« Les secteurs qui recrutent ne sont pas dans le Nord des Yvelines »

Pôle emploi a regroupé ses deux agences du Mantois en une seule en novembre. Son directeur depuis un an et demi, Patrick Rivoal, revient sur ce changement, et sur la situation difficile de l’emploi en vallée de Seine.

Quelle sont les caractéristiques du territoire ?
C’est principalement une population qui a un niveau de qualification moyen, voire faible. En zone rurale, la population est plus qualifiée, que ce soit en termes de formation initiale ou de formation acquise. Nous avons beaucoup de jeunes. La Zus (Zone urbaine sensible, Ndlr) du Val fourré est l’une des plus importantes d’Europe : 2 000 personnes y habitant sont inscrites à Pôle emploi.

Quelles entreprises passent par Pôle emploi ?
Nous avons beaucoup de collectivités et d’établissements publics, car nous comptons aussi beaucoup sur elles dans le cadre des différents emplois aidés. Par exemple, la mairie de Mantes-la-Jolie, c’est une centaine de contrats par an. Nous aurions besoin d’offres d’emplois dans les secteurs industriel et du bâtiment, et d’emplois non qualifiés.

« Dans les Yvelines, il y a une grande disparité entre territoires », explique Patrick Rivoal, directeur de l'agence Pôle emploi de Vernon.
« Dans les Yvelines, il y a une grande disparité entre territoires », explique Patrick Rivoal, directeur de l’agence Pôle emploi de Vernon.

Comment changez-vous le regard des entreprises, qui se disent souvent peu satisfaites du service de recrutement de Pôle emploi ?
Nous essayons d’être un appui, et de répondre sur mesure à leurs besoins. Parfois, les demandes des chefs d’entreprises ne correspondent pas au marché. Nous essayons de faire coïncider l’offre et la demande, c’est toute la richesse de notre métier. Pour les conseillers, c’est important d’avoir autant de contacts avec les entreprises qu’avec les candidats inscrits.

Comment évolue le chômage ?
Il est stable depuis un an et demi. La baisse du secteur industriel, et la stagnation de la construction, ne permettent plus de trouver facilement du travail sur le Mantois. Dans les Yvelines, il y a une grande disparité entre territoires, les secteurs qui recrutent ne sont pas dans le Nord. Le chômage des jeunes inscrits a baissé, grâce aux contrats aidés. Nous travaillons aussi sur la mobilité des publics : certains sont prêts à travailler à plus d’une heure de chez eux, à la Défense et en petite couronne, et à contrario, d’autres ne sont pas mobiles du tout, il est alors difficile de trouver un emploi.

PÔLE EMPLOI EN CHIFFRES

Un peu plus de 90 personnes travaillent à l’agence Pôle emploi de Mantes-la-Jolie, avec environ 150 inscrits pour chacun des conseillers. Elle gère 15 000 demandeurs d’emploi, dont 10 000 en catégorie A (sans autre activité déclarée, Ndlr), pour environ 2 600 offres par an. L’agence couvre 80 communes, et travaille régulièrement avec 600 entreprises locales.

Côté indemnisation, plus de 80 millions d’euros d’allocations sont versées chaque année. Dans le Mantois, l’effectif salarié est de 30 000 personnes, réparties à 58 % dans le secteur industriel, à 28 % dans la construction, et à 14 % dans le secteur tertiaire. En vallée de Seine, le taux de chômage s’établit à 8,5 % pour l’agence Pôle emploi de Poissy, et à 11,4 % dans le Mantois.

Quels sont les prochains objectifs ?
Nous voulons indemniser le plus rapidement possible, et nous engageons à traiter les dossiers complets dans les cinq jours ouvrés. Nous voulons encore progresser sur les attentes des inscrits en termes d’aide au reclassement. Nous travaillons sur la réactivité vis-à-vis des recruteurs et des inscrits. Nous orientons aussi vers internet, Pôle emploi n’étant pas le seul site où trouver des offres.

N’y-a-t-il pas trop d’inscrits par agent (environ 150, Ndlr) ?
Très honnêtement, c’est toujours trop. Maintenant, nous ne mettons pas tout le monde dans le même moule, l’idée est de s’adapter aux besoins du candidat. Certains demandeurs ont une activité occasionnelle, ne sont pas disponibles à certains moments, d’autres, plus autonomes, se contentent d’échanges par courriel, pour d’autres encore, il y aura un besoin plus intensif.

Le déménagement surprend les usagers

Le 16 novembre, les agences Pôle emploi de Mantes-la-Jolie et de Mantes-la-Ville ont fermé. L’ensemble du personnel, comme l’accueil du public, sont désormais regroupés dans un bâtiment qui était toujours en cours de finition lors du déménagement.

Alors que le rez-de-chaussée est dédié à des commerces, Pôle emploi occupe la totalité des trois premiers étages.
Alors que le rez-de-chaussée est dédié à des commerces, Pôle emploi occupe la totalité des trois premiers étages.

« Ces sites n’étaient pas aux normes actuelles, datant d’avant la fusion et toujours estampillés ANPE et Assedic », détaille Patrick Rivoal, directeur de l’agence Pôle emploi du Mantois. Situé à l’angle des boulevards Calmette et Duhamel, en face de la gare de Mantes station, l’immeuble prénommé « Origami » a été réalisé dans le cadre du nouveau quartier Mantes université. Alors que le rez-de-chaussée est dédié à des commerces, Pôle emploi occupe la totalité des trois premiers étages.

L’agence cherchait des locaux depuis plus d’un an lorsque ces bureaux lui ont été proposés. « C’est l’opportunité, et l’accès aux transports en commun, qui a décidé Pôle emploi. Nous sommes idéalement situés, notre vocation est d’être au plus près des usagers », commente Patrick Rivoal. Si des affichettes avaient été accolées sur les agences bientôt fermées, et des courriels envoyés aux 6 000 usagers ayant donné leur accord, cette information n’avait visiblement pas suffi. En témoignaient les très nombreuses personnes se rendant aux agences fermées, à la fin du mois de novembre.