Il est né à Mantes-la-Jolie en 1973, et s’est longtemps cherché avant de trouver sa voie comme éducateur spécialisé. Dans cette branche, il travaille quinze ans au cœur du Val fourré, avant de tout changer. D’urbain, il devient un habitant de la ruralité, et de travailleur du social, il passe patron d’un camping construit de ses mains, dans le petit village de Charente qu’est Exideuil-sur-Vienne.
L’enfance de Christophe Derveaux, fils d’une mère employée de mairie et d’un père menuisier, se passe à Dennemont, puis à Limay où il est collégien, avant d’arriver dans le quartier mantais des Martrais. Mais cette enfance passe aussi par les terrains de football : « J’ai fait un peu tous les clubs du coin », se rappelle-t-il aujourd’hui. Son autre terrain de jeu s’avère être le bord de la Seine, tout proche : « J’avais l’habitude d’y jouer beaucoup, d’y pêcher, d’y faire du vélo. »
C’est encore l’eau qui est au cœur de la passion de sa jeunesse, la planche à voile, et plus précisément le windsurf, discipline qui consiste à réaliser des figures hors de l’eau. Il découvre la discipline à 14 ans, et entre peu après au lycée Saint-Exupéry, où sa vivacité et sa passion prennent le pas sur sa scolarité, malgré des capacités. « Ce n’est pas une fierté, mais si j’ai arrêté mes études, c’est aussi un peu pour ça : dès qu’il y avait du vent, je n’allais plus à l’école », analyse-t-il. Lui trouvait alors le moyen d’aller s’entraîner sur la côte Atlantique avec d’autres passionnés.
Il quitte le lycée en seconde, pour passer un diplôme de géomètre. Ce BEP, il ne l’obtient pas, et s’engage alors dans un sport-études de planche à voile, où il décroche son diplôme d’éducateur. Une fois embauché dans une base sportive Yvelinoise, il est à nouveau déçu. « Donner des cours, rester dans un zodiac toute la journée à répéter les mêmes choses » le fatigue vite.
Alors, lorsqu’une nouvelle maison de quartier se crée dans le quartier du Val fourré, il postule et en devient directeur. « Les maisons de quartier offraient des activités de consommation, nous avons eu l’idée de faire différemment : les habitants créaient leurs propres activités », note Christophe Derveaux. L’initiative fonctionne, mais l’arrivée de la droite à la tête de la commune signe l’arrêt de mort de la structure. Il devient alors en 1997 éducateur dans un foyer, toujours au Val fourré, toujours dans le secteur des Musiciens.
« C’est un travail très enrichissant, qui donne une certaine autonomie professionnelle, et permet de savoir répondre rapidement à des gros problèmes, de tempérer, de négocier, analyse-t-il de cette décennie de sa vie. L’image que les gens ont du Val fourré est relativement négative, mais derrière se cache un grand potentiel de culture et de métissage, il y a des gens incroyables, des artistes, comme Faudel que j’ai connu tout petit. »
En 2005 et 2006, deux drames touchent le foyer où il travaille, beaucoup de ses salariés choisissent de partir, il est de ceux-là. Pour des raisons familiales, il décide de tout lâcher dans le Mantois, et part s’installer en Charente, à la campagne. Il y crée une activité de canoë, après avoir aidé un Hollandais à monter son propre camping. Il s’en inspire, et passe les cinq prochaines années à monter son projet… et à le construire, tout seul ou presque : « Il a fallu que je me mette à toucher à tous les corps de métier, j’ai encore beaucoup appris. »
Depuis 2011, son Camping de la rivière, ses cinq salariés et ses 25 emplacement sur les berges de Vienne accueillent les touristes… mais aussi les locaux dans son snack : « Mon but était que les touristes puissent accéder aux gens d’ici. Certains vont maintenant camper chez eux quand ils viennent, c’est super ! » Passé de l’urbain au rural, et du social à l’entrepreneuriat, c’est finalement toujours la relation humaine qui le passionne. Alors, il ne force pas trop sur les tarifs : « C’est difficile pour tout le monde de partir en vacances. Je trouve aussi que les gens qui ont une vie compliquée financièrement sont souvent plus sympas que ceux qui ont beaucoup d’argent. »