En digne héritière de son mentor Jacques Chirac, Valérie Pécresse part tôt : tête de liste de l’UMP aux élections régionales des 6 et 13 décembre prochain, elle est en campagne depuis presque un mois. Mercredi dernier, l’un de ses premiers meetings, sous forme d’un débat, se tenait à Houdan avec un public de maires, de parlementaires et de militants.
Ce soir-là, la députée des Yvelines fait feu de tout bois contre l’actuel président Jean-Paul Huchon (PS). Elle n’en oublie pas Claude Bartolone, ancien président du conseil général de Seine-Saint-Denis et candidat PS juste déclaré (voir encadré). « Comparons les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis si l’on veut voir la différence de gestion entre gauche et droite », affirme-t-elle d’un ton assuré, avant de mettre le public en garde : « On va vous dire que vous êtes trop riches, et qu’il faut que vous payiez pour les autre Départements qui sont mal gérés. »
Des applaudissements nourris jaillissent à l’évocation de la réduction de 75 % du titre de transport accordée aux étrangers sans-papiers par le conseil régional. Elle le supprimera pour financer le tarif unique du passe Navigo, sur lequel elle ne reviendra pas après avoir été farouchement opposée : « C’est de la démagogie pure. » L’autre source de financement de ce tarif est pour elle le déménagement du siège du conseil régional, engagé depuis neuf mois par la gauche.
« Il y a deux types de Franciliens : ceux qui ont eu un camp de Roms près de chez eux, et ceux qui n’en ont pas eu. La sociologie du vote FN, c’est ceux qui ont un camp de Roms dans leur village », assure la candidate devant un public conquis, qui là encore applaudit. Elle promet d’exiger devant l’Union européenne la fermeture des frontières roumaines tant que cette minorité y sera opprimée.
Enfin, Valérie Pécresse aborde les difficiles sujets du FN, et des alliances avec l’UDI ou le Modem. « Ils sont beaucoup plus intéressés à se faire élire qu’à résoudre vos problèmes », estime la candidate de ses adversaires d’extrême-droite, souvent parachutés en Île-de-France. « Je respecte les UDI mais je leur dis de faire attention : on ne peut être responsable de la défaite », avertit-elle les centristes, pour l’instant décidés à faire cavaliers seuls au premier tour.
A 22 h 30, elle clôt le débat, et file rapidement par l’arrière : suite à l’annonce de sa candidature par Claude Bartolone, Nicolas Sarkozy l’a bombardée de textos toute la soirée. Les militants et responsables politiques repartent rassurés sur ses capacités personnelles, peut-être moins quant au message à transmettre, si ce n’est celui d’une alternance qu’ils attendent depuis 17 ans.
Pierre Bédier, un soutien très limité
Le président du conseil départemental des Yvelines Pierre Bédier (UMP) était présent lors du meeting de lancement de la campagne de Valérie Pécresse (UMP), samedi 11 avril à Bois d’Arcy, malgré une inimitié presque légendaire entre ces deux poids-lourds de la politique yvelinoise. Mais son soutien reste très mesuré, à en croire un portrait de la candidate publié en avril par Le Point.
« Pécresse n’a pas de pif, pas de charisme. Si la politique s’apprenait à l’école, elle serait la meilleure. Mais ça ne s’apprend pas. Pour gouverner une région, il ne faut pas seulement connaître ses dossiers, il faut sonder le tréfonds du coeur des 210 lascars qui siègent », estimerait en effet Pierre Bédier, a rapporté l’hebdomadaire.
PS : Bartolone candidat, Huchon résiste
Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d’Île-de-France depuis 1998, avait annoncé depuis plusieurs mois son intention de se représenter. Sa première vice-présidente, Marie-Pierre de la Gontrie, s’était à sa suite déclarée également candidate. La semaine dernière, tout s’est accéléré : Benoît Hamon, député des Yvelines et ancien ministre, déclarait son intérêt.
Le même jour, Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, se déclarait également candidat. L’ancien président du conseil général de Seine-Saint-Denis était alors rapidement soutenu par la maire de Paris Anne Hidalgo, le premier ministre Manuel Valls, puis par Benoît Hamon et Marie-Pierre de la Gontrie. Ne reste plus que Jean-Paul Huchon : celui-ci a rencontré Claude Bartolone lundi soir (après la mise sous presse de La Gazette, Ndlr).