Le harcèlement scolaire : un sujet qui ne doit pas rester tabou

Avec le tournage du téléfilm « Manon, 13 ans pour toujours », tourné dans le département, les Yvelinois ont pu se questionner de nouveau sur les dangers du harcèlement scolaire.

De la fin janvier jusqu’à la mi-février, les Yvelines ont été le décor du téléfilm « Manon, 13 ans pour toujours » de Bourlem Guerdjou. Tiré du livre écrit et paru en janvier 2015, par la mère de Manon, Norah Fraisse, l’histoire raconte le harcèlement de Manon. Bonne élève, elle ne supportait plus l’attitude désinvolte de ses camarades. Ces derniers ont cru qu’elle se rangeait du côté des professeurs. En peu de temps, ils ont commencé à se moquer d’elle, à l’insulter. Face au harcèlement, Manon a changé pour se rapprocher de ses amis, se fondre dans la masse. Un échec : ses notes ont baissé. Incomprise et dans une impasse totale, la jeune fille se pend. Ce fait-divers soulève d’énormes questions : le rôle des éducateurs, des camarades, du dialogue entre la famille, etc.

Au niveau national, la vallée de Seine n’est pas épargnée par le harcèlement scolaire. « Les chiffres des Yvelines restent cohérents avec les enquêtes de victimisations nationales réalisées par la délégation ministérielle de prévention et de lutte contre la violence en milieu scolaire : entre 8 et 10 % au collège et entre 3 et 4% au lycée avec une vigilance particulière sur le premier degré », confie la direction des services de l’éducation nationale des Yvelines (DSDEN78) qui n’a pas souhaité donner de chiffres plus précis concernant certaines villes comme Poissy, Mantes-la-Jolie, ou encore Chanteloup-les-Vignes. « Le problème avec le harcèlement scolaire est le lieu : dans l’école, les choses ne nous sont pas forcément dites, confie Catherine Arenou, maire (DVD) de Chanteloup-les-Vignes. Nous travaillons avec l’éducation nationale mais le harcèlement scolaire reste compliqué : les enfants s’enferment dans le silence. Il touche tout le monde cependant ici, avec les difficultés que peuvent rencontrer certains jeunes, ils sont plus aptes à se défendre. Et la politique de notre ville dans l’éducation des jeunes est telle que nous pouvons peut-être trouver plus facilement d’où vient le harcèlement. »

En effet, Youssef Dkhil, animateur au club 11/17 de Chanteloup-les-Vignes, travaille depuis vingt ans avec les enfants. Il décèle plus facilement des changements dans le comportement. « Une jeune fille du club avait subi un harcèlement scolaire. En arrivant ici, elle nous a demandé de faire une vidéo pour traiter de sujet afin de prévenir les autres élèves de ce danger. Avec nous, les jeunes ont parfois plus de facilité pour parler de leurs problèmes, ils ont moins honte qu’avec leurs parents. Et il est nécessaire qu’ils puissent en parler à un adulte », explique Youssef Dkhil. Si certains élèves ont été mis à l’écart par leurs camarades de classe depuis la création des écoles, le phénomène s’arrêtait à l’école. Actuellement, les enfants continuent d’être moqués et harcelés dans leur propre maison via les réseaux sociaux, les emails, les textos, etc.

La nouvelle technologie n’a pas eu que des effets positifs et les réseaux sociaux peuvent être utilisés de manière perverse. « Ils nécessitent une vigilance différente qui concerne en premier lieu les parents et une sensibilisation spécifique à la maîtrise de l’usage du numérique. Une prévention autour du cyberharcèlement est effectuée dans le cadre des Comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté des établissements scolaires », précise la DSDEN78.

Les professeurs sont de plus en plus préparés à ce genre de situation et des protocoles précis pour prendre en charge cette situation. « En liaison avec les conseils de la vie lycéenne du département, des ambassadeurs lycéens ont été formés et ont vocation à apporter leur témoignage au sein des structures éducatives et auprès de leur pairs, afin d’effectuer une sensibilisation au sujet », rappelle la DSDEN78. Les enfants ont encore beaucoup de mal à se confier à leurs proches et les parents se sentent désarmés. En cas de difficulté, ils peuvent appeler la plateforme nationale, le 3020, qui enverra le dossier aux référents départementaux de leur académie.