Aboubakry N’Diaye, l’homme le mieux informé du Val fourré

Ses vies personnelle comme professionnelle sont au coeur du Val fourré mantais. Sa passion ? L'information, qu'il écoute et lit, mais aussi produit lui-même sur son blog, très lu dans le quartier.

Ses vies personnelle comme professionnelle sont au coeur du Val fourré mantais. Sa passion ? L'information, qu'il écoute et lit, mais aussi produit lui-même sur son blog, très lu dans le quartier.

A 29 ans, Aboubakry N’Diaye est un homme sérieux, et sacrément discret sur lui-même. Ce portrait, il a mis neuf mois à l’accepter, attendant le moment opportun. Finalement, sa présence comme témoin dans un livre sorti ce mercredi emporte son accord.

Dans Ma vie à deux balles, Sophie Brändström et Mathilde Gaudéchoux continuent par écrit le webdocumentaire réalisé en 2013 sur cette « génération débrouille ». Aboubakry, ou Abou comme on l’appelle plutôt, est l’un de ces quelques jeunes adultes suivis par les auteures de l’ouvrage.

En cette journée d’août, il reçoit La Gazette au coeur du secteur Peintres-Médecins, emblématique du quartier, lourdement touché par les rénovations urbaines. Peu sont ceux à passer sans le saluer, témoignage de son implantation et de sa connaissance du terrain. « Ce n’est plus le Val fourré d’avant », constate-t-il placidement, assis dans un parc issu de la démolition de son ancienne école.

A l’origine, deux parents sénégalais arrivés là par une trajectoire finalement commune en vallée de Seine : du travail, puis un logement et des enfants, sept en tout. De son enfance, puis de son adolescence, Abou retient d’abord de bons souvenirs, lui qui est plutôt bon en classe.

Sa passion, c’est le football, qui rapidement devient la passion du savoir footballistique : « Depuis que je suis petit on m’appelle le journaliste, c’était le cas de mes amis d’enfance. Je m’intéressais à tout, avec les parties de foot, je connaissais tout sur le football, et c’était il y a 20 ans ! »

Après quelques années d’études, il entre dans la vie active, comme vendeur, et en parallèle comme assistant d’éducation. A partir de 2009, il écrit pour la presse locale, avant d’arrêter en 2012 avec 300 articles, sportifs puis sur tous les sujets, de belles rencontres, quelques déceptions et un manque de perspectives professionnelles au compteur.

Alors, sur les conseils d’un ami, il se décide, comme beaucoup d’autres futurs journalistes, à lancer un blog d’information locale, Mantes actu, mis en ligne en février 2013. « Au début, même s’ils te poussent, beaucoup de gens n’y croyaient pas, rappelle-t-il de son ambition. Ils se sont dit : tu as lancé un site, mais ce n’est pas facile. »

Deux ans plus tard, le blogueur a fait son trou et publie quasiment un article par jour. S’il écrit sur tous les sujets de la vie locale, les faits divers occupent une place importante : « Les gens les veulent, nous sommes obligés de relater les accidents de la route, les incendies, les incidents. »

Si les ressources publicitaires dégagées par Mantes actu ne lui permettent pas encore de quitter le domicile familial, il s’approche du seuil minimal de revenu des journalistes professionnels : « Au début, c’était une passion, j’en ai fait mon métier », commente-t-il sobrement.

Côté journalisme, sa plus grande difficulté est aussi son plus gros atout : il connaît tout le monde ou presque. Alors, il n’est pas toujours facile de parler des sujets sensibles, amis ou famille oblige. En attendant, il est devenu la voix de tout un quartier, ce qui est un sacrément bon début.