Nous l’avions quitté après sa récompense au Prix des Plurielles en mars, toute heureuse de voir qu’un projet autour de son fils neuroatypique, Kahyis, pouvait rassembler autant de suffrages. Une dizaine de mois plus tard – l’Extratypik, son projet de salon de coiffure mobile pour enfants porteurs de handicap – prend de plus en plus forme. Et surtout, il rafle tout sur son passage. Dernier prix en date, celui de Créatrice d’Avenir, événement de référence visant à mettre en valeur et à encourager l’entrepreneuriat des femmes en Ile-de-France, dans la catégorie « Quartiers », ce qui lui permet de repartir avec un chèque de 4 500 euros. « C’est un truc de ouf » s’exclame Siham Yara dans son franc parler habituel.
Une somme qui s’ajoute à celles déjà accumulées via divers moyens. Tout d’abord, la Muriautine a fait appel au crowdfunding sur la plateforme « Kiss kiss bank bank » où elle a récolté 10 000 euros. Puis le groupe La Poste l’a sélectionnée parmi plusieurs milliers d’autres campagnes de financement participatif présentes sur cette plateforme, lui octroyant 5 000 euros en plus. Et enfin elle a obtenu un prêt d’honneur de 42 000 euros. En parallèle de cela, la mère de Kahyis n’a pas non plus chômé. Elle a décroché son CAP de coiffeuse « alors qu’au départ, je ne voulais pas couper les cheveux » ainsi que les certifications PECCS et ABA après avoir suivi des formations d’analyse comportementale sur les enfants en situation de handicap. « C’est vrai que cela peut vite te monter à la tête » analyse Siham, « mais tant que je n’ai pas le camion je garde les pieds sur terre ».
Car le véhicule reste le point central de son salon de coiffure mobile, dont les premiers rendez-vous sont censés être en septembre 2024. « Il est unique, une architecte d’intérieur et une psychomotricienne ont tout dessiné et adapté pour que les enfants se sentent bien » explique la vainqueure de Créatrice d’Avenir. En effet, à l’intérieur du camion à l’intérieur duquel règnera une ambiance détendue et un paravent séparera les deux enfants en train de se faire coiffer afin d’éviter une surcharge émotionnelle. « J’espère juste qu’il sera comme je l’ai imaginé » conclue Siham avec le sourire.