Accouchements physiologiques : naissance d’une évolution sociétale

Cette année marque le début d'une expérimentation du ministère de la santé sur neuf maisons de naissance, ces espaces dédiés à l'accouchement sans hospitalisation. Aujourd'hui, qu'en est-il de la pratique de l'accouchement en vallée de Seine ?

Donner naissance à la maison, dans l’eau ou à l’hôpital, telle est la question que se posent les futurs parents. Si le choix personnel est un facteur important dans la prise de décision, l’offre proposée au sein de chaque département peut être déterminante. Dans ce domaine spécifique de la santé, l’inégalité territoriale est aussi de mise : la pluralité des services proposés est différente selon les villes et les établissements.

En vallée de Seine, très peu de sages-femmes pratiquent l’accouchement à domicile. En cause notamment, l’extrême difficulté pour elles de pouvoir s’assurer sans que le coût ne soit exorbitant. Egalement, la pratique ne s’est pas généralisée car beaucoup de femmes souhaitent un accouchement moins médicalisé tout en bénéficiant de services hospitaliers en cas de problème soudain.

Pour autant, l’augmentation des accouchements à domicile observée voici plusieurs années a poussé les professionnels de santé à réfléchir sur leurs pratiques. « Un créneau a été ouvert en réponse à l’hypermédicalisation, observe Jacques Godard, chef du service de gynécologie-obstétrique au centre hospitalier François Quesnay de Mantes-la-Jolie. Aujourd’hui, les femmes veulent un moment de quiétude où l’on retire l’agressivité médicale : une zone d’intimité. L’évidence est de proposer aux patientes un accouchement moins médicalisé ».

Fin mars, le docteur Godard doit rendre un projet de service qui s’inscrira lui-même dans un projet de territoire. Il s’agit de définir les orientations à venir pour répondre aux attentes de la population. « La grosse tare d’un hôpital est son côté très technique. Il a tendance à supprimer la personnalité, avoue-t-il. On essaye de raisonner autrement. On réfléchit notamment à une salle de pré-travail isolée et à des zones d’accueil excentrées pour les familles ».

Pour aider les futures mamans dans leur accouchement physiologique, préservant le rythme et le déroulement spontanés du travail, de l’expulsion et de la délivrance, certains établissements de santé se dotent de salle nature. Cet espace cosy favorise la variété de positions grâce à divers accessoires : grand lit, baignoires, ballons gonflables, suspensions et coussins.

En vallée de Seine, aucune maternité ne s’en est dotée mais toutes ont des accessoires comme des ballons gonflables et des coussins. Certains ont des baignoires de pré-travail à l’image du Centre hospitalier intercommunal Meulan-Les Mureaux (Chimm) et de la clinique Saint-Louis de Poissy.

« Les mamans ne veulent plus être des numéros. On les oriente vers un suivi gynécologique à la clinique ou avec une sage-femme libérale et la personne alors choisie procède à l’accouchement », constate Virginie Merlin, référente materniteam. Ce concept permet d’apporter un suivi adapté à chaque femme. « Aujourd’hui, les femmes savent exactement ce qu’elles veulent et ont parfois un projet de naissance très précis», précise-t-elle.

Du côté du Centre hospitalier intercommunal Poissy-Saint-Germain-en-Laye (Chips) et du Chimm, la prise en charge des mamans est adaptée en fonction de leur projet de naissance. Si l’unité kangourou du Chips développe la relation parents-enfants lors de l’étape post-accouchement (voir La Gazette du 24 février), le Chimm met un point d’honneur à proposer un accouchement qui soit le plus fidèle possible aux attentes des parents.

« Toutes nos sages-femmes ont été formées à la méthode De Gasquet sur les différentes positions d’accouchement, précise Anne Georg, cadre sage-femme de l’unité gynéco-obstétrique du Chimm. Les femmes veulent qu’on leur explique ce que l’on fait, elles souhaitent être écoutées et rassurées. On apprend de plus en plus à ne pas intervenir ». Une stratégie payante puisque l’établissement a enregistré un taux d’épisiotomie de 6 % en 2015 quand la moyenne nationale était de 30 % en 2013 (selon une étude du Ciane) sans compter un taux d’hémorragie divisé par trois en l’espace de trois ans.