Ironman, Robocop, de nombreux sobriquets sont apparus sur la toile lorsque les images de Kevin Piette portant la flamme olympique ont déferlé sur les réseaux sociaux. Et pour cause, avec son exosquelette de l’entreprise Wandercraft sur le dos, le Pisciacais s’est offert un joli buzz pour son employeur et lui. « C’était inattendu, on se doutait qu’avoir un exosquelette nous offrirait une visibilité internationale, mais de là à ce que les réseaux sociaux s’enflamment » raconte le pilote d’essai qui croulait sous les demandes de photos après sa centaine de mètres parcourus. Pourtant, c’est un peu par hasard s’il s’est retrouvé parmi les relayeurs.
Début 2023, une de ses collègues lui balance au détour d’une conversation : « Dis-moi Kev’ tu veux être porteur de flamme ? ». D’abord dubitatif, « je ne savais même pas qu’on pouvait s’inscrire », elle le convainc en lui expliquant qu’il remplit toutes les conditions. Après tout, un des leitmotivs de Paris 2024 est de tendre vers les jeux les plus inclusifs de l’Histoire. Par ailleurs, il représente également la résilience. Touché au niveau de la vertèbre T10 lors d’un accident de moto survenu il y a douze ans et le rendant paraplégique, Kévin n’a pas stoppé sa vie pour autant. C’est tout le contraire même.
Ève lève-toi
Depuis une dizaine d’années, il s’est mis au paratennis. De plus, entre 2017 et 2020, il participait au championnat moto des pilotes à mobilité réduite. « J’ai roulé en France, en Espagne et en Italie » se remémore le Pisciacais. Sa candidature suit son cours, en septembre 2023 le Pisciacais fait partie des 20 000 dossiers retenus, puis quatre mois plus tard, Kevin reçoit le fameux mail : « C’était un samedi matin, je n’y croyais pas trop, entre les spam et les fakes, je l’ai pris à la légère. Enfin Je me rends compte via des connaissances qu’eux aussi ont été choisis donc c’était bien vrai. » Au départ, il devait le faire en fauteuil roulant mais six semaines avant la date butoir, il propose à Wandercraft d’utiliser l’exosquelette. Comme les tests s’avèrent concluants, le pilote d’essai obtient le feu vert.
Retrouver la station débout est une importance vitale pour les personnes paraplégiques ou tétraplégiques. Au-delà de l’aspect moral, les bénéfices physiques sont légion. « Cela permet de réduire les douleurs, la spasticité (raideur musculaire involontaire), d’améliorer la vascularisation, de faciliter le transit. L’exosquelette sert aussi bien pour la marche que le bien-être santé » détaille le porteur de la Flamme olympique. Le dispositif – baptisé Eve pour le moment – que les internautes, spectateurs et téléspectateurs ont pu admirer n’est pas encore commercialisé. « Nous visons fin 2025-début 2026, mais pas de pression » précise Kevin. Toutefois une première version est déjà disponible, seulement à destination des hôpitaux ou des centres de rééducation. Une fois sorti, il pourra permettre à une partie des 200 000 personnes en fauteuil roulant de pouvoir retrouver un peu d’autonomie.