Gens du voyage… et de la bonne parole

Avec l’arrivée des beaux jours, les communautés de gens du voyage partent en mission évangélique. Deux d’entre elles étaient stationnées en vallée de Seine. Rencontre.

Ces deux dernières semaines, deux groupes de gens du voyage étaient installés, l’un à Bonnières-sur-Seine, l’autre à Buchelay, face à l’usine Safran turboméca. Aujourd’hui repartis, ils débutaient là leur grand voyage d’été. Les deux congrégations sont membres du mouvement Jeunesse et vie, rattaché à l’église protestante et qui regroupe environ 110 000 tsiganes en France. « Notre but est d’annoncer l’évangile, la parole de Dieu à notre peuple et à la population alentour », explique ainsi le pasteur Stéphane Rabuffetti.

A 48 ans, il est le chef de la mission installée temporairement à Bonnières-sur-Seine, regroupant une quarantaine de familles sarthoises. « Souvent, le groupe grandit au fil des semaines, les gens nous rejoignant sur notre passage », détaille-t-il. « Je suis énormément satisfait du message, et des fidèles qui sont avec nous », décrit de son côté Louis Feugier, pasteur de 39 ans, et chef de la mission girondine qui a posé ses caravanes à Buchelay, face à l’usine Safran turboméca. Satisfait, il l’est nettement moins de l’arrêté d’expulsion prononcé par le préfet des Yvelines.

Des cinq aires de grand passage résultant de leurs obligations légales, les collectivités yvelinoises n’en comptent… aucune, rendant normalement toute expulsion impossible. Alors, l’arrêté préfectoral, qui mentionne notamment des branchements illégaux à l’eau et à l’électricité (l’enlèvement des déchets a lui été payé, Ndlr), lui reste en travers de la gorge.

Il raconte qu’EDF n’a jamais envoyé le technicien demandé, et que la commune a refusé une proposition de paiement de l’eau potable. « La devise de notre mission est d’apprendre les bonnes manières. Ici, il n’y a pas d’alcool, pas de musiques autres que tsiganes, pas de motos, assure-t-il. Celui qui fait ça est directement expulsé : c’est dommage qu’on nous fasse passer pour ce que nous ne sommes pas. »

Le camp de 80 familles et autant de caravanes, n’a pas reçu la visite des protestants du Mantois. A l’inverse, ceux de Bonnières-sur-Seine ont pu échanger autour de la religion, d’après leur pasteur : « Des sédentaires ont participé cette semaine. Certains sont déjà chrétiens et membres d’églises évangéliques, d’autres viennent découvrir. »