Aujourd’hui l’un des plus anciens horticulteurs de Rosny-sur-Seine, Jean-Pierre Dubois nait en 1957 à Mantes-la-Jolie, dans une famille bien connue dans la région, père notaire oblige. « Quand je tenais un stand sur le marché de Mantes, les gens étaient assez surpris », en sourit-il encore derrière son bureau, au sein de ses 6 000 m² de serres automatisées, qui constituent pour ce passionné une vraie fierté.
Lui, dès son enfance, porte son intérêt sur les plantes. A 16 ans, il choisit d’en faire son métier, soutenu par sa famille. Après sa formation, il part presque trois ans en Hollande. « J’avais été impressionné par les Hollandais, ils ont un savoir-faire, et savent répondre à un marché », se souvient-il de cette période. Il y rencontre sa future femme, qui travaille avec lui dans l’exploitation, et avec qui il aura deux enfants.
De retour, il reprend l’exploitation qu’il occupe toujours aujourd’hui : « C’était la plus proche de Mantes, tout simplement. » Il vend ses plantes d’intérieur et de massifs au marché de Rungis, avant de s’engouffrer, dans les années 1980, sur le marché en forte croissance des jardineries.
Une décennie plus tard, il réitère avec la vente de fleurs en grandes surfaces de bricolage, puis en hypermarchés, jusqu’à devenir le premier fournisseur d’Auchan. « Nous avons produit 15 millions de plantes. Jusqu’en 2009, je produisais entre 20 000 et 50 000 plantes par semaine », explique-t-il des nombreuses années passées à répondre aux commandes des géants du commerce.
En parallèle, à partir de 1999, il se met à vendre 10 % de sa production en direct, dans le petit magasin de l’exploitation. En 2008, les prix de vente à la grande distribution s’effondrent et l’orchidée, qu’il ne produit pas, devient la star des plantes d’intérieur. L’année suivante, ses serres subissent de plein fouet un épisode de grêle.
Sa décision est radicale, alors que la lassitude l’envahit : désormais, il vendra tout en direct. Pour ce fou de plantes, la course effrénée au prix aura été fatale. « Dans la grande distribution, il n’y a aucun respect, aucune reconnaissance. A la fin, j’en venais à me demander si j’étais encore horticulteur ou pas », regrette-t-il d’un circuit commercial qui se préoccupe peu de la qualité.
Aujourd’hui, il ne regrette pas son choix, qui lui a également permis de se lancer, il y a deux ans, dans la production maraîchère. « Je me consacre uniquement à mon métier, à l’amour de la plante et à transmettre ma passion, partagée avec le client. On retrouve son âme de producteur », note-t-il sous ses serres, dont l’automatisation poussée lui a toujours permis d’utiliser très peu de produits phytosanitaires.
Enfin, côté commercialisation, il est très impliqué dans une association de producteurs, et va lancer sa Ruche qui dit oui, système de vente directe mutualisant la commercialisation des productions d’exploitations locales. Il souhaitait déjà de telles coordinations avec ses confrères lorsqu’il vendait à Rungis, sans parvenir à les convaincre à l’époque. Mieux vaut tard que jamais, semble-t-il penser aujourd’hui, heureux de constater que les choses évoluent dans le bon sens.