En campagne, la ministre esquive les profs

Les syndicats d’enseignants du Mantois ont manifesté leur mécontentement pour la venue de leur ministre, Najat Vallaud-Belkacem, à l’occasion d’un meeting électoral à Magnanville.

Ils l’attendaient de pied ferme, mais n’ont pu rencontrer directement, ni même saluer Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Education. Elle est déposée par la voiture de ses gardes du corps directement devant la salle polyvalente, qui accueille le meeting du binôme de candidats socialistes, tandis que la grille est refermée sur les enseignants. Mercredi dernier, à l’appel de la Fédération syndicale unitaire (FSU), une cinquantaine de professeurs et parents d’élèves étaient venus manifester leur colère face à la réduction des moyens qui touche les collèges et lycées.

Ces enseignants exercent aux collèges Galilée, Cézanne, de Gargenville, Chénier, des Plaisances, ou au lycée Saint-Exupéry, dont plusieurs sont classés en Réseau éducation prioritaire. Leurs griefs ? Moins d’heures attribuées, des classes qui ferment, et des options supprimés. Ils avaient écrit en amont à la ministre, indique Michel Chastan, délégué Snes à Saint-Exupéry : « Nous posons la question, politique, de savoir si les territoires comme Mantes méritent, ou pas, un peu plus de moyens qu’ailleurs. »

Mercredi soir, une délégation de parents et professeurs a rencontré un conseiller technique de Najat Vallaud-Belkacem en mairie de Magnanville. « Nous attendions quelqu’un qui puisse parler politique, nous avons eu des réponses techniques », commente le syndicaliste, clairement insatisfait.

Au même moment, la ministre de l’Education arrivait en voiture, et esquivait tout dialogue direct avec les enseignants, présents devant la salle qui accueillait le meeting socialiste. « Nous avons été l’objet de toutes les attentions jusqu’à son arrivée, puis n’avons plus eu aucune nouvelle. Pour moi, c’est très significatif de la manière dont on traite les gens localement », note, amer, Michel Chastan.

Les Plaisances fait collège mort

Dans l’établissement, classé en Réseau éducation prioritaire, parents et professeurs sont unis pour protester contre la diminution du nombre d’heures allouées à la prochaine rentrée par l’inspection académique.
Dans l’établissement, classé en Réseau éducation prioritaire, parents et professeurs sont unis pour protester contre la diminution du nombre d’heures allouées à la prochaine rentrée par l’inspection académique.

Sur les marches du collège des Plaisances, ce matin du mardi 17 mars, enseignants et parents ont sorti thermos et biscuits, et discutent joyeusement. Les cours ont commencé, et pourtant, l’établissement est vide, ou presque : seuls sept élèves sont présents, la faute à une journée « collège mort », organisée à l’initiative des parents d’élèves.

Les professeurs, eux, avaient massivement fait grève le 5 mars dernier. A l’origine de leur colère, l’annonce par l’inspection académique de la diminution de la dotation globale horaire de l’établissement, à la prochaine rentrée. « Nous sommes entièrement d’accord avec les doléances des professeurs », soutient Valmont Mouton, un délégué des parents d’élèves. « Nous demandons des moyens horaires suffisants pour avoir des classes qui n’excèdent pas 24 élèves, sans diminuer l’offre de formation actuelle », affirme Jean-Baptiste Margantin, délégué Snes-FSU dans cet établissement de 540 élèves, classé en Réseau d’éducation prioritaire.

« Nous avons l’impression que l’adjectif prioritaire est un vain mot, nous sommes l’un des collèges plus mal dotés de l’éducation prioritaire dans les Yvelines », estime aussi le professeur de lettres classiques. Depuis le début de l’année, pas moins de 14 exclusions de disciplines ont été faites : un record dans le département, qui semble témoigner des difficultés particulières d’enseignement aux Plaisances.

Le Snes et les parents ont invité le directeur académique des Yvelines à visiter l’établissement, mais refusent un déplacement à l’inspection académique. « Le problème est qu’on nous reçoit, on nous écoute, on nous dit qu’on nous a écouté, mais rien ne change », justifie Jean-Baptiste Margantin. Contactée par La Gazette, l’inspection académique n’a pu nous répondre dans les délais impartis à la publication de cette édition.