« La République a toujours été un champ de bataille »

Le journaliste et fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, et l’historien Benjamin Stora étaient invités à un débat autour du « mieux vivre ensemble », le 27 avril, à l’espace des habitants.

« Depuis des années, des politiques minent ce vivre-ensemble, jouant sur nos peurs et nos haines (…) la question, c’est d’inventer des réponses. Arriver à faire face, sortir de ce qu’on nous ressasse dans les médias dominants », lance Edwy Plenel devant un parterre d’environ 200 personnes. L’association Innover et agir qui organisait le débat, la semaine dernière sur le thème « comment mieux vivre ensemble », se présente comme « un outil de réflexion » et « un laboratoire d’idées ouvert à tous les citoyens républicains et démocrates. »

Ses fondateurs sont d’anciens conseillers municipaux socialistes. Les invités du soir sont eux aussi orientés politiquement, notamment Benjamin Stora, l’historien avait soutenu les deux derniers candidats PS, Ségolène Royal puis François Hollande, à l’élection présidentielle. Pour le professeur d’histoire contemporaine, la perte d’espoirs autour des « projets politiques » est « un défi terrible pour la gauche ». Il estime que le mieux vivre ensemble passe avant tout par la connaissance de « l’histoire des autres, et donc la culture et la religion des autres. » Un propos résonant aux Mureaux, où plus de 80 nationalités coexistent.

« Il y a aujourd’hui, dans l’université française, à peine cinq professeurs d’histoire du Maghreb contemporain. Comment voulez-vous que les enseignants du secondaire ou d’ailleurs, puissent à leur tour transmettre l’histoire d’une population, très nombreuse aujourd’hui sur le territoire français, originaire du Maghreb », s’interroge Benjamin Stora.

Les propos d’Edwy Plenel se font au long cours. L’emploi du « nous » est fréquent, la mise en avant « du mot égalité » également. « Cette question de l’égalité est essentielle (…) si nous sommes égaux nous pouvons faire mouvement », relève le journaliste pour qui « la République a toujours été un champ de bataille » en France. Les points de vue des personnes du public sont souvent suivis d’applaudissements. Au fond de la salle, Alassane juge qu’une forme d’omerta s’installe. « Il y a une incompréhension qui est totale et générale. Être musulman, aux Mureaux, et ne pas forcement être assidu, ça exclut… le racisme anti-blanc, il y est aussi. » Une réaction indignée dans la salle, annoncera les premières prises de paroles discordantes.