« On croit se connaître, mais l’expliquer est difficile »

La photographe Catherine Bendayan est engagée dans une série d’ateliers consacrée à l’identité et à la diversité avec des élèves du lycée Condorcet.

Ce matin de septembre, dans une salle de l’immense établissement qu’est le lycée Condorcet, des élèves de Terminale professionnelle, engagés dans un projet autour de l’identité et de la diversité, ont découvert l’intervenante de ces ateliers. « Je suis une juive berbère originaire du Maroc », entame Catherine Bendayan en guise d’introduction sur sa propre identité.

A l’origine figure une rencontre avec la photographe, chef d’entreprise, et aujourd’hui directrice du Festival des musiques sacrées de Fès (Maroc). «  C’est une ouverture au monde qu’on ne retrouve pas forcément dans d’autres projets purement pédagogiques », se réjouit Djema Noura, la conseillère principale d’établissement dont le chemin a croisé par hasard celui de Catherine Bendayan. Pendant plusieurs semaines, les élèves travaillent autour de leurs propres identités et diversité.

A trois reprises, Catherine Bendayan tient des conférences-débats avec eux. L’objectif est qu’ils puissent présenter le fruit de leur réflexion aux autres élèves une fois tous les aspects du sujet explorés. « Certains ont commencé à rédiger des textes sur leur identité, explique Marine Bossard, professeure d’histoire-géo. Une majorité d’élèves a une double identité. Chaque classe est un melting pot, ça permet de mieux réfléchir aux notions d’identité et de diversité. »

« Je ne pensais pas que ce soit si compliqué de définir l’identité, on croit se connaître, mais l’expliquer est difficile », notent de leur côté des lycéennes à l’entrée de la conférence. Après la découverte de leur propre identité, c’est à celles des autres qu’ils s’attacheront lors de ces ateliers. Face aux plusieurs vies de la photographe, il ne leur est d’ailleurs pas facile d’appréhender ce qui la constitue.

« L’identité est triple, explique-t-elle à un auditoire très attentif. Il y le phénomène de la terre d’où l’on vient, l’appartenance, mais aussi l’identité de coeur, et la langue que l’on parle. » De son identité, Catherine Bendayan passe ensuite aux échanges avec d’autres identités, dévoilant son travail photographique, de ses débuts aux côtés des guerilleros péruviens du Sentier lumineux à ses reportages parmi des peuples aux cultures parfois très différentes. « Il faut savoir se faire accepter, recevoir et donner, leur raconte-t-elle. C’est une partie importante de l’identité, et de la rencontre des identités différentes. »

Les lycéens financent un hôpital au Bénin

L’année dernière, les élèves des lycées Condorcet (Limay) et Lavoisier (Porcheville) avaient participé à une action de solidarité de l’association A’tibo timon, pour aider à rénover une maternité béninoise. Leurs différentes actions ont permis de récolter 1 700 €, dirigés vers la création d’une salle d’accouchement, la rénocation de la salle de repos et la création de toilettes sèches. Cette année, les élèves des deux établissements continuent leur partenariat avec l’association : ils participeront au développement d’un système de microcrédit, toujours au Bénin.

Recrutement : le lycée appelle les parents à l’aide

C’est par un communiqué de presse que les parents d’élèves du lycée Condorcet ont tiré le signal d’alarme. Ils sont d’abord préoccupés par l’absence d’un professeur de physique-chimie, pour laquelle la direction même de l’établissement les a mobilisés. Un parent a même créé une pétition sur internet en guise de protestation.

« Dans deux classes de seconde, ils n’ont pas de professeur de physique-chimie, rapporte Carole Marie-Rose, présidente de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) du lycée limayen. Ils n’ont eu aucun cours dans cette matière depuis le début de l’année. » Elle indique également l’inquiétude des parents sur une professeure de français qui pourrait prochainement partir.

Plus étonnant : la direction du collège a même demandé aux parents de mobiliser leurs réseaux pour recruter un enseignant contractuel. « La direction nous a demandé si nous connaissions des professeurs retraités, des étudiants ou des ingénieurs, s’étonne la déléguée de parents d’élèves. C’est désespéré ! Personne n’accepte d’être recruté, il faut avoir un bac +5 et n’être pas cher payé. »

Cette pénurie de professeurs titulaires et contractuels, en physique-chimie comme dans certaines autres matières, touche d’autres établissements de la vallée de Seine. Les parents et professeurs du lycée Condorcet ont rencontré l’inspection académique des Yvelines en fin de semaine dernière. Cette dernière n’a pu nous répondre dans les délais impartis à la publication de cet article.