Ancrer l’écriture dans un territoire

La médiathèque accueillait, le 9 avril, une table ronde sur l’utilité des résidences d’auteurs.

C’est un autre rapport aux livres et à la lecture que les élèves peuvent adopter à travers les résidences d’auteurs. Les écrivains également viennent y puiser leur inspiration et enrichir leurs thématiques. Une résidence d’auteur est un lieu d’accueil, pour un auteur, sur un territoire donné durant 4 à 10 mois. Luc Tartar est, lui, en résidence depuis le début de l’année, deux jours par semaine, au collège Rosa Bonheur de Châtelet-en-Brie (Seine-et-Marne) et affirme avoir tissé « un lien entre le territoire même et (son) projet. »

Il cherchait « comment inscrire Chatelet-en-Brie » dans son livre, et c’est finalement le personnage de Rosa Bonheur, peintre du XIXème siècle, qui lui a « donné la clef. » Actuellement en phase d’écriture, l’auteur échangera encore avec les élèves de son établissement de résidence jusqu’au 30 juin. « Peut-être que la littérature, et au-delà les arts, peut redonner confiance et ouvrir des perspectives ? Aider les personnes, les élèves, les professeurs et les auteurs à vivre », s’interroge Luc Tartar.

Les institutionnels sont aujourd’hui à l’origine de ces projets. « Le cœur de nos objectifs est l’expérience de la rencontre entre des publics, apprentis ou élèves, et un écrivain qui porte un regard subjectif sur le monde. C’est la qualité du projet littéraire qui fait la force de la rencontre », explique Isabelle Reverdy, chargé de mission à la Région Île-de-France.

« Le livre est un lieu de vie »

Patrick Souchon, chargé de mission pour le livre et la lecture auprès du ministère de l’Éducation nationale, s’est exprimé sur le rôle des résidences d’auteur.

Quel était l’intérêt de cette table ronde sur les résidences d’auteurs ?
Les résidences d’auteur constituent un levier puissant du côté de l’Éducation nationale pour favoriser le développement et les pratiques de lecture et d’écriture des élèves. Cela permet à un écrivain de travailler avec des élèves sur le long terme, à la fois sur l’écriture et les pratiques de création, mais aussi sur les pratiques réflexives et la lecture. L’écrivain est un auteur contemporain qui prend en compte le passé et le patrimoine, il donne accès à la littérature en générale.

Qu’est-ce que cela peut apporter à des collégiens ou des lycéens ?
Ce qui est très important aujourd’hui est de créer des liens entre les professionnels du livre, bibliothécaires, libraires, écrivains, éditeurs, avec les collectivités territoriales autour de la lecture et de l’écriture. Plus que jamais aujourd’hui, notamment à la lumière des événements de janvier dernier, la lecture est le lieu de la réflexion, de la distance et de la médiatisation de la pensée.

Les bibliothèques et les médiathèques sont-elles des lieux à réinventer ?
Ces projets de résidences confèrent à la bibliothèque cette dimension de vie littéraire. Le livre, la lecture, c’est la vie aussi. Souvent les représentations scolaires font du livre essentiellement un lieu d’apprentissage, alors que le livre est un lieu de vie et de socialisation. La bibliothèque est bien placée pour promouvoir cette idée.