Ils ne veulent pas être vendus

Face à la rumeur d’une vente de la concession, jusque-là propriété de Renault, les salariés ont débrayé et demandent à être fixés sur leur sort. Le constructeur reste silencieux.

La concession Renault mantevilloise est directement possédée par Renault retail group, une filiale du géant automobile. Mais la rumeur circule d’une prochaine vente du site, avec ses 110 salariés. Ils étaient une petite quarantaine, la semaine dernière, à engager une grève de 30 minutes à l’appel de la CGT, pour protester contre l’absence d’information de leur direction, et une éventuelle reprise. « Nous sommes les seuls à ne pas être au courant, sauf par des rumeurs ! », s’indigne Victor Goncalves, délégué syndical CGT. Si ce n’est pas la première fois que le bruit court d’une vente de la concession, la direction, qui avait répondu par un démenti, reste cette fois-ci silencieuse. Un nom circule, celui du groupe Schumacher, qui compte une quinzaine de concessions en Île-de-France.

Alors, si les cadres de la concessions, malgré l’incertitude, restent pour l’instant plutôt silencieux, les salariés des ateliers s’inquiètent ouvertement pour leurs conditions de travail. Une reprise signifierait pour eux une régression sensible, avec l’alignement probable sur la convention collective de leur branche : plus de primes ni d’intéressement, et moins de congés… sans compter la réduction de 30 % accordée lors de l’achat d’un véhicule et pour les réparations. « Vu notre paie, ça nous coûterait beaucoup », explique le délégué syndical. Et le nom de l’hypothétique repreneur n’est pas pour les rassurer. « Nous sommes partis il y a un peu plus d’un an du groupe Schumacher à cause des conditions de travail, et nous allons nous y retrouver à nouveau », notent Yoann et Stéphane, de jeunes carrossiers à qui l’ironie de la situation n’a pas échappé.

« Ca fait trois ans qu’on nous dit qu’on va être vendus car on ne gagne pas d’argent, et là on ne nous informe pas ? », proteste Pascal Guinet, un autre délégué du personnel CGT. Lui impute une partie de ces pertes à ce qu’il voit comme un artifice comptable. Le site mantevillois verserait en effet 70 000 € de loyer mensuel à la filiale immobilière de Renault : « On ne peut pas lutter contre ça. » « Notre force sera dans le rapport de force qu’on saura créer », a-t-il prôné face aux grévistes rassemblés devant l’entrée de la concession. La direction du site a renvoyé La Gazette vers le groupe Renault, qui, malgré de multiples sollicitations, n’a pu commenter la situation dans les délais impartis à la publication de cet article.