Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences Po Paris, est intervenu à L’Agora. Il est revenu sur les raisons historiques qui ont donné naissance à des mouvements comme Daesh, à l’origine des attentats du vendredi 13 novembre. Deux classes préparatoires littéraires et trois de terminale ont ainsi assisté à la conférence. Tablettes, ordinateurs ou cahiers, les élèves du lycée Saint-Exupéry s’apprêtent à prendre des notes lors de la conférence de Jean-Pierre Filiu, historien spécialiste de l’islam contemporaine. Sa venue a été programmée dans le cadre du partenariat avec Sciences Po Paris. Avec les événements du 13 novembre, son intervention permet aux jeunes d’obtenir plus d’explications sur la création de groupes terroristes comme Daesh. L’historien résume en une heure et demie, deux siècles de relations internationales entre l’Europe et le monde arabe.
Un des élèves présent lui demande comment Daesh s’y prend pour recruter. « Telle une secte, Daesh s’adapte à ses cibles. Elle demande à chaque nouveau membre de recruter trois personnes comme preuve de leur soutien. Et c’est ainsi que l’on retrouve des jeunes de mêmes villes », explique l’historien. Afin que son message soit bien entendu, Jean-Pierre Filiu raconte une anecdote. « J’étais chez un ami quand soudain un jeune homme est arrivé et a commencé à draguer l’une des jeunes filles présentes. Il ne respecte pas les principes de Daesh puisqu’il fait le fanfaron pour impressionner la demoiselle. Certains y entrent juste pour se mettre en avant », conclut avec une pointe d’amertume l’historien.
Les anecdotes finies, les lycéens posent plusieurs questions. Jean-Pierre Filiu reste clair, « la résistance a plusieurs formes. Il faut garder son sang-froid, respecter la discipline et continuer à vivre. Vous n’aurez donc pas à prendre les armes., du moins je vous le souhaite. On va devoir cependant apprendre à vivre avec cette menace. Le terrorisme existera toujours ». Les jeunes reconnaissent que face au professeur universitaire « la timidité a pris le pas » et qu’ils n’ont pas osé poser certaines questions. « De nombreux points ont été éclaircis. Il n’a pas été que théorique et a su être très global », confie l’une des jeunes qui suit le programme de préparation pour intégrer Sciences Po. Un tonnerre d’applaudissement a conclu la rencontre.