Très haut débit : le conseil général propose son mix

Le conseil général des Yvelines a présenté, en janvier, son nouveau plan de déploiement du très haut débit dans les zones d’initiative publique. En 2012, il était prévu un déploiement intégral du très haut débit par fibre optique, dans les 158 communes plus rurales du département. Aujourd’hui, la proposition avancée est « un mix technologique », composé de solutions intermédiaires : fibre optique pour certaines communes, amélioration des débits de l’ADSL pour d’autres.

Les 158 communes yvelinoises non couvertes par les opérateurs privés comptent environ 100 000 foyers. Il était originellement prévu un déploiement d’internet à très haut débit intégralement par fibre optique d’ici 2020, pour environ 150 millions d’euros. Le conseil général a annulé ce projet l’été dernier, tout en indiquant qu’il ferait une nouvelle proposition à la fin de l’année. Elle a finalement été émise en janvier, devant la Commission départementale d’aménagement numérique (CDAN).

L’assemblée départementale propose désormais l’adoption d’un « mix technologique », intégrant l’amélioration de l’ADSL et l’accès par satellite (voir encadré). Les arguments avancés pour justifier ce changement sont d’ordre budgétaires, mais aussi temporels.

« Nous cherchons à diminuer le coût et à améliorer la rapidité de déploiement, explique le chef de mission numérique au conseil général. Nous nous sommes détachés de la question un peu idéologique du « Il faut faire de la fibre optique’’ pour ‘’Il faut faire du haut débit ». Chacune des techniques a ses avantages et ses inconvénients. »

Dans le nouveau plan, 78 000 foyers seraient raccordés par fibre optique, dont 14 000 avec une priorité, compte tenu de leurs faibles débits actuels, comme à Epône. Les 23 000 foyers restants connaîtraient, eux, une amélioration des débits avec des solutions d’amélioration de la technologie ADSL, à l’image des habitants de Mézières-sur-Seine.

« C’est plus rapide, moins cher, et aussi moins performant. La technique a ses inconvénients, dans notre lecture de la situation, le principal avantage est que ça va plus vite », avance-t-on de ces solutions intermédiaires au conseil général.

Autre nouveauté, le Département souhaite créer un syndicat mixte ouvert avec les communes concernées par le déploiement public du très haut débit, comme l’a fait l’Eure voisine (cela avait entraîné un partage des coûts, Ndlr). L’objectif affiché est de permettre à une commune de choisir de refuser une solution intermédiaire, pour privilégier directement un déploiement, plus tardif, par fibre optique.

Car l’objectif reste bien un déploiement intégral du très haut débit par fibre optique, mais pas à l’horizon 2020, comme il était envisagé dans le premier plan. « Les finances publiques ne permettent pas d’aller aussi vite que ce que nous aurions souhaité. Tout le monde aura la fibre, même si nous n’avons pas déterminé l’échéance », résume le chef de mission.

L’association Broadband 78, qui milite pour une couverture intégrale du territoire en fibre optique, ne cache pas sa colère devant ce changement de cap. « Cela va faire reculer d’autant la ruralité yvelinoise, c’est du tricotage. La mise à la poubelle du premier plan voté par ces mêmes conseillers généraux est une honte démocratique », déplore ainsi son président, Jean-Michel Billaut.

ADSL, VDSL2, montée en débit, satellite, câble ou fibre optique ?

Les technologies d’accès à internet sont aujourd’hui nombreuses. La plus ancienne est l’ADSL, qui permet des débits descendants allant de 1 à 20 Mbits/s (haut débit, Ndlr). La montée en débit rapproche le nœud de raccordement de l’usager, dont la connexion ADSL évolue alors vers son maximum théorique de 20 Mbits/s.

Le satellite est cher, et moins rapide que l’ADSL à son maximum, mais permet un accès dans des zones très isolées. Le VDSL2 permet aux usagers les plus proches du central téléphonique (moins d’un km, Ndlr) de bénéficier de débits jusqu’à 4 fois supérieurs à l’ADSL (très haut débit, Ndlr). Enfin, le câble offre des débits allant de 30 à 200 Mbits/s selon les zones. La fibre optique, elle, offre un débit minimal de 100 Mbits/s.

Fusion Numéricable – SFR : quelles conséquences ?

La nouvelle du rachat de SFR par Numéricable est tombée en novembre dernier. Cette fusion ne sera pas sans conséquence sur le déploiement de la fibre optique en vallée de Seine. 104 communes urbaines des Yvelines, soit 500 000 prises, figurent dans la zone d’initiative privée (sans investissement public nécessaire, Ndlr), partagée entre Orange et SFR. En vallée de Seine, SFR est chargé du déploiement du très haut débit à Achères et à Conflans-Sainte-Honorine.

« Le nouvel opérateur constitué privilégiera, lorsqu’elle est présente, la technologie câble », indique une récente présentation de la préfecture d’Île-de-France. Achérois et Conflanais devront donc probablement, dans leur majorité, se contenter du câble, aux débits un peu inférieurs à ceux offerts par la fibre optique.