Comment réduire les dangers des circuits des ripeurs ?

Suite à une réunion entre habitants et élus, le 5 décembre dernier à Jambville, l’un des problèmes soulevés a concerné le circuit des ripeurs, les éboueurs travaillant à l’arrière d’une benne.

Alors que la réunion portait sur le bilan annuel des travaux dans la ville, l’adjointe au maire a soudainement soulevé le problème des camions poubelles et de l’augmentation des accidents mortels dans ce corps de métier. « Nous avons reçu un courrier de la Cramif, caisse régionale d’assurance d’Ile-de-France, expliquant que la marche arrière des camions peut coûter la vie aux ripeurs, et que leur mutuelle augmente. Le problème est national cependant on nous demande de réfléchir à des solutions au sein de chaque commune », précise Jean-Marie Ripart (SE), maire de Jambville.

Face à un tel problème, le maire explique qu’il souhaite mettre en place des conteneurs par famille qui occupe une rue à sens unique. « Les conteneurs ne doivent pas gâcher le paysage et il faut penser aux problèmes d’odeur », s’insurge l’un des habitants. « Entre un mort et un conteneur, Monsieur, le choix est rapide », s’exclame le maire. En effet, « les ripeurs n’ont plus le droit de reculer, cela a un impact au niveau national », explique Didier Gabriel, vice-président de Smirtom, syndicats mixte de ramassage et de traitement des ordures ménagères dans le Vexin, qui regroupe actuellement 84 communes réparties dans le Val d’Oise et les Yvelines.

Les ripeurs mettent leur corps à rude épreuve dans leur métier et parfois, il s’agit de leur vie. Tout ceci pourrait être diminué voir évité et en même temps réduirait les coûts pour les mutuelles. Selon un calcul fait par les assurances maladies, sur les sinistres en Ile-de-France de 2010 à 2013, le coût s’élève à 4 017 euros par personnes : 51 % d’indemnités journalières, 34 % des rentes suite aux accidents du travail graves ou mortels, et les 17 % en frais médicaux, hospitaliers et pharmaceutiques.

Etre ripeur est mettre son corps à rude épreuve.
Etre ripeur est mettre son corps à rude épreuve.

« Tous ces accidents sont liés à des points noirs que nous essayons de répertorier avec l’aide des entreprises de ramassage comme Sepur », confie Didier Gabriel. Effectivement, un travail avec tous les acteurs est nécessaire. « Nous sollicitons les collectivités pour supprimer ou du moins amoindrir ces points noirs en changeant les heures de passage ou le sens du circuit », précise Bernard Heyd, directeur commercial des collectivités de Sepur. A l’origine de toutes ces études : la Cramif qui souhaite diminuer les accidents et les frais.

Il existe une liste de recommandations par l’institut national de recherche et de sécurité : la R437, publiée en février 2009. Le paragraphe 2,5 évoque l’aménagement de l’espace urbain. « Le donneur d’ordres doit prendre en compte les exigences liées aux opérations de collecte et prévoir : des voies de circulation conçues avec des chaussées lourdes et suffisamment larges pour faciliter le passage. Pour les chaussées existantes ne répondant pas à ces critères, la création de point de regroupement pour les conteneurs doit être envisagée des espaces suffisants, notamment en parking, pour que le stationnement des riverains n’empiète pas sur les voies de circulation ; des zones de demi-tour permettant au véhicule de collecte de ne pas faire de marche arrière […]. »

Face à ces points, les communes se mobilisent de plus en plus. « Nous sommes consultés lorsque de nouvelles résidences sont construites pour être sûr de l’accès aux locaux pour nos employés », poursuit Bernard Heyd. Cependant pour aménager au mieux les parcours, les coûts budgétaires restent le nerf de la guerre. « Nous devons voir cela au coup par coup. Nous avons conscience que la Cramif Ile-de-France nous a sollicité pour être un territoire test. Cependant aucune aide financière existe et les communes doivent affronter ses aménagements seules », conclut Didier Gabriel.

Crédit photo : One Work-Kévin B// wikipédia/the Creative Commons Attribution