation de notre environnement », et suggère d’étudier « une solution alternative qui pourrait passer par le réaménagement complet de la RN184 ».