LNPN : les agriculteurs s’invitent à la concertation

Le projet de Ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN) inquiète les exploitants. Ils ont dénoncé la consommation des terres agricoles lors d’une réunion de concertation de SNCF Réseau.

La première partie du projet de Ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN) doit, en 2030, relier Rouen et Yvetot d’une part, Paris et Evreux via Mantes-la-Jolie d’autre part, en permettant des vitesses de 250 km/h. Une seconde phase de concertation est en cours pour ce projet de voie ferrée estimé à cinq milliards d’euros. Les agriculteurs se sont rendus en nombre à la réunion francilienne.

Le couloir de 6 à 10 km de large, ébauche du futur tracé, a été très discuté ce soir-là. Crédit : SNCF réseau.
Le couloir de 6 à 10 km de large, ébauche du futur tracé, a été très discuté ce soir-là. Crédit : SNCF réseau.

Ce soir-là devant la maison des associations mantaise, Philippe Maurice, exploitant céréalier et représentant syndical agricole de la FDSEA, ne décolère pas : « Après les projets routiers ou de carrières, encore un qui va impacter l’agriculture en vallée de Seine. Ce sont encore des hectares qui partent en fumée. Pourtant, sans agriculteurs, il n’y a pas de ruralité. »

Si les agriculteurs ont déployé banderole devant la réunion, ils ont aussi répondu présent à l’invitation des responsables de SNCF Réseau pour y participer, s’ajoutant à la quarantaine de présents, riverains du projet et usagers du train. A plusieurs reprises, les participants émettent la proposition, écoutée et notée, de rénover les voies existantes, dont SNCF Réseau reconnaît d’ailleurs la vétusté.

Cette réunion s’est déroulée en petits groupes, rassemblés autour de cartes où figure une ébauche du futur tracé.
Cette réunion s’est déroulée en petits groupes, rassemblés autour de cartes permettant d’y placer les commentaires des participants.

Contrairement à l’habitude, cette réunion de concertation s’est déroulée en petits groupes, rassemblés autour de cartes où figure un couloir de 6 à 10 km de large, ébauche du futur tracé. Accompagnée d’un représentant du projet, chaque tablée pouvait déposer des commentaires, ensuite intégrés à la carte interactive commentable figurant sur carticipe.lnpn.fr. « Nous avons choisi une forme un peu innovante, pour donner à voir notre volonté de travailler en concertation », commente Emmanuèle Saura, chef du projet LNPN.

Elle assure par ailleurs de la prise en compte de la question des terres agricoles, tout en indiquant la nécessité « que ce soit soutenable économiquement ». Les agriculteurs, eux, restent très sceptiques : ils attendent de voir l’évolution du projet, et les premières propositions fines des tracés qui seront présentées à Mantes-la-Jolie dans six mois.

Les citoyens meilleurs élèves que leurs élus

Il est à noter que la participation citoyenne à cette nouvelle phase de concertation semble bien supérieure à celle de leurs représentants élus, du moins en vallée de Seine. En effet, en septembre, SNCF Réseau avait invité à une réunion d’échanges 70 maires, ainsi que les présidents des intercommunalités et du conseil départemental. Seuls sept élus et fonctionnaires de ces collectivités ont cependant répondu présent. Les responsables du projet n’ont pas caché leur déception à ce propos.

Pierre Bédier opposé à toute expropriation agricole

Lors du dernier conseil départemental des Yvelines, son président mantais, Pierre Bédier (LR), s’est vigoureusement opposé à toute expropriation de terres agricoles pour le passage des voies de la Ligne nouvelle Paris Normandis (LNPN). Il demande à SNCF Réseau la mise en place d’un contournement de Mantes-la-Jolie, ainsi que « l’intégration de la contrainte agricole comme un élément de décision fondamental pour le choix du tracé ». Il n’a cependant pas formulé de telles exigences lorsqu’au même conseil, la majorité départementale a débloqué d’importants financements pour les projets de RER E (ex-Eole) et de Tangentielle grand Ouest (TGO).