L’on a peine à imaginer sous les eaux la centrale thermique EDF de Porcheville, une bonne partie des nouveaux quartiers des bords de Seine de Carrières-sous-Poissy ou de Mantes-la-Jolie, mais aussi la quasi-totalité de l’usine PSA Peugeot Citroën de Poissy ou du site Airbus des Mureaux… sans oublier toutes les îles et la grande majorité du territoire achérois. C’est pourtant ce qui se passerait si une crue comparable à celle de 1910 se produit à nouveau.
Afin de tester la réaction des secours en cas d’épisode de crue dite « centennale » car se produisant en moyenne une fois tous les 100 ans, un exercice européen de très grande ampleur, Sequana, est mené en Île-de-France, depuis lundi dernier jusqu’au vendredi 18 mars. La crue fictive atteindra son plus haut niveau, équivalent à celui connu en 1910, pendant le week-end des 12 et 13 mars.
L’exercice associe Etat, collectivités locales, entreprises et militaires, ainsi qu’une centaine de personnes d’autres pays européens. Dans le département, 57 communes seraient concernées par une telle crue, toutes en vallée de Seine ou à proximité. La dernière estimation disponible, datant de 2004, avance le nombre de 6 900 ha inondés dans les Yvelines, touchant directement pas loin de 50 000 habitants.
En vallée de Seine, deux endroits sont particulièrement vulnérables, constituant une zone naturelle d’expansion des crues : Les Mureaux, ainsi que la plaine d’Achères, qui sont par ailleurs des zones économiques parmi les plus importantes du département. Dans les Yvelines, les dégâts seraient sans comparaison possible par rapport à 1910, les rives du fleuve ayant beaucoup changé depuis.
« Les zones inondables non urbanisées se sont sensiblement réduites, indiquait ainsi en 2007 la notice de présentation du Plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) de la vallée de la Seine et de l’Oise. L’imperméabilisation des sols par l’urbanisation s’est considérablement accrue depuis cent ans. »
Il y est également rappelé que les quatre barrages réservoirs créés au XXème siècle en amont de Paris « ont des effets bénéfiques sur les crues petites et moyennes » avec leur capacité totale de 770 millions de mètres cubes. Mais leur efficacité serait « très limitée » face à une crue centennale, celle de 1910 ayant produit l’écoulement de sept milliards de mètres cubes d’eau.
Exercice de dépollution au port de Limay
Le port industriel limayen, géré par Ports de Paris, participe pleinement à l’exercice Sequana. Samedi 12 mars de 13 h à 19 h, plusieurs exercices de sécurisation de sites sensibles y seront menés, ainsi que des opérations de récupération de polluant fictif, et d’autres en situations dites « NRBC » (nucléaire, radiologique, biologique et chimique, Ndlr).
Comment les communes surveillent le fleuve ?
Si la surveillance des crues est du ressort de l’Etat, les communes sont nombreuses à avoir mis en place une surveillance de la Seine, à l’instar de Poissy. A partir de 19 m de hauteur d’eau par rapport au niveau de la mer, différents points de repère, comme à l’île de Migneaux ou sur les berges , sont mesurés chaque jour. Lorsque le fleuve dépasse 20 m, une pré-alerte est déclenchée pour préparer une évacuation si la montée continue. La dernière crue de grande ampleur, en 2001, avait atteint 22,40 m.
Vallée de Seine
Quelles villes seraient les plus touchées ?
Selon les données rassemblées par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) d’Île-de-France à partir des plans de prévention des risques d’inondation, une crue identique à celle de 1910 inonderait les habitations de presque 50 000 Yvelinois en vallée de Seine. Parmi les 57 communes concernées, celle dont le risque est le plus fort est Achères, très loin devant les autres.
Achères : 12 268 habitants – 624 ha (66 %) inondés.
Les Mureaux : 3 531 habitants – 242 ha (20 %) inondés.
Andrésy : 2 695 habitants – 181 ha (26 %) inondés.
Meulan-en-Yvelines : 1 925 habitants – 149 ha (43 %) inondés.
Conflans-Sainte-Honorine : 1 782 habitants – 156 ha (16 %) inondés.