Fibre optique : le très pressant besoin des chefs d’entreprise

Les patrons de la vallée de Seine n’ont pas fait mystère de leur impatience face à Covage, venu présenter le lancement de son très haut débit pour les zones d’activité yvelinoises.

Ils étaient là pour comprendre quel opérateur choisir en fonction de leur besoins. Les chefs d’entreprise yvelinois présents la semaine dernière à Mantes-la-Jolie, pour une présentation faite par l’opérateur intermédiaire Covage, ont finalement surtout exprimé l’urgence de plus en plus pressante pour eux de pouvoir passer au très haut débit par fibre optique face à des besoins qui explosent.

En 2009, le conseil départemental choisissait Eiffage pour gérer un réseau très haut débit par fibre optique desservant les 118 zones d’activité économiques (ZAE) des Yvelines. Mais, si Eiffage construit partiellement le réseau, il le vend à des tarifs prohibitifs. En 2014, le Département casse le contrat, paie 15,3 millions d’euros et récupère la fibre optique, aujourd’hui gérée en régie.

Depuis octobre, l’opérateur de gros Covage est chargé de la gestion des équipements de part et d’autre de la fibre, et donc de la commercialisation des forfaits d’accès auprès des opérateurs de détail en contact avec le client. La réunion de la semaine dernière était destinée tant à expliquer les subtilités de ces relations, ainsi qu’à renseigner les futurs clients des 68 ZAE aujourd’hui desservies.

« Nous sommes dans le commerce et avons besoin d’internet en permanence, explique Francis Salaun, représentant d’une quinzaine d’entreprises de la zone des Cettons, à Chanteloup-les-Vignes. Plein de sociétés se trouvent freinées dans leur développement, les volumes de données augmentent, et des solutions en ligne se développent mais nous ne pouvons pas les adopter. »

Alors, face à cette impatience manifeste, Pierre Corpechot, directeur de concession chez Covage, s’est voulu rassurant tant au niveau des tarifs proposés aux PME et TPE (voir encadré), que des prestations de débit ou des délais de branchement de huit à douze semaines. « Dès que vous avez des coûts télécom supérieurs à 150 € par mois, ça vaut le coup de passer à la fibre optique », a-t-il plaidé face à des patrons déjà largement convaincus.

Le couac du lancement bientôt résolu

L’offre de Covage a été lancée en octobre suite au contrat passé avec la régie du conseil départemental (qui gère la fibre optique elle-même, Ndlr). Mais aucun client n’a été raccordé à ce jour, la faute à une petite lenteur au démarrage. Le problème devrait être résolu d’ici deux semaines pour la grande majorité des 20 clients ayant souscrit les premières semaines, ont assuré Covage et la responsable du Département.

Alors, pour ces chefs d’entreprise, dont certains étaient présents, la patience, déjà poussée à bout avec l’épisode Eiffage, touche à ses limites. « Il y a eu un problème de process entre la régie et nous […] nous sommes en situation de crise pour que ça se fasse dans les jours à venir, nous avons conscience que des clients ont résilié leurs contrats précédents », a promis Pierre Corpechot, directeur de concession chez Covage, avec une transparence manifestement appréciée dans la salle.

L’impénétrable maquis des opérateurs et des tarifs

Si, à la réunion organisée en partenariat avec le BGE d’Epône, un groupement de chefs d’entreprise, c’est Covage qui était présent, cet opérateur de gros n’est normalement pas l’interlocuteur des sociétés. Ces dernières doivent choisir leur forfait parmi les clients de Covage que sont plusieurs dizaines d’opérateurs de détail.

Et c’est alors que les choses se compliquent. « Je me suis adressé à une entreprise qui a fait des consultations, et il y a quand même des écarts de un à quatre en ce qui concerne les tarifs mensuels, indique ainsi l’un des patrons présents. Je ne vois pas comment on peut s’en sortir, sauf à avoir beaucoup de temps, il est dommage qu’il n’y ait pas de cahier des charges, de label. Là, on peut se faire enfumer. »

« Nous avons le même tarif pour tous les opérateurs. Nous vendons quelque chose qui est brut et sur lequel on s’engage, après, les opérateurs vendent un peu ce qu’ils veulent, explique alors Pierre Corpechot, directeur de concession chez Covage. La clé est de négocier, chacun veut l’affaire : qu’il donne les meilleures garanties techniques ou de service. »

Les TPE, premières inquiètes des tarifs du très haut débit après la douloureuse expérience Eiffage, peuvent notamment bénéficier d’un tarif raisonnable pour l’offre TPE Access, et même d’un demi-tarif lorsqu’elles ont moins de six salariés. Mais ce tarif est celui de Covage, et nombre d’opérateurs de détail se gardent bien d’en informer les clients ou de répercuter ces prix plus doux.

Mise à jour, 19 mai 2015 : Une précédente version de cet article indiquait que le conseil départemental des Yvelines avait dédommagé Eiffage à hauteur de 10,7 millions d’euros.