Un village transformé par le futur quartier du Mitan

Une zone située à l’Est de Chapet a été imposée par le Schéma directeur de la région d’Île-de-France (SDRIF), dans les années 90, afin d’implanter de nouveaux logements dans la commune. Chapet avait ensuite défini une zone de 15 hectares pour la réalisation de ce projet, repris depuis par l’Opération d’intérêt national (OIN) Seine aval. Les premiers logements verront le jour dans 4-5 ans.

« Faire un esprit ville en gardant l’esprit village, et prolonger le village en évitant les lotissements », c’est l’objectif de l’Etablissement public d’aménagement du Mantois Seine Aval (Epamsa), possible maître d’ouvrage du projet visant à redynamiser la commune de Chapet.

« Nous sommes en déficit d’habitat dans les Yvelines. L’OIN (Opération d’intérêt national) nous a encouragé à nous lancer dans l’urbanisation. Pour l’intérêt de la commune, nous sommes favorables, avance Jean-Louis Francart, maire (SE) de Chapet. Quand on s’agrandi il y a une dynamique qui se crée. Nous sommes en manque de commerces, j’espère que l’on pourra en ouvrir quelques-uns. »

La commune connaîtra une progression de 80 % de sa population à l’issue du projet.
La commune connaîtra une progression de 80 % de sa population à l’issue du projet.

Des études ont été réalisées l’an dernier par l’Epamsa, pour savoir comment pourrait s’organiser le futur quartier du Mitan. « Nous ne sommes pas dans le détail pour l’instant. Des études en amont ont été réalisées par Urban act (agence d’architecture, Ndlr) pour savoir comment densifier sans faire des maisons individuelles », indique le maître d’ouvrage.

Les réponses de l’appel d’offre lancé en mars ont été reçues le 7 avril. Le dépouillement des candidatures vient de commencer et une présentation des maîtres d’œuvre sélectionnés devrait se tenir le 9 juillet.

« Notre rêve est qu’on ne puisse pas dire ici c’est ancien et ici c’est nouveau ».
« Notre rêve est qu’on ne puisse pas dire ici c’est ancien et ici c’est nouveau ».

Urban act estime, dans son étude urbaine, qu’environ 300 à 350 logements pourraient être construits dans la Zone d’aménagement concertée (Zac) du mitan. « Il y aura une part de social, chaque commune y est contrainte, mais ce n’est pas pour y faire un quartier social », précise Denis Courtot, directeur de l’aménagement de l’Epamsa.

Au-dessus de 1 500 habitants, la loi SRU (relative à la solidarité et au renouvellement urbain, Ndlr) impose 25 % de logements sociaux aux communes. Composée d’environ 1 400 habitants aujourd’hui, la population de Chapet augmentera à terme de 80 %.

PAROLES DE CHAPETOIS

Un commerçant, une retraitée et un nouveau propriétaire donnent leur avis sur le projet.

« Je pense que ça amènera du monde. Chapet, c’est un peu calme. Ici, il n’y a pas de boulangerie, il n’y a pas d’épicerie, il n’y a rien. Avec la mairie et le cimetière, on est les seuls ici », confie Corinne Hulot, gérante du seul restaurant de Chapet (l’ancien Amuse gueule) qu’elle vient de racheter avec son mari. Restau’range devrait ouvrir à la mi-mai. Sa fille, Anne-Sophie, considère qu’agrandir la commune est une bonne chose même si Chapet « est une petite ville sympa » et qu’ « il ne faut pas ramener tout ce qu’il ne faut pas. »

Un Chapetois, habitant dans le village depuis 30 ans et aujourd’hui retraité, pense qu’ « il faut bien que tout le monde puisse se loger », pour sa part le projet de réaménagement de Chapet ne le « gène pas du tout. »

Philippe Lambert est, lui, un nouvel habitant de la commune, mais il connaît le territoire : « Je suis arrivé il y a deux mois, avant j’habitais Verneuil-sur-Seine. Je cherchais quelque chose de calme. Je sais qu’il va y avoir des logements sociaux, mais je ne n’y vois pas de mal si ça n’apporte pas de délinquance. Chapet reste quand même un village dortoir. Maintenant que les anciennes générations sont parties, il y a beaucoup de gens qui travaillent sur Paris, beaucoup d’actifs. On est à deux minutes de l’A13, et par rapport au coût de l’habitation on a une certaine tranquillité. »

Pour l’instant, l’Epamsa soutient ne pas être le maître d’ouvrage, même si « dans l’idée » cela ne semble faire aucun doute : « Dans le marché cadre lancé, la communauté d’agglomération de deux rives de Seine (CA2RS) a signé la convention qui nous dit ce que l’on peut faire comme études opérationnelles pour leur compte. »

Depuis 6 ans, l’aménageur public a engagé des discussions avec les élus du conseil municipal de Chapet, afin de faire une extension du village et non un nouveau village, en respectant une certaine cohérence. « Notre rêve est qu’on ne puisse pas dire ici c’est ancien et ici c’est nouveau ». Il faut faire un tissage sans discriminer le territoire, mais ce n’est pas simple, rapporte Denis Courtot.

L’aménagement se fera sur le long terme, en utilisant au mieux l’espace disponible et en préservant les terres agricoles. D’ici 4 à 5 ans, les premières constructions commenceront et s’échelonneront pendant une dizaine d’années. Entre 30 et 40 logements par an sortiront du sol.

Plutôt favorable au projet, Jean-Louis Francart est en revanche moins confiant quant à la déviation de la RD 154, dont le tracé a été arrêté par conseil départemental des Yvelines. « Elle passera par un bout de Chapet et ramènera de la circulation. Au lieu de passer par Orgeval, les gens passent par Chapet pour récupérer l’A13. Je crains que ça nous apporte plus de circulation. Nous ne voulons pas être asphyxiés », s’inquiète le premier magistrat.