Créatrice de mode urbaine, Noémie a bientôt 25 ans. Elle a grandi à Mantes-la-Ville et a passé ses années lycées dans l’établissement privé Notre-dame, à Mantes-la-Jolie. « La banlieue pour moi c’est hyper important », témoigne la jeune styliste franco-japonaise.
Pas vraiment fan de Paris, qu’elle trouve « humainement parlant invivable », elle transite entre la capitale et surtout Mantes, où elle investit actuellement le salon de la maison familiale. « Paris c’est plus pour les rendez-vous professionnels, pendant 6 mois j’avais un local où les journalistes venaient chercher des vêtements ou faire des shooting ».
Mais avant une collection, c’est bien à Mantes qu’elle préfère travailler pour l’instant. «J’ai plus d’espace et c’est plus vivant, je suis avec mes parents. C’est bien d’être avec la famille, ils voient ce que je fais et m’encouragent. »
Après un Bac S, elle avait cette volonté de travailler dans le visuel, pour devenir « soit paysagiste, soit styliste». Les deux ans passés sur les bancs d’une école de mode ne l’ont pas beaucoup aidée. Ce sont surtout les stages qui l’ont formée, et notamment le travail entrepris avec une créatrice mongole.
« Pendant deux ans et demie on ne s’est pas quitté. J’ai donné énormément de ma personne, c’était de gros sacrifices. Mais c’est comme ça que j’ai appris le rythme, j’ai tout vu sur tous les domaines : la presse, le business, la confection, la production, la distribution… J’étais collée à elle tout le temps. »
Puis retour à l’indépendance. Les nombreux allers-retours à Los Angeles (États-Unis) lui ont donné envie d’entreprendre et de retrouver sa « personnalité créative ». C’est en rentrant à Paris qu’elle décide de lancer sa marque, après un stage avec Diane Pernet, pionnière des blogs de mode « sur le terrain ».
C’est cette dernière qui lui a donné l’axe à suivre pour son évolution de carrière. Ne pas être pressé, ne pas avoir d’objectif concret à 20 ans, mais surtout faire ce qu’on aime. « J’ai réalisé que ce qui me plaisait c’était de créer », admet Noémie, qui se lance alors avec une simple ligne de t-shirts.
L’ouverture d’un compte Instagram et ensuite tout s’est accéléré pour sa marque : « Un mois plus tard, Vice US (magazine et groupe de presse américain, Ndlr) m’a contacté pour faire un article sur leur site internet. » Depuis l’article, paru en juillet 2014, « ça été le gros buzz », confie Noémie.
Beaucoup de papiers et d’interview sur sa marque, Nattofranco, sont ensuite parus en anglais. Une langue qu’elle parle couramment. « Mon ex petit-copain était américain (…) l’american dream me faisait rêver à l’époque et au fur et à mesure l’anglais est resté. »
Mais son identité est surtout franco-japonaise, comme sa marque : « le natto est un mets japonais que l’on mange au petit-déjeuner, ce sont des graines de soja fermentées, ça pue (rires, Ndlr). Il n’y a que les Japonais qui mangent ça. Mais phonétiquement je trouve que ça sonne bien… Et franco, je l’ai trouvé en faisant un brainstorming. Je voulais vraiment que la marque garde le fil rouge franco-japonais, car je resterai franco-japonaise à vie. Ce n’est pas une question de tendance. »
Si elle souhaite conserver « le gros patrimoine » de sa double identité, son enseigne s’exporte surtout ailleurs. Notamment dans des boutiques multi-labels à Toronto (Canada), Los Angeles ou Hong-Kong (Chine). « Je sais que les acheteurs français sont très réticents, parce qu’il y a la TVA en plus lorsqu’ils achètent », précise Noémie. Mais les choses pourraient vite changer. Elle retrouvera bientôt Paris, dans un nouveau quartier proche de Belleville, pour y installer son atelier.