Juppé fait salle comble à Poissy

Déjà en campagne au sein des Républicains pour emporter la primaire qui devrait se tenir à droite avant les élections présidentielles, l’ancien premier ministre a pu constater un certain soutien des militants yvelinois, même si les poids lourds du département se sont montrés prudents.

Le maire LR de Bordeaux Alain Juppé était la semaine dernière en tournée, ou plutôt en campagne, dans les Yvelines. Mercredi, après une visite à Chatou, c’est à Poissy que l’édile s’est rendu, d’abord pour une réunion municipale, ensuite pour un meeting politique avec les militants et élus des Républicains.

Le candidat déclaré à la primaire devant théoriquement se tenir à droite avant les élections présidentielles a eu l’occasion de ressentir le soutien dont il dispose dans les Yvelines. Le département compte à droite, par le nombre important de militants et de sympathisants LR. Ces derniers pèseront lourd nationalement dans une éventuelle primaire.

L’hôte de la soirée, le maire de Poissy Karl Olive (LR), assurait que la réunion du soir était « publique et citoyenne », avec la participation des bénévoles de son association Coeur de Poissy. «  Ne nous y trompons pas, ce soir, c’est évidemment une réunion politique », enjoignait cependant dès les premières minutes le député local, David Douillet (LR) aux presque 600 personnes venues au centre de diffusion artistique.

« C’est un homme de parole qui a une stature d’homme d’État, c’est aussi un homme d’engagement et de proximité », a loué le maire de Poissy de son homologue bordelais.
« C’est un homme de parole qui a une stature d’homme d’État, c’est aussi un homme d’engagement et de proximité », a loué le maire de Poissy de son homologue bordelais.

« La primaire est lancée », échangeaient de leur côté en rigolant les jeunes loups des Républicains devant la salle. Alain Juppé a eu beau le nier au début de son discours, son évocation de ce qui ressemblait furieusement à l’ébauche d’un programme présidentiel ne faisait rien pour appuyer cette version.

L’ancien premier ministre de Jacques Chirac a ainsi présenté les trois axes de sa campagne. « Plus de liberté au travail, remettre de l’ordre dans les dépenses publiques, et réussir la mère des réformes, celle de l’Education nationale », prône-t-il. En face, si la foule écoute attentivement, elle ne montre qu’une passion mesurée pour celui dont les qualités ne comprennent pas celle de tribun.

A droite, presque tous les élus sont venus, UDI et Modem compris. Chez les ténors LR yvelinois présents, l’accueil est bon, mais l’attitude prudente concernant ces fameuses primaires. Ni le député David Douillet, ni le président du Sénat Gérard Larcher, ni le président du conseil départemental Pierre Bédier ne se prononcent publiquement en faveur d’un candidat.

« Certains savent qu’ils perdront beaucoup si ce n’est pas untel qui gagne, donc ils s’engagent. D’autres, moins certains de garder leur investiture quelque soit le candidat, ne se mouillent pas », explique un des jeunes loups des Républicains. Ce dernier note aussi quelques absences parmi les élus et militants, soutiens d’un autre candidat et voisin des Hauts-de-Seine, Nicolas Sarkozy.

Morano, la Trump française ?

Son nom était sur toutes les bouches mercredi dernier, lors de la réunion publique d’Alain Juppé. Nadine Morano (LR), elle aussi candidate déclarée à une hypothétique primaire à droite, venait alors d’émettre ses propos sur la « race blanche » en France. Des propos qui sont restés en travers de la gorge de nombreux responsables politiques de son propre parti. Les piques et allusions ont ainsi été nombreuses ce soir-là.

« Elle n’a pas la chevelure de Donald Trump mais elle est dans le même système, s’est emporté à la tribune le président du conseil départemental des Yvelines Pierre Bédier (LR), la comparant au fantasque New yorkais, actuellement en course pour la présidentielle américaine. Le débat sur l’identité est fallacieux, le débat important est celui de l’unité nationale, qui est l’héritage de Clovis, de Bonaparte et du Général de Gaulle. »

Finalement, seul Karl Olive s’engage clairement ce jour-là en faveur d’Alain Juppé. « C’est un homme de parole qui a une stature d’homme d’État, c’est aussi un homme d’engagement et de proximité, loue l’édile pisciacais. Venir écouter les gens, en tenir compte avant de décider,c’est ce en quoi nous nous retrouvons ».

Les militants et sympathisants venus au meeting, eux, semblaient souhaiter d’abord un renouvellement, même s’il passe par un ancien premier ministre. En toile de fond, c’est surtout un rejet de Nicolas Sarkozy qui transparaît.

« Personnellement, j’ai voté Sarkozy deux fois, et pour moi, Sarkozy, c’est fini », s’exclamait ainsi Elisabeth. Pour cette électrice « de droite mais pas encartée » de 62 ans, « Sarkozy ne servira à rien ». Pour l’instant, Juppé semble donc bien placé pour récolter les suffrages des Yvelinois… en attendant la venue de l’ancien président ?

 

POISSY EXPOSE SA VISION DE LA CONCERTATION

Avant son meeting politique, Alain Juppé a assisté à une présentation des dispositifs de concertation mis en place par le maire LR de Poissy Karl Olive depuis son élection l’an dernier.

Alain Juppé a fêté la première année du Conseil de développement économique et social (Codes) pisciacais avec David Douillet (LR) et Karl Olive.
Alain Juppé a fêté la première année du Conseil de développement économique et social (Codes) pisciacais avec David Douillet (LR) et Karl Olive.

A l’origine de la venue du maire LR de Bordeaux figure la création par la majorité LR ayant emporté les élections en 2014 d’un Conseil de développement économique et social (Codes). Très largement inspiré de la structure existant depuis 2008 au sein de la municipalité bordelaise, il rassemble une cinquantaine de volontaires qui ne peuvent être conseillers municipaux.

Avant son rendez-vous avec les militants, Alain Juppé a donc assisté a une présentation du Codes, et fêté sa première année d’existence. Le Codes pisciacais avait d’ailleurs été directement assisté par son homologue bordelais lors de sa création, peu après l’élection de la majorité du nouveau maire Karl Olive (LR).

« Nous avons été un peu présomptueux la première année en choisissant six thèmes de travail, a admis d’emblée Marc Lartigau, son président. Nous allons nous recentrer sur les pistes cyclables, le développement économique et le handicap, et présenterons trois notes avant l’été ».

Face aux critiques exprimées par ses opposants au conseil municipal, et notamment le peu de transmission des propositions du Codes en conseil municipal, le premier magistrat pisciacais ne répond pas, et se montre magnanime : « L’opposition est dans sa posture d’opposante, tout homme qui fait quelque chose s’attire des reproches, je préfère ça à ne rien faire. »

Face aux intervenants, Alain Juppé écoute, et parfois retient certaines initiatives, comme la navette gratuite pour les personnes âgées.
Face aux intervenants, Alain Juppé écoute, et parfois retient certaines initiatives, comme la navette gratuite pour les personnes âgées.

A l’occasion de cette présentation à l’ex-premier ministre, élus et fonctionnaires municipaux ont également évoqué les différents autres dispositifs de communication entre les citoyens et la municipalité. « Nous avons deux axes de communication, le miroir et le service : montrer aux gens ce qu’ils font et améliorer leur quotidien », a résumé Karl Olive.

Des réunions publiques dans un des quartiers chaque mois aux permanences sur les marchés, sans oublier le groupe oecuménique rassemblant les responsables religieux ou la diffusion en streaming vidéo des conseils municipaux, tout y passe et plus encore. En face, Alain Juppé écoute, et parfois retient, à l’image de la présentation de la navette gratuite destinée aux seniors, lancée à la rentrée.

« Ca mérite qu’on copie certaines de vos idées, j’ai noté deux ou trois choses comme la navette bleue, a ainsi fait remarquer l’édile bordelais. Je vais essayer de le vendre à mon adjoint aux Finances, beaucoup de personnes âgées à Bordeaux me disent leurs difficultés à se déplacer ».