Patrons d’entreprises de toutes tailles, élus locaux ou simples curieux, près de deux cents personnes s’étaient pointées pour assister à un débat portant sur « La France et le Travail ». Celui-ci était organisé par Gérald Darmanin au Technoparc de Poissy le 20 novembre. Avant que l’ancien ministre de l’Intérieur n’expose ses idées, le micro passe de main en main entre les participants. Et très vite une thématique se dégage parmi tant d’autres : « le salaire coûte trop cher en France. » Une différence entre le brut et le net qui fait par exemple sortir de ses gonds la gérante d’une parfumerie locale à chaque fin de mois, lorsqu’elle réalise les fiches de paye de ses employés. Beaucoup hochent la tête en signe d’approbation, même si un autre participant rappelle à quoi servent ces cotisations, « financer notre système social ».
Ce sera donc le point de départ de la démonstration du député du Nord afin de redonner de « la valeur au travail ». Toutefois, l’élu précise que ses réflexions ne sont pas là pour gêner l’action du gouvernement, alors qu’un débat interne fait rage à propos des allégements fiscaux sur les salaires. « Notre modèle date de l’après-guerre, constate Gérald Darmanin, sauf que nous n’avons plus les mêmes conditions avec la démographie déclinante, l’inflation et une productivité moindre. » Pour l’ex-premier flic de France, il faut remettre en cause une partie de notre système social. « On le fait peu à peu » note-t-il en faisant référence à la proposition de la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq de baisser le taux de remboursement des médicaments de 5 %.
Vieux serpent de mer, il évoque aussi la retraite par capitalisation et, histoire de rajouter un peu d’huile sur le feu, rappelle que les fonctionnaires y ont le droit via la Préfon. En tant qu’ancien ministre du Budget, il insiste aussi sur le coût actuel de notre système actuel : l’Etat verse chaque année plus de 50 milliards d’euros pour équilibrer le système des retraites. « En France on arrive plus tard sur le marché du travail et on part plus tôt, mais on a les retraites les plus élevées d’Europe » remarque-t-il. De manière surprenante, Gérald Darmanin ose même pointer du doigt les retraités, pourtant base de l’électorat macroniste.
Sans remettre en cause les petites pensions comme il peut le voir dans son fief de Tourcoing, le fondateur du mouvement politique « Populaires ! » note qu’en proportion, il y a beaucoup moins de fiscalité sur la rente et sur l’héritage que sur le travail. Cependant, avant tout procès de « gauchisme », il se défend : « Ce n’est pour dire de les taxer plus, car on n’est pas socialiste, mais plutôt taxons moins le travail sans toucher aux autres ».
Autre idée lancée à la volée dans le but de s’enrichir grâce à son travail : donner une part aux salariés lors de la revente de leur société. « Les gens deviennent souvent riche lorsqu’ils vendent leurs sociétés, or des salariés ont participé à cette aventure en travaillant. L’État pourrait retirer une partie des taxes de revente qui finirait dans la poche des travailleurs. »