Aurelien Rousseau : « Il faut dire la vérité aux gens sur l’AME »

Il y a une dizaine de jours, Aurélien Rousseau – accompagné d’anciens ministres de la Santé - signait une tribune contre la suppression de l’Aide médicale d’État (AME). Le député de la 7ème circonscription des Yvelines alerte sur les conséquences désastreuses qu’apporterait une éventuelle réforme.

Pourquoi avoir rédigé cette tribune ?
Le premier ministre martèle qu’il faut dire la vérité alors c’est ce que nous avons fait. La vérité, elle a déjà été établie dans plusieurs rapports qui ne plaçaient pas l’AME (Aide Médicale d’État, Ndlr) comme facteur d’attractivité pour l’immigration. Non, on ne traverse pas la Méditerranée pour se faire poser un anneau gastrique. Il y a de nombreux fantasmes que Monsieur Retailleau jette en pâture à l’opinion publique, c’est une manière de ne pas respecter les gens. Cette tribune est importante car elle démontre que, que nous soyons de droite ou de gauche, l’AME reste un dispositif indispensable.

Est-ce que d’autres pays ont des dispositifs semblables à l’AME ?
Partout il y a des dispositifs de prises en charge car les médecins doivent prendre soin des personnes. L’Espagne avait réduit l’AME et après trois ans a vu la mortalité augmenter. Finalement, ils ont décidé de faire machine arrière.

L’AME coûte 1,2 milliard par an, quand on regarde la situation financière de la France, ne serait-elle tout de même pas un moyen de réaliser des économies ?
Oui, ce serait une économie, mais comme ce serait une économie de fermer tous les hôpitaux. Par ailleurs, la dépense de l’assurance maladie est de 155 milliards d’euros, donc finalement l’AME représente une petite part. Le panier de soin de l’AME, c’est un panier minimal et non du soin de confort.

En cas de réforme, quelle sera la différence entre l’AME et l’aide médicale d’urgence (AMU) ?
Ce que je comprends, c’est que Les Républicains disent qu’on doit limiter la prise en charge à des situations d’urgence comme les arrêts cardiaques, les accidents… Mais un étranger qui tousserait et qui irait voir son médecin au cas où, s’il s’avère qu’il a la tuberculose, mieux vaut qu’il soit pris en charge avant de contaminer tout le monde. Et si l’AME ne se reposait que sur les hôpitaux, cela coûterait plus cher à l’État car les soins d’hôpitaux sont plus chers à rembourser.

Que répondre aux personnes qui disent qu’il y a des profiteurs ?
Deux rapports ont été réalisés, avec à chaque fois la même conclusion : ce n’est pas un facteur d’attractivité. Idem quand j’étais ministre de la Santé et qu’avec Gérald Darmanin, nous avions demandé à Claude Évin et Patrick Stefanini un autre rapport. Les deux sont encore tombés d’accord sur ce point. En plus, ce sont souvent les plus modestes qui ont le moins recours au système de soin….

Cela fait trois mois que vous êtes député sur le territoire, qu’avez-vous remarqué au sujet de la Santé dans cette circonscription ?
C’est une préoccupation fondamentale. Je viens de voir le directeur départemental de la Santé et nous discutions de la future maison de la santé qui doit s’installer à Vaux-sur-Seine. Je vais voir comment je peux accompagner ce projet. Les médecins actuels ont envie de travailler ensemble et de ne plus être tout seul dans leur bureau de 8 h à 22 h.
J’ai également un gros sujet sur le centre cardiologique d’Evecquemont qui pourrait déménager. Je reste également attentif au centre hospitalier de Meulan-en-Yvelines-les-Mureaux car c’est très tendu au niveau de la pédiatrie. Le problème est lié aux ressources humaines. Il faut donc le renforcer et le conforter. Cela représente plus de 1 000 accouchements par an quand même !

Si vous aviez une baguette magique, comment résoudre les problématiques liées à la Santé ?
Si nous avions une baguette magique, je pense qu’on aurait trouvé Merlin l’enchanteur depuis longtemps. Les dépenses vont forcément augmenter puisque la population vieillit. Le plus important reste l’accès au soin, puisqu’après nous sommes bien traités. Il faut un partage des tâches entre tous les acteurs du milieu médical, les médecins, les pharmaciens, les infirmières… Pour reprendre l’exemple des maisons médicales, il faut une collaboration entre les différents praticiens. Une personne diabétique peut avoir besoin de consulter son généraliste et un podologue donc retrouver les deux dans un même lieu est bénéfique.

Enfin, qu’est-ce que vous avez pensé du discours de Michel Barnier ?
Il a beaucoup parlé de la prévention et c’est ça qui fera que notre système de santé tiendra. Il y a des nouvelles méthodes de prédictivité avec des technologies qui peuvent intercepter les cancers avant qu’ils se déclenchent. Nous devons aussi trouver des dispositifs de prévention sur l’obésité.