« On risque la prison ou l’exécution »

Les températures hivernales ont commencé à faire leur apparition pour autant, la question de l’hébergement des réfugiés tibétains reste en suspend. En effet, une cinquantaine d’entre-eux dorment toujours sous des tentes, dans le bois de Conflans-Sainte-Honorine. Quelques-uns ont décidé de raconter leur quotidien.

Entre les bords de Seine et un champ cultivé, un petit chemin boueux permet d’arriver aux abris de fortunes. Sur place, une cinquantaine de Tibétains a trouvé refuge dans des tentes, disposées en lisière de bois. Débarqué depuis deux mois, Phorbu-Tsering a 34 ans. Il a quitté le Tibet après avoir protester contre la présence chinoise. « On ne peux pas retourner au Tibet car on risque la prison ou l’exécution », explique-t-il. Aujourd’hui, son quotidien se déroule dans le bois de Conflans-Sainte-Honorine. Il dort dans une des dizaines de tentes plantées là en attendant qu’une solution pérenne puisse être trouvée.

La période automnale et les premières températures hivernales ont rendu les conditions de vie plus compliquées. Tous sont unanimes. « La nuit, il commence à faire froid, annonce Phorbu-Tsering. Lorsqu’il pleut, nos vêtements et nos chaussures sont mouillés, tout est humide ». Arrivé depuis un mois, Tenpai Nyedak a 43 ans. Son périple s’est déroulé à pied, à travers l’himalaya, pour rejoindre la capitale népalaise Katmandou. Il a gagné l’Inde puis Paris. Aujourd’hui, il vit sans nourriture, ni eau potable. Sa survie, il la doit, comme ses compagnons de fortune, à la péniche Je sers.

Tenpai Nyedak est arrivé en France début novembre. Il est venu à Conflans-Sainte-Honorine car il a « entendu dire qu'on pouvait l'aider ».
Tenpai Nyedak est arrivé en France début novembre. Il est venu à Conflans-Sainte-Honorine car il a « entendu dire qu’on pouvait l’aider ».

Situé de l’autre côté de la Seine, le bâteau leur permet d’avoir un peu de réconfort. « On les accueille la journée pour qu’ils puissent rester au chaud, prendre une douche et manger un peu, raconte Hugues Fresneau, directeur de l’établissement. C’est en train de devenir une solution pérenne alors qu’on n’est pas du tout qualifié pour cela ». « J’espère que le Tibet deviendra libre sinon je n’ai aucune chance de pouvoir y revivre un jour », avoue Tenpai Nyedak, qui a laissé son fils de cinq mois à Dharamsala, en Inde. De son côté, Sonam, 41 ans, préfère se tourner vers son avenir en France, même s’il reste très indécis : « Nous ne savons pas si un jour, nous aurons un travail ».

Loin de cette question d’intégration, les autorités pataugent déjà dans celle de l’hébergement d’urgence. La préfecture des Yvelines et la municipalité de la ville s’étaient engagées à proposer une solution avant le début de l’hiver. La période entamée, aucune n’a été mise sur la table. Sur ce sujet, la préfecture a invoqué son droit de réserve : « Nous ne pouvons pas répondre à ce type de question car nous sommes en période de réserve ». De son côté, la municipalité a indiqué que le maire poursuivait « ses initiatives avec la préfecture », sans donner davantage de précisions. Tout reste donc encore à faire.