Rappelez-vous : le 2 mai 2023, la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise annonçait l’arrivée d’une offre de trottinettes et de vélos électriques sur son territoire, avec l’opérateur Tier Mobility. Un lancement qui était alors « à titre expérimental » dans 7 communes volontaires regroupées en 3 pôles urbains : d’un côté Mantes-la-Jolie et Mantes-la-Ville, de l’autre Les Mureaux, Meulan-en-Yvelines et Hardricourt, et enfin Poissy et Carrières-sous-Poissy.
« On a été très courageux », se gausse Eddie Aït, Vice-Président de la communauté urbaine délégué aux mobilités. Il faut dire qu’à cette même époque, le sujet des vélos et trottinettes électriques polarisait quelque peu les débats, alors que Parisiennes et Parisiens venaient de voter pour leur retrait des rues de la capitale. Bon nombre d’habitants s’inquiétaient alors de potentiels abus, que ce soit en terme de circulation sur les voies, ou de stationnement anarchique. Les plus pessimistes imaginaient même un échec avant l’heure, les trottinettes étant plutôt adaptées aux grandes villes.
Pourtant, les chiffres semblent illustrer une adoption certaine du service par les habitants du territoire : en un an, ce sont pas moins de 360 000 trajets qui ont été réalisés sur l’ensemble des communes, soit une moyenne de 745 trajets par jour, et ce par 27 404 utilisateurs uniques. Un bilan jugé « très encourageant » par Eddie Aït. « Pour notre territoire, c’est énorme, ajoute-t-il. Ce qui est intéressant, c’est de voir une telle adoption dans des communes comme les nôtres où l’on pensait que ça ne fonctionnerait pas, car il n’y a pas beaucoup de centres, et beaucoup de gares ».
Justement, les gares. C’est autour de celles-ci que s’articule le plébiscite de ces vélos et trottinettes, qui sont principalement utilisés pour les trajets entre le domicile et la gare, pour ensuite relier la capitale en train ou en RER. « Cela permet d’alimenter le report modal, et donc de moins utiliser la voiture », se satisfait l’élu. En moyenne, chaque trajet se fait sur une distance de 1,8 km et dure 9,5 minutes.
Pour ce qui est de l’épineuse question du stationnement, l’opérateur Tier Mobility avait anticipé le coup, en équipant ses véhicules d’un dispositif contraignant les usagers à les garer dans les stations dédiées, la facturation d’une course ne prenant fin qu’une fois l’engin correctement garé. Et contrairement aux projections les plus alarmistes, ce système a l’air de porter ses fruits. « On est très loin du cataclysme qu’on nous annonçait », assure Eddie Aït, qui assure n’avoir observé aucun abus dans la commune de Carrières-sous-Poissy dont il est le maire.
Aujourd’hui, ce sont 12 communes qui bénéficient des vélos et trottinettes en libre-service, après l’extension du dispositif à Andrésy, Conflans-Sainte-Honorine, Limay, Tessancourt-sur-Aubette et Buchelay au début de l’année 2024. S’il n’est pas prévu, à l’heure où nous écrivons ces lignes, d’étendre le service au sein d’autres villes du territoire, les utilisateurs actuels vont être témoins d’un changement majeur : la flotte de véhicules Tier Mobility va prendre le nom de Dott, suite à la fusion des deux opérateurs en mars dernier, et ce à compter du mardi 10 décembre. « L’objectif est que la transition soit la plus fluide possible », affirme Jérémie François, responsable des affaires publiques pour Dott.
Concrètement, qu’est-ce que cela va changer pour les usagers ? En soit, pas grand chose. La seule véritable action à effectuer sera de télécharger l’application Dott sur son smartphone. Un lien vers celle-ci sera d’ailleurs accessible via l’application Tier. « Le parcours utilisateur va être facilité, avec une réinscription automatique, assure Jérémie François. Les utilisateurs recevront des messages réguliers pour faire la migration jusqu’au 10 décembre ». Date à laquelle les vélos et trottinettes électriques n’apparaîtront plus sur l’application de Tier Mobility, mais bien sur celle de Dott. Pour ce qui est du fonctionnement des véhicules, toutefois, rien ne change. Seuls des stickers à l’effigie du nouveau transporteur seront apposés sur ceux-ci, une fois qu’ils seront révisés.
Le principal avantage de ce changement, c’est la continuité de service entre le territoire de GPSEO et Paris. Et même avec toute l’Île-de-France. « Le bonus pour l’utilisateur, c’est qu’il pourra utiliser son forfait Dott indistinctement dans toute la région », souligne Jérémie François. Ce qui n’était pas possible auparavant, en raison des deux applications différentes. D’ailleurs, les prix non plus ne changent pas : on reste sur une tarification à 1€ le déblocage, et 25 centimes par minute.
Les forfaits d’abonnement, eux, vont bien évoluer. Le « Pass aller-retour » permettra d’effectuer deux trajets de 20 minutes, chacun valable 24 h, pour 4,99 euros. Avec le forfait Dott Flex, fixé à 2,99 euros et valable 1 mois, vous aurez des trajets à 2 euros illimités, alors qu’avec le Dott Pro (7 euros et valable 1 mois), ces mêmes trajets passent à 1,25 euros. Vous pourrez également opter pour le « Pass déverrouillage » qui, moyennant un paiement de 4,99 euros valable 1 mois, propose des déverrouillages gratuits. « Ces nouveaux forfaits ont été pensés pour encourager les abonnements, bien qu’il n’y ait toujours pas de renouvellement automatique », précise-t-on du côté de l’opérateur. Car elle est bien là, la marge de progression du service sur notre territoire : seulement 15,6 % des usagers des vélos et trottinettes en libre-service ont souscrit à un abonnement.
Quid des aménagements cyclables ?
Dans le but d’encourager les pratiques du vélo, la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise lançait, en 2019, un Schéma directeur cyclable pour rénover et étendre le réseau existant. L’objectif ? Passer de 270 à 850 kilomètres d’itinéraires cyclables. 40 kilomètres de nouveaux aménagements ont d’ailleurs été réalisés en 2024, notamment à Conflans-Sainte-Honorine, Limay et Vaux-sur-Seine, et presque le double devraient voir le jour d’ici 2026. « Le développement des modes actifs de déplacement ancre le territoire sur le chemin de la résilience et du développement durable, assure Eddie Aït. Nous voyons d’ailleurs une demande de nos concitoyens dans ce sens : une vie de plus de report modal, et de facilitation d’usages des modes de déplacements « alternatifs » dont le vélo fait entièrement partie ».