Ancienne carrière : promesses non tenues… pour l’instant

Vingt ans après sa fermeture, l’ex-carrière calcaire reste interdite au public, là où élus et industriel avaient annoncé un parc pédagogique. La situation pourrait évoluer prochainement.

Elle a fourni des blocs de calcaire à la cimenterie de Gargenville de 1918 à 1975, avant d’être définitivement fermée à la fin des années 1990 après remblayage. La carrière juziéroise est aujourd’hui une friche légèrement arborée, fermée au public. Une situation très éloignée des promesses faites lors de sa clôture, même si la mairie et le cimentier Calcia préparent actuellement une annonce concernant le site. Située juste à côté de la cimenterie gargenvilloise, et de l’autre côté à moins de 300 m des premiers pavillons juziérois, l’ex-carrière reste inaccessible, clôturée de barbelés. Dans son paysage pour le moins vallonné, les pierres et gravats affleurent sous une mince couche végétale. Les arbres, relativement peu nombreux, paraissent encore bien jeunes malgré vingt années de tranquilité. Le bourdonnement de l’usine de ciment se fait entendre au loin.

Pourtant, en 1998, un tout autre avenir était avancé par les élus et la direction du cimentier, alors que son remblayage touchait à sa fin. Ce plan, bien plus ambitieux que la seule remise en état réglementaire réalisée, théoriquement financé par les collectivités et l’industriel, prévoyait une transformation en espace de promenade et de loisirs. « A l’horizon de l’an 2000, une partie du site sera rendue aux promeneurs », indiquait dans la presse le maire de l’époque, Michel Rémiot (SE).

Alors qu’une nouvelle carrière calcaire est souhaitée par Calcia à Brueil-en-Vexin, cela n’est pas pour rassurer les futurs riverains, dont certains s’opposent farouchement au projet. Ils mettent en cause la communication du cimentier, qui, dans la dernière lettre de présentation, indique un réaménagement final du site en trois zones à « vocation agricole, écologique et d’accueil du public ».

L’ancienne exploitation jouxte la cimenterie de Gargenville, dont le bourdonnement s’entend au loin.
L’ancienne exploitation jouxte la cimenterie de Gargenville, dont le bourdonnement s’entend au loin.

« Ca renforce nos craintes, note ainsi Martine Tellier, membre du bureau de l’association AVL3C, en visite sur le site la semaine dernière. On expliquait qu’on allait réaménager cet espace, et 20 ans après, c’est toujours un no man’s land. » Maire de Juziers de 1995 à 2008, Michel Rémiot conserve de bons souvenirs des relations de la commune avec Calcia. « En fait, ce n’était pas vraiment défini, le dossier est resté en stand by car il y avait d’autres préoccupations à l’époque, se souvient-il aujourd’hui du projet. Il a été perdu de vue, ça n’a jamais vu le jour et la carrière a été plantée d’arbres. »

Contactée par La Gazette, la mairie de Juziers ne souhaite pas commenter la situation pour l’instant, mais communiquera prochainement sur le sujet. Le premier magistrat, Philippe Ferrand (SE), doit d’ailleurs rencontrer les associations brueilloises le 9 novembre prochain. La direction du cimentier Calcia indique également vouloir attendre avant de prochaines annonces. La reconversion aura-t-elle enfin lieu ?

La fusion fait espérer les associations

L’entreprise Calcia est une filiale du groupe italien Italcementi depuis 1992. En juillet dernier, le cimentier allemand HeidelbergCement en a pris le contrôle dans un contexte de consolidation du secteur. L’entité issue de cette fusion est la première au monde pour les agrégats de construction, et numéro deux du ciment.

Les associations engagées dans une lutte contre l’ouverture d’une nouvelle carrière à Brueil-en-Vexin afin de continuer à alimenter la cimenterie gargenvilloise du groupe espèrent que cela leur sera favorable, pour peu qu’ils parviennent à faire renchérir suffisamment l’investissement nécessaire.

« La production de l’usine de Gargenville, c’est 0,3 % du total, expliquait ainsi lors d’une réunion associative Pierre Bellicaud, membre du conseil d’administration des Amis du Vexin. Si l’usine n’est ni performante ni rentable, il n’y aura aucune retenue de leur part à s’en passer. Ces groupes-là ne sont pas là pour faire dans la dentelle. »