Port d’Achères : bouleversements en vue

Le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Yvelines (CAUE) a lancé une phase de concertation post débat public autour du projet de Port Seine-métropole Ouest (PSMO). L’objectif est d’échanger avec les habitants autour des modifications territoriales induites par l’arrivée programmée du port.

Le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Yvelines et du Val d’Oise (CAUE) a lancé une phase de concertation autour du projet de Port Seine-métropole Ouest (PSMO), prévu à Achères. Durant le mois de mars, plusieurs manifestations sont menées telles que des croisières fluviales, tables rondes et promenades nocturnes afin de créer un espace d’échanges avec les habitants, une occasion de voir émerger des propositions concrètes axées sur l’aménagement territorial.

Les travaux sont censés débuter en 2018 pour ouvrir une première partie de cette plateforme multimodale de 100 ha voulue par Ports de Paris, la mise en service définitive de cet investissement estimé à 110 millions d’euros est espérée pour 2040. Principalement situé sur le territoire achérois, le port, d’abord dédié aux matériaux de construction, serait aussi pour partie à Andrésy et à Conflans-Sainte-Honorine.

« On va essayer de comprendre comment le paysage va être modifié et bouleversé pour ensuite faire des propositions éthiques qui permettent de conserver l’environnement existant », a expliqué lors de la table ronde Elisabeth Rojat Lefebvre, directrice du CAUE des Yvelines. Durant deux heures, mardi dernier, les trente personnes présentes ont donc planché par groupes afin de formuler des propositions concrètes qui s’inscriront dans la concertation globale du projet.

Depuis plusieurs années, les CAUE des Yvelines et du Val d’Oise mènent une approche de réflexion sur le territoire de la confluence, celui même concerné par le PSMO. L’association s’est donc proposée auprès de Ports de Paris, maître d’ouvrage du projet, pour conduire une phase de concertation en complément de celle organisée par l’établissement public.

Une restitution a permis de se rendre compte que le fleuve est un fil rouge pour plusieurs communes mais qu’il représente aussi un point de rupture entre elles. Beaucoup de pistes de réflexion ont été énoncées par les habitants notamment en ce qui concerne le développement de liaisons douces piétonnes et cyclistes, de transports fluviaux et d’activités de loisirs.

« Ce serait intéressant de pouvoir visiter le port, un peu comme ce qui se fait à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) », a envisagé Catherine, Andrésienne. A travers le projet de port d’Achères, les habitants ont exprimé leur souhait de voir apparaître un territoire du quotidien qui leur donnerait la possibilité de s’approprier le fleuve.

Une trentaine de personnes est venue participer à la table ronde organisée sur la thématique de loisirs, tourisme, liaisons douces et usages partagés.
Une trentaine de personnes est venue participer à la table ronde organisée sur la thématique de loisirs, tourisme, liaisons douces et usages partagés.

Ce même constat a pu être fait durant la croisière organisée samedi au départ d’Andrésy. Celle-ci avait pour objectif de faire découvrir la confluence Seine-Oise ainsi, d’appréhender la biodiversité, les paysages, le patrimoine et la navigation. A cette occasion, les personnes présentes ont émis quelques craintes quant aux bouleversements induits par l’arrivée de PSMO.

« On s’inquiète beaucoup de la pollution que ça va amener. On habite en bord de Seine et l’on est déjà confronté à des dépôts noirs dans l’eau, causés par les péniches, ont confié Sandra et Pascal, Andrésiens. Quand on sait que la voie rapide est surchargée, on se demande comment va se dérouler l’accès des camions à ce port ». Bien conscients malgré tout que l’activité économique est essentielle pour un territoire.

A peine débarqués à Andrésy, Valérie et Thierry ont entendu parler du projet. « La croisière nous a permis de savoir où le port sera construit, ont-ils révélé. « Le port est une bonne idée mais ça ramène forcément des industries donc, une pollution supplémentaire. On en voit déjà beaucoup, des plastiques qui s’accumulent dans l’eau, des bouteilles en verre et de la ferraille ».

Si la pollution est un sujet qui préoccupe tout le monde, celui de la préservation des milieux aquatiques et environnementaux également. « Toute l’activité et la dynamique du fleuve ont un impact comme par exemple sur l’érosion des berges, a souligné Antoine Fortin, responsable de la cellule technique du Syndicat mixte d’aménagement, de gestion et d’entretien des berges de la Seine et de l’Oise (SMSO). Il faut en tenir compte et développer des techniques qui permettent de réduire ces impacts ».

La modification du territoire est directement liée à l’arrivée du port comme en atteste le remblaiement programmé de l’étang des Fonceaux, à Achères. Depuis des dizaines d’années, celui-ci était le territoire d’une communauté de pécheurs se réjouissant de la biodiversité présente au sein de l’étang. Aujourd’hui, la centaine de pêcheurs est priée de quitter leurs cabanes car les sept hectares d’eau vont faire l’objet d’un remblaiement pour permettre l’acheminement des camions au site.

« En 2010, on avait eu la confirmation du maire d’Achères que l’activité pouvait continuer encore vingt ans », a souligné Mario Verlay, pêcheur à l’étang. En effet, un courrier adressé à l’association de pêche de l’étang des Fonceaux en 2010 indiquait que l’arrêté préfectoral prévoyait le remblaiement vingt ans après le début de l’exploitation de la société GSM. Il était indiqué que « l’exploitation en question n’a toujours pas démarré ce qui veut dire qu’il vous reste au minimum 20 belles années de pêche ».

Joint à ce sujet, Marc Honoré (LR), maire actuel d’Achères, a confirmé que l’exploitation devait se faire par GSM. « Le remblaiement est prévu sur deux ou trois ans donc pendant ce temps, la pêche peut continuer. L’objectif est de savoir comment on va enlever correctement l’ensemble des poissons présents dans l’étang, pour cela, on va travailler avec GSM et les pêcheurs ». Quant à savoir où la petite communauté ira par la suite pour continuer son activité, le maire a précisé qu’il existait d’autres étangs sur la commune et aux alentours.