Réfugiés plutôt que sans-abris

Les Tibétains vivant dans des tentes en bord de Seine ont été relogés temporairement à l’hôtel par la préfecture, qui cherche une solution plus pérenne : accélérer leur obtention du statut de réfugié.

Depuis plusieurs mois, ils étaient quelques dizaines de Tibétains à dormir dehors, dans les bois des berges de Seine. La promesse de la préfecture des Yvelines de les loger avant l’hiver était restée jusque-là lettre morte, malgré la mobilisation des associations comme des élus. Leur calvaire a pris fin il y a une douzaine de jours avec leur relogement temporaire à l’hôtel, qui doit être suivi d’une intégration dans le dispositif destiné aux réfugiés syriens et irakiens.

Manifestation, courriers d’élus, alertes et articles de presse : la présence de nombreux Tibétains fuyant leur pays sous administration chinoise agite la confluence depuis plus d’un an. Si la majorité d’entre eux sont hébergés par l’association La pierre blanche, l’afflux est trop important et certains se sont trouvés à dormir dehors, sous le pont en 2014 (avant d’être hébergés par la mairie conflanaise dans une salle aujourd’hui démolie, Ndlr), et dans les bois cette année. « Sur le territoire [français], ils ne sont pas très nombreux, mais ils sont principalement localisés sur la zone de la confluence, soit un peu plus de deux cents réfugiés entre Andrésy et Conflans », explique le maire conflanais Laurent Brosse (LR), satisfait d’un relogement qu’il demandait depuis plusieurs mois.

« Ca permet de régler le problème le plus urgent, à savoir héberger la totalité des garçons qui se trouvaient sous des tentes de l’autre côté de la Seine, ainsi que quelques filles que nous hébergeons actuellement, détaille Hugues Fresneau, directeur de la péniche de La pierre blanche, Je sers. Mais ça ne règle pas tout le problème. » Les 51 sans-abris tibétains sont relogés dans trois hôtels pour un mois à un mois et demi. « Nous les y mettons le temps nécessaire pour installer une solution pérenne, indique Stéphane Grauvogel, le sous-préfet de Saint-Germain-en-Laye. L’idée est de les intégrer dans le dispositif mis en place avec les migrants venant de Syrie et d’Irak. Nous voulions le faire plus tôt mais d’autres priorités se sont ajoutées (la crise des migrants et l’État d’urgence, Ndlr). »

Cette intégration comme demandeurs d’asile doit leur permettre d’être hébergés, avant d’obtenir le statut de réfugiés : « Il n’y a pas d’exception pour les Tibétains » compte tenu des menaces qui pèsent sur eux en Chine. Après l’hôtel, les 51 relogés devraient donc pouvoir dormir au monastère de Bonnelles, récemment réaménagé pour accueillir des demandeurs d’asile. Une fois réfugiés, ils pourraient alors travailler et bénéficier des mêmes aides que n’importe quel habitant du territoire français. La préfecture des Yvelines travaille à la mise en place d’un dispositif permanent afin de pouvoir rapidement inscrire comme demandeurs d’asile les Tibétains qui continuent d’arriver. La communauté conflanaise est en effet l’une des plus importantes du pays, un fait connu jusqu’au Tibet.

« L’idée est qu’il y ait un premier accueil au niveau de La pierre blanche et des autres associations, et qu’ils fassent leur demande d’asile dès leur arrivée, déclare Stéphane Grauvogel. Si nous sommes bien organisés, nous pouvons éviter que se reconstituent des tentes en forêt, avec des conditions sanitaires déplorables. »